share

Des roues et des watts

Par : 王文晔 |  Mots clés :
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-06-2024
Chinafrique | 12. 06. 2024

Au Nigeria, les motos commerciales, plus communément appelées okada, constituent un mode de transport crucial pour la population et représentent une source d’emploi pour des millions de personnes. Avec la promotion de la transition vers la mobilité électrique par le pays, l’introduction de motos électriques dans ce secteur s’accélère, offrant non seulement des bénéfices environnementaux mais aussi économiques pour les conducteurs.

Vincent Onyekachi, basé à Lagos, témoigne des avantages des motos électriques. Il affirme qu’elles sont supérieures, notamment parce qu’elles lui permettent de réaliser des économies substantielles sur le carburant et les frais de réparation habituellement élevés. « Avec mon ancienne okada, j’étais constamment confronté à des pannes et cela me coûtait cher en réparations. Mais avec cette moto électrique, je ne subis plus aucun stress. Aujourd’hui, je peux mettre de l’argent de côté ; chose que je ne pouvais pas faire auparavant », a-t-il expliqué à CHINAFRIQUE.

L’essor des motos électriques au Nigeria et dans d’autres pays africains crée d’importantes opportunités commerciales pour les fabricants chinois de motos, qui cherchent à se développer à l’échelle mondiale. En exportant vers l’Afrique ou en y implantant des usines d’assemblage, ces entreprises capturent une part croissante du marché tout en aidant à la transition vers l’e-mobilité sur le continent.

Besoins correspondants

Metro Africa Xpress (MAX), fondée en 2015, figure parmi les précurseurs du développement de la mobilité électrique au Nigeria. Cette société propose un service de réservation en ligne pour motos et tricycles électriques. Elle a joué un rôle crucial dans la création de plus de 40 000 emplois pour les conducteurs et a facilité plus de 400 millions de trajets, réduisant ainsi les émissions de dioxyde de carbone de plus de 300 000 tonnes, selon les statistiques fournies par l’entreprise.

Consciente du potentiel des véhicules électriques (VE) pour l’avenir de la mobilité en Afrique, MAX promeut activement leur adoption. Les VE n’émettent pas de dioxyde de carbone et s’avèrent plus économiques à l’usage. Par exemple, les coûts d’exploitation des motos électriques sont d’environ 40 % inférieurs à ceux des motos à moteur à combustion interne, principalement en raison des coûts réduits de recharge électrique par rapport au ravitaillement en carburant.

Pour atteindre ses objectifs en matière de mobilité électrique, MAX collabore avec plusieurs partenaires stratégiques, dont Kollter, un fabricant chinois de motos électriques établi dans la province du Jiangsu. Fondée en 2017, Kollter se concentre sur les marchés étrangers, offrant des motos à moyenne et haute vitesse qui peuvent atteindre plus de 100 km/h. Kollter a déjà fourni des modèles avancés de motos électriques à la police aux États-Unis et en Espagne, démontrant ainsi sa compétence technologique.

Les modèles conçus pour le marché africain des motos-taxis par Kollter offrent des caractéristiques adaptées comme un espace de stockage accru où se trouve habituellement le réservoir d’huile dans les motos à combustion. Ils bénéficient également d’une garde au sol plus élevée et de pneus de meilleure qualité, adaptés aux conditions routières difficiles du continent.

Actuellement, l’entreprise distribue ses véhicules dans quatre pays africains. Pour minimiser les coûts et étendre son empreinte sur le continent, Kollter s’est associée à des partenaires locaux pour installer des unités d’assemblage, renforçant ainsi la capacité de fabrication locale de VE.

Pour répondre aux besoins fréquents de recharge des motos-taxis, Kollter a développé des stations de recharge capables de charger jusqu’à neuf batteries simultanément. La société a collaboré avec Shell pour installer ces stations dans des stations-services sélectionnées. Confiante dans le potentiel du marché africain, Kollter aspire à devenir un acteur dominant dans le secteur des motos électriques, à l’instar de Transsion dans le domaine de la téléphonie mobile.

Kollter fait partie d’un groupe d’entreprises chinoises qui visent à s’établir sur le marché africain tout en facilitant la transition vers la mobilité électrique. Parmi elles, TAILG, basée à Shenzhen, s’est associée au Programme des Nations unies pour l’environnement pour introduire ses motos électriques au Kenya et au Rwanda. En collaboration avec la société ghanéenne Kofa, spécialisée dans la mobilité électrique, TAILG a développé le modèle Jidi qui utilise des stations Swap&Go pour un échange facile de batteries. Ce partenariat prévoit de déployer plus de 500 000 bornes de recharge pour soutenir 200 000 vélos électriques en Afrique d’ici 2030.

Au Kenya, le fabricant de vélos électriques chinois Horwin s’est allié à Spiro, le leader local des VE, pour promouvoir l’électrification des transports. Leur partenariat quinquennal, signé l’an dernier, a pour but de vendre 500 000 vélos électriques.

Des perspectives prometteuses

Les pays africains ont récemment connu une augmentation notable de la mobilité électrique, marquant un tournant décisif vers des solutions de transport plus durables à travers le continent. L’Afrique, dynamique et en pleine mutation, se positionne comme un marché clé pour les VE, notamment les motos électriques, qui sont prisées pour leur coût abordable et leur adaptabilité aux conditions de circulation complexes.

La récente flambée des prix du pétrole a considérablement accéléré cette transition. Au Nigeria, le prix de détail moyen du Premium Motor Spirit (essence) a connu une hausse spectaculaire, passant à environ 0,46 dollar en janvier 2024, soit une augmentation de 159,92 % par rapport à janvier 2023, selon le Bureau nigérian des statistiques.

Adedotun Eyinade, expert en énergie et directeur du Programme d’accélération du marché de l’énergie hors réseau du Nigeria, souligne l’importance des motos électriques pour surmonter les défis de transport du pays. « L’adoption de motos électriques réduira le coût du transport et stabilisera les prix des biens et services, ce qui pourrait aider à freiner l’inflation », explique-t-il.

Cependant, le chemin vers une mobilité électrique généralisée est semé d’embûches, notamment des infrastructures insuffisantes, particulièrement dans les zones rurales, les coûts initiaux élevés des VE, et le manque de politiques de soutien adéquