Les champs du talent

David Rudisha, détenteur du record mondial du 800 mètres, se réjouit des progrès réalisés dans son pays. Cette légende kényane de l’athlétisme a observé un investissement massif dans les infrastructures sportives au cours des deux dernières années, promesse d’un avenir radieux pour les nombreux talents sportifs du Kenya.

Sacré champion olympique à Londres en 2012 puis à Rio en 2016, M. Rudisha, dont le temps de 1 min 40 sec 91 au 800 mètres demeure inégalé, affirme que la construction de nouveaux stades propulsera les performances athlétiques à un niveau supérieur. Il se montre particulièrement enthousiaste à l’idée de l’érection d’un stade ultramoderne à la capitale Nairobi, et reste un fervent défenseur du bien-être des athlètes kényans.

Un méga-stade en plein essor

La construction du Stade Talanta, le troisième plus grand d’Afrique avec une capacité de 88 000 places, a débuté en mars. Seul le Stade FNB en Afrique du Sud, avec 94 736 places, et le Stade Borg El Arab en Égypte, qui peut accueillir 90 000 spectateurs, surpassent en taille le futur stade kényan.

Ce projet ambitieux est mené par China Road and Bridge Corporation en collaboration avec le gouvernement kényan, sur un vaste terrain de 800 acres (323,7 hectares) appartenant à l’État. Le nom « Talanta » signifie « talent » en swahili, reflétant l’esprit du stade.

« Il est bénéfique que le pays investisse dans le sport. Nous avons une culture sportive mondialement reconnue, particulièrement en athlétisme. Je suis moi-même double champion olympique du 800 mètres et j’ai remporté de nombreux championnats mondiaux dans d’autres disciplines d’athlétisme. La construction de ce nouveau stade était très attendue et est plus que nécessaire », a indiqué M. Rudisha.

Ababu Namwamba, secrétaire de cabinet du ministère kényan de la Jeunesse, des Sports et de l’Économie créative, précise que le Stade Talanta est prévu pour la Coupe d’Afrique des Nations de football 2027. Les travaux devraient être achevés d’ici la fin de décembre 2025 ou au début de janvier 2026. Contrairement aux allégations de certains médias, le stade disposera bien de 88 000 sièges.

M. Namwamba a ajouté : « Le Kenya, en collaboration avec l’Ouganda et la Tanzanie, membres de la Communauté d’Afrique de l’Est, se prépare à accueillir le plus grand tournoi de football du continent. Quatre autres stades plus petits sont également prévus dans différentes régions du pays, avec des contrats attribués à des entreprises chinoises. »

Le complexe du Stade Talanta, situé à Jamhuri Park et à seulement 8,5 km du centre de Nairobi, comprendra un gymnase, une piscine olympique, des terrains de tennis, un terrain de basket-ball, une arène d’athlétisme couverte et d’autres installations sportives. Son stade principal s’étendra sur 110 acres (44,5 hectares) et son coût est estimé à 300 millions de dollars, bien que ce montant puisse varier en fonction des fluctuations des coûts des matériaux de construction.

Chantier de construction du Stade Talanta, à Nairobi, au Kenya, le 1er mars. (XINHUA)

Stade multifonctionnel

M. Namwamba a qualifié la nouvelle installation, le Stade Talanta, de stade cinq étoiles, soulignant qu’elle servira bien au-delà du football. « Nous envisageons le Stade Talanta non seulement pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations mais aussi pour accueillir divers événements sportifs tels que le basket-ball, la natation, le volley-ball et l’athlétisme », a-t-il expliqué, ajoutant que ce stade sera l’une des installations les plus uniques d’Afrique, comparable au Stade Moses Mabhida en Afrique du Sud et au Stade national d’Harare au Zimbabwe.

Lors de la cérémonie de pose de la première pierre en mars, le Président kényan William Ruto a souligné que le nouveau projet de stade était destiné à transformer le paysage sportif du Kenya. Il a affirmé que l’armée superviserait régulièrement la construction pour garantir le respect des délais fixés.

Joseph Orzo, entraîneur de football au Lycée Dagoretti Mixed, ainsi que ses jeunes joueurs, sont également enthousiasmés par ce développement. « La construction du stade est une initiative formidable pour exploiter le potentiel des jeunes et offrir plus d’opportunités aux talents émergents du football », a soutenu M. Orzo.

M. Namwamba a mis en avant l’intégration d’éléments culturels kényans dans le design du stade, tout en soulignant son engagement envers l’utilisation des énergies renouvelables. Il a réaffirmé la polyvalence du stade, prévu pour accueillir non seulement des matchs de football et de rugby, mais aussi des concerts et divers événements.

Jiao Xuxue, vice-président de China Road and Bridge Corporation au Kenya, a ajouté que le stade, une fois achevé, deviendra un site central pour les loisirs publics, l’exercice physique, ainsi que diverses activités culturelles et récréatives. « Il répondra aux normes des événements sportifs nationaux et internationaux, soutenant ainsi durablement le développement de l’industrie locale du divertissement et des loisirs », a-t-il fait valoir.

Modernisation des infrastructures sportives

M. Namwamba a également annoncé des plans pour trois autres stades similaires, dans le cadre d’un programme gouvernemental destiné à moderniser les infrastructures sportives du pays.

Selon les archives du ministère kényan des Terres, des Travaux publics, du Logement et du Développement urbain, une modernisation est également prévue pour le Centre sportif international Moi, actuellement le plus grand stade du Kenya. Ce site s’étend sur près de 800 acres (323,7 hectares), mais seulement une fraction est exploitée pour le stade de 60 000 places. Construit au milieu des années 1980, il avait été inauguré à l’occasion des Jeux panafricains de 1987.

« Ce stade a indubitablement besoin d’être modernisé. Nous commencerons les travaux dans deux mois, dès que les fonds seront disponibles. Un entrepreneur chinois a déjà été sélectionné pour cette mise à niveau », a partagé M. Namwamba.

Il a également mentionné que le Stade national de Nyayo, qui peut accueillir 30 000 spectateurs, est en cours de rénovation. D’autres stades, chacun pouvant accueillir entre 40 000 et 60 000 spectateurs, seront construits immédiatement après la clôture de l’exercice annuel en juillet.

« Nos constructions répondent aux normes de la FIFA. Les fonds pour la suite des travaux ont été alloués, mais ils ne seront disponibles qu’à partir du 1er juillet », a précisé M. Namwamba, soulignant l’engagement du pays à améliorer ses infrastructures pour soutenir d’autres disciplines sportives, au-delà de l’athlétisme.

Reportage du Kenya