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La RDC investit sa première femme Premier ministre, avec un programme estimé à près de 100 milliards USD sur cinq ans (PAPIER GENERAL)

Par : 张平平 |  Mots clés : RDC,politique
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-06-2024
Agence de presse Xinhua | 12. 06. 2024

Judith Suminwa Tuluka a été investie aux premières heures de mercredi Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), première femme congolaise à occuper ce poste. Elle amène avec elle un programme "ambitieux et détaillé" dont le coût est estimé à 92,9 milliards de dollars pour les cinq prochaines années.

Devant l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, Mme Tuluka et les 54 autres membres du nouveau gouvernement entrent officiellement en fonction, après que son programme a été adopté par les députés avec 397 voix pour sur les 405 législateurs présents à la plénière, une majorité absolue requise, après plusieurs heures de débat.


"PLAFOND DE VERRE" BRISE

Mme Tuluka, en présentant son programme, s'est dite fière d'avoir brisé le "plafond de verre" pour diriger ce gouvernement composé de 18 femmes, dont la première cheffe du gouvernement dans l'histoire du pays.

"En accédant à cette fonction, je suis pleinement consciente de l'importance historique de ce moment et de la symbolique de cette nomination pour la nation congolaise. Je ressens à la fois le poids de la responsabilité qui m'incombe ainsi qu'une immense fierté à l'idée de représenter au sein de la République, l'aboutissement des efforts de tous les Congolais et de toutes les Congolaises tendant à briser le fameux plafond de verre pour produire l'égalité", a-t-elle souligné.

Ce nouveau gouvernement, dévoilé fin mai 2024, est composé de 55 membres, dont la Première ministre, six vice-Premiers ministres et dix ministres d'Etat, par rapport aux 57 membres du remaniement de mars 2023. Parmi eux, 30 nouvelles figures ont fait leur entrée, 15 ministres du précédent gouvernement ont été reconduits à leurs postes tandis que neuf autres mutés à d'autres fonctions que celles qu'ils occupaient précédemment.

A l'âge de 56 ans, détentrice d'une maîtrise en économie appliquée à l'Université Libre de Bruxelles, Mme Tuluka a été nommée en mars 2023 ministre d'Etat en charge du Plan. De 2020 à 2023, elle fut également coordonnatrice adjointe du Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS), une entité affiliée à la présidence congolaise.

Elle a été une des personnalités prises pour cible lors de la tentative de coup d'Etat déjouée du 19 mai. Par chance, les putschistes avaient été incapables d'identifier sa résidence, avant de s'attaquer à celle de Vital Kamerhe, actuel président de l'Assemblée nationale qui a investi Mme Tuluka.


UN PLAN DE QUELQUE 100 MILLIARDS USD

Le programme "ambitieux et détaillé" du nouveau gouvernement "sera un outil précieux pour orienter les politiques", selon Mme Tuluka, dont le coût est estimé à 92,9 milliards de dollars sur cinq ans.

Mme Tuluka a promis en premier lieu de "créer plus d'emplois et de protéger le pouvoir d'achat des ménages" en RDC, un pays classé quatrième le plus pauvre, d'après la Banque mondiale, malgré sa richesse en minerais stratégiques, dont les "mines de demain", en particulier le cobalt.

En assurant la stabilité macroéconomique et assainissant le climat des affaires, le nouveau gouvernement va "promouvoir l'image de la RDC comme destination fiable des investissements étrangers dans le secteur minier et des hydrocarbures", pour mieux "redistribuer les fruits de la croissance économique" et faire en sorte que les ressources énergétiques "répondent au besoin de la population".

Elle a promis de poser définitivement le jalon d'un "Congo émergent", en créant environ 2,6 millions d'emplois et une académie des mathématiques et de l'intelligence artificielle à Kinshasa.

Face aux conflits chroniques, notamment la résurgence de la rebellion du Mouvement du 23 mars (M23), l'équipe de Mme Tuluka s'engage à garantir la sécurité avec une armée mieux financée et équipée, ainsi qu'une diplomatie agissante, dans l'optique de l'éradication des groupes armés opérant dans le pays, ce qui constituent le deuxième pilier de son agenda et représente 20% du budget gouvernemental.

"A vous, qui êtes les représentants de nos populations de l'est du pays qui vivent les affres de la guerre, la peur au ventre, je voudrais ici indiquer notre ferme volonté à œuvrer pour le retour de la paix durable dans la partie Est", a-t-elle affirmé.

Pour bâtir un pays davantage connecté par les infrastructures modernes et l'Internet, Mme Tuluka a promis de construire 3.750km de routes prioritaires et 400 ports modulaires, dont le port en eaux profondes de Banana, ainsi que de couvrir 50.000 km du réseau national en fibre optique.

Des actions ont été énumérées par Mme Tuluka pour garantir l'accès aux services sociaux, renforcer l'efficacité des services publics et lutter contre le changement climatique, en particulier en augmentant la productivité du projet hydroélectrique d'Inga et la couverture universelle des soins, ainsi qu'en finalisant le recensement biométrique des fonctionnaires publics.


DIVISION MISE DE COTE

La formation de ce gouvernement, qui s'est faite attendre en RDC, a été dévoilée aux premières heures du 29 mai, plus de quatre mois après l'investiture de Félix Tshisekedi à la présidence et un mois après la nomination de Mme Tuluka.

Lors des élections générales tenues en décembre 2023, M. Tshisekedi avait été réélu pour un second mandat, avec la coalition Union sacrée, composée de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du président et de ses partis alliés, ayant remporté la majorité à l'Assemblée nationale qui compte 500 sièges.

Après sa nomination, Mme Tuluka, chargée de former son équipe gouvernementale, avait proposé un gouvernement réduit, limitant son effectif à 45 membres, y compris les ministres et vice-ministres.

"C'est une coalition de différents partis, il y a eu des discussions, (...) des compromis", a indiqué Erik Nyindu, directeur de la communication de la présidence, expliquant pourquoi la publication du gouvernement avait pris du temps, avant l'annonce du 29 mai.

Après l'installation tant attendue de ce gouvernement, la course pour la présidence du Sénat s'annonce intense, dont le scrutin est prévu le 15 juin. Le prédécesseur de Mme Tuluka, Jean-Michel Sama Lukonde, est en lice pour briguer le perchoir de la chambre haute du Parlement.

Au moins cinq personnes, dont une policière, ont été blessées dans une bousculade à l'entrée du Palais du peuple, siège du parlement congolais, a indiqué Mme Tuluka. L'incident s'est produit alors que militants, parlementaires et journalistes tentaient d'accéder à l'enceinte pour l'investiture du nouveau gouvernement, selon la presse locale.

"Pour relever tous ces défis, nous devons être capables de mettre de côté ce qui nous divise afin qu'ensemble nous fassions triompher l'intérêt général seul", a conclu Mme Tuluka.

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Source: Agence de presse Xinhua
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