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Un problème de surcapacité ?

Par : 王栋 |  Mots clés : Un problème de surcapacité ?
French.china.org.cn | Mis à jour le 18-06-2024
La Chine au Présent | 18. 06. 2024

Depuis un certain temps, un grand tapage a été fait dans l’opinion publique américaine autour de la soi-disant surcapacité de la Chine. Certains politiciens et médias prétendent que les diverses subventions du gouvernement chinois ont causé une surcapacité dans des secteurs liés aux énergies nouvelles tels que les voitures électriques. Ils affirment que la Chine a pratiqué du dumping à l’étranger pour exporter cette surcapacité, provoquant des distorsions sur les marchés mondiaux et nuisant à l’économie d’autres pays.

L’argument de la surcapacité de la Chine est-il soutenable ? Quel est l’objectif des États-Unis en propageant cette allégation ? Quels dommages cela causerait-il au commerce mondial ?

L’exportation ne signifie pas la surcapacité

En fait, la théorie de la surcapacité chinoise prêchée par l’Occident n’est pas nouvelle. Il y a quelques années, les États-Unis accusaient la Chine de surcapacité de produits bas de gamme, alors qu’aujourd’hui, cette étiquette est collée à ses produits liés aux énergies nouvelles.

Dans un système économique mondial caractérisé par la division internationale du travail, la production et la demande ne peuvent être limitées à quelque pays ou région. D’après la pratique de différents pays, il est courant que la capacité de production d’un secteur soit supérieure à la demande intérieure, rendant les exportations naturelles. Par exemple, 80 % des voitures produites en Allemagne sont destinées à l’exportation, tout comme les puces électroniques des États-Unis, en particulier celles haut de gamme, ainsi que les avions de ligne fabriqués par Boeing et Airbus.

Dans le contexte de l’économie de marché, il est insoutenable de penser que l’exportation de quantité de marchandises signifie une surcapacité. Prenant l’exemple du débat sur la surcapacité des produits sidérurgiques de la Chine il y a plus de 10 ans, Zhou Mi, chercheur à l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique relevant du ministère du Commerce, a rappelé qu’à cette époque, un certain nombre de pays occidentaux reprochaient à la Chine d’en avoir produit trop, causant ainsi des dommages à travers le monde. Mais en réalité, selon lui, la crise financière mondiale de 2008 a eu de graves répercussions sur le côté de la demande, notamment dans beaucoup d’économies européennes, tandis que la production d’acier de la Chine est restée stable. Sa capacité de production a, pour la majeure partie, été absorbée par son marché immobilier et sa construction d’infrastructures au cours de son urbanisation. En tant que pays responsable, la Chine a redoublé d’efforts pour réduire cette production. Par exemple, en tant que pays hôte du Sommet du G20 à Hangzhou, la Chine et les autres pays membres ont créé le Forum mondial sur la capacité excédentaire de l’acier, pour fournir des solutions aux parties prenantes de la chaîne mondiale d’approvisionnement en acier. C’est donc la crise des subprimes dont les États-Unis sont responsables qui a générée ce problème.

« La surcapacité est essentiellement due au fait que la demande est faible par rapport à la production. Cependant, il ne faut pas croire que certaines capacités de production émergentes en Chine, comme les voitures électriques, n’ont pas de demande du marché. En réalité, en raison des restrictions américaines et européennes, cette demande ne peut pas être normalement libérée, créant ainsi une distorsion du marché », a expliqué Li Zhi, assistant du directeur de l’Institut chinois de planification du développement affilié à l’Université Tsinghua. Il a ainsi révélé la véritable raison de la prétendue surcapacité de l’industrie chinoise des véhicules électriques.

Un prétexte au protectionnisme

En fait, la part de l’exportation dans la production chinoise de véhicules électriques est bien inférieure à celle dans la production automobile de pays comme l’Allemagne, le Japon et la Corée du Sud. En 2023, l’Allemagne a produit plus de 3,6 millions de véhicules, dont plus de 2,8 millions ont été vendus à l’étranger. Par conséquent, l’allégation du « dumping de la Chine en raison de la surcapacité » est insoutenable.

Selon un rapport récemment publié par Bloomberg News, le taux d’utilisation de la capacité de la majorité des principaux exportateurs chinois de véhicules à énergies nouvelles est conforme aux normes internationalement reconnues. Le problème auquel sont confrontés les États-Unis et l’Europe est que leurs entreprises ne sont pas aussi efficaces que les entreprises chinoises, et non pas la « surcapacité » de la Chine.

