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RDC : incertitude et rupture humanitaire menacent en dépit d'une trêve prolongée avec le M23 (REPORTAGE)

Par : 梁辰 |  Mots clés : RDC,M23,Militaire
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-07-2024
Agence de presse Xinhua | 23. 07. 2024

L'incertitude et une rupture humanitaire menacent dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en dépit d'une trêve prolongée jusqu'au 3 août prochain entre les militaires congolais et la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), qui contrôle près d'une centaine de villages dans la province du Nord-Kivu (est). Kinshasa accuse le M23 d'avoir agi contre les civils pendant la trêve.


UNE TRÊVE PROLONGÉE


A deux jours de la fin de la trêve humanitaire de deux semaines, initialement prévue pour vendredi dernier, la RDC et le M23 ont convenu une prolongation de 15 jours pour permettre le retour volontaire des personnes déplacées et le libre accès des humanitaires aux populations vulnérables.

En réaction, le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya a condamné jeudi dernier, la veille du jour prévu pour la fin de la trêve, les agissements du M23 pendant la période de la trêve humanitaire tout en rappelant que "l'objectif du gouvernement n'était pas que la trêve soit respectée, l'objectif pour nous, c'est de parvenir à la paix".

Selon la patronne de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, lors de son premier point-presse début juillet, la RDC s'engage à poursuivre des efforts diplomatiques pendant et après sa trêve humanitaire avec le M23, ressurgi fin 2021 après sa défaite en 2013.

Cette trêve constitue "un chemin tracé pour le retour de la paix" dans la partie est du pays, en proie aux violences depuis des décennies, a souligné la cheffe de la diplomatie de la RDC, assurant que la protection de la population du pays restait "la première priorité" de son mandat.

"Une trêve ne veut pas dire que nous ne sommes pas vigilants", a-t-elle expliqué, promettant des efforts diplomatiques qui "continueraient pendant et après cette trêve" et une "solution durable" pour faire revenir la paix, notamment perturbée par l'avancée des rebelles du M23, accusés par les autorités d'être appuyés militairement par le Rwanda, qui a néanmoins rejeté cette accusation.


RUPTURE HUMANITAIRE


Cette prolongation intervient au moment où des combats ont été signalés entre les militaires congolais et le M23 au village de Bweremana dans le territoire de Masisi du Nord-Kivu où plusieurs bombes larguées ont tué des civils pendant la première phase de la trêve.

Les militaires congolais avaient accusé, le 11 juillet, le M23 d'avoir violé cette trêve et dénoncé leur "attitude belliqueuse légendaire à vouloir maintenir les populations déplacées dans des conditions atroces en les privant (...) de l'accès à l'aide humanitaire".

Au camp de déplacés de Mugunga, situé autour de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, les queues sont longues devant le point des distributions alimentaires. A l'issue des 15 premiers jours de la trêve, les déplacés disent n'avoir jamais été assistés.

"Nous avons entendu parler de la trêve, mais nous ne voyons aucune importance de celle-ci. (Bien) qu'ils aient instauré le cessez-le-feu, le M23 continue ses attaques. Ils nous tuent même pendant cette trêve", a déploré à Xinhua Birichera Samuel, père de six enfants, déplacé depuis janvier dernier par la guerre.

Henry Pacifique Mayala, coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, un institut de recherche qui documente les violences dans l'est de la RDC, a estimé qu'il était important que cette mesure soit de rigueur, que les sanctions frappent les récalcitrants.

"On accorderait à cette trêve humanitaire un peu plus de ressources auxquelles je fais allusion en termes de monitoring. (...) Et donc il faudra agir, car on a trop agi par la carotte, il faudra agir maintenant avec le bâton", a-t-il expliqué.

En séjour dans la ville de Beni, toujours dans le Nord-Kivu, le général Ychaligonza Nduru, chef d'état-major général adjoint en charge des opérations et renseignements des armées congolaises, a souligné récemment que les armées congolaises se préparaient à récupérer toutes les zones actuellement occupées par le M23 dans les jours à venir.

Les autorités militaires ont également souligné que plusieurs éléments des armées envoyées en renfort depuis la ville de Kisangani dans la Tshopo étaient arrivés dans le territoire de Beni en partance pour le territoire de Lubero, où le M23 s'est pénétré.


DES NEGOCIATIONS EN ATTENTE


Alors que la communauté internationale, dont le Conseil de sécurité de l'ONU, appelle à une solution politique, les autorités de la RDC à travers le porte-parole du gouvernement ont une fois de plus exclu toute négociation avec les rebelles, sauf dans le cadre du processus de Luanda.

"L'objectif pour nous, c'est parvenir à la paix parce qu'entre temps, il y a des efforts diplomatiques qui doivent se faire notamment dans le cadre du processus de Luanda", a déclaré M. Muyaya.

Cette déclaration fait écho à la position présentée par la cheffe de la diplomatie congolaise, lors de sa première apparence devant la presse début juillet.

"Nous restons fermes sur notre position que toute discussion aura lieu dans le cadre du processus de paix de Luanda", initié par le président angolais Joao Lourenço, a souligné Mme Wagner, répondant à la question concernant un dialogue entre la RDC et le Rwanda.

"Nous voulons une solution politique et durable. Nous voulons que les discussions se tiennent à Luanda (...) Mais nous voulons des discussions honnêtes et sincères", a indiqué Mme Wagner, notant que "beaucoup de choses avaient eu lieu" après la dernière réunion dans le cadre du processus de Luanda, tenue en mars dernier.

Plus de 900.000 personnes nouvellement déplacées ont été enregistrées entre janvier et avril 2024, portant le nombre total de déplacés à environ 7,3 millions dans le pays, dont plus de 5,6 millions dans les trois provinces orientales, à savoir le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l'Ituri, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

La RDC connaît "l'une des crises humanitaires les plus graves, les plus complexes et les plus négligées de cette époque", a noté récemment la représentante du secrétaire général de l'ONU en RDC, Bintou Keita devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York.

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Source: Agence de presse Xinhua
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