« L’attribution de l’étiquette de surcapacité à l’industrie chinoise fondée sur les énergies nouvelles est signe de protectionnisme », a remarqué Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse le 24 avril. La rhétorique de « surcapacité de la Chine » n’est qu’un prétexte, et les restrictions à l’exportation de produits chinois liés aux énergies nouvelles, tels que les véhicules électriques, ne feront que créer une situation « perdant-perdant ». Ce dont le monde a besoin n’est pas la réduction de production de la Chine, mais davantage de capitaux et de produits pour accélérer la transition énergétique et éradiquer la pauvreté.

Selon M. Wang, l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) a calculé que pour atteindre la neutralité carbone, les ventes mondiales de véhicules à énergies nouvelles doivent atteindre environ 45 millions de voitures d’ici à 2030, soit 4,5 fois plus qu’en 2022, et la demande en installations photovoltaïques doit également augmenter de manière considérable.

La question clé à laquelle le monde est confronté aujourd’hui ne réside pas dans une surcapacité en matière d’énergies nouvelles, mais dans une grave pénurie. Le développement des technologies vertes, des produits verts et, en particulier, de l’industrie liée aux nouvelles énergies de la Chine, qui répondent aux besoins des pays pour atténuer la crise énergétique et lutter contre le changement climatique, apportera une contribution significative à l’accélération de la transition verte et bas-carbone dans le monde.

Li Zhi a déclaré que la soi-disant surcapacité est, par essence, une question de concurrence en capacité. Tous les hommes d’affaires visent à maximiser leurs profits, et l’investissement et la production de voitures à énergies nouvelles suivent les théories économiques classiques. Le débat sur la surcapacité ne peut que conduire à des accusations mutuelles, à des barrières tarifaires et à une guerre commerciale.

D’après Nicholas R. Lardy, expert reconnu de l’économie chinoise au Peterson Institute for International Economics, un think tank américain, la théorie de la surcapacité sert de prétexte au protectionnisme. Selon cet argument potentiellement dangereux pour le commerce mondial, aucun pays ne devrait fabriquer de produits au-delà de sa capacité de consommation intérieure. Cependant, si chaque pays ne peut produire que des biens simplement destinés à sa propre consommation, le commerce mondial n’existerait plus. « Ce serait une catastrophe totale pour chaque économie », a-t-il souligné.

M. Lardy a exprimé sa préoccupation face à la contre-mondialisation et au protectionnisme commercial qui se cachent derrière la soi-disant théorie de la surcapacité chinoise. En tant qu’économiste, il ne sait pas exactement comment mesurer ce qu’on appelle la « surcapacité ».

« Les entreprises chinoises rendent les voitures à énergies nouvelles moins chères et plus répandues. Leur puissance de fabrication et leur compétitivité sont déterminées par le marché et devraient être reconnues et appréciées par la communauté internationale », a remarqué Christopher Mutsvangwa, ancien ambassadeur du Zimbabwe en Chine.

Contrairement à ce qu’affirme la théorie de la surcapacité de la Chine, l’avantage de la Chine réside dans sa chaîne de valeur complète, son système de fabrication plus efficace et ses technologies avancées autonomes. Ainsi, tous les pays en développement pourraient s’offrir des batteries de voiture au meilleur rapport qualité-prix. Cela permettrait une transition accélérée des énergies fossiles vers les énergies vertes, rendant plus efficace la lutte contre le changement climatique mondial. Certaines économies développées ont fait du tapage autour de la « surcapacité » pour protéger leurs entreprises nationales, ce qui nuit au commerce mondial.

John Ross, ancien directeur de la politique économique et commerciale de Londres, a récemment écrit un article indiquant que les États-Unis craignaient que de plus en plus de leurs produits ne puissent pas maintenir une position haute dans la chaîne de valeur dans le commerce international. Cela révèle que l’intention économique des États-Unis : contenir le développement des secteurs émergents de la Chine pour briguer une position concurrentielle plus favorable et des avantages de marché.

Dans le monde d’aujourd’hui, l’offre et la demande ont toutes deux un caractère global, et les capacités de production des différents pays sont déterminées par leurs avantages comparatifs. Ces capacités doivent être traitées en fonction des lois économiques, de manière objective, dialectique et rationnelle. Au lieu de résoudre les problèmes, les mesures de protectionnisme sous prétexte de surcapacité nuiront à la stabilité des chaînes de production et d’approvisionnement mondiales, au développement des nouvelles industries, ainsi qu’aux efforts conjoints de la communauté internationale pour la transition verte et pour lutter contre le changement climatique.


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Source: La Chine au Présent
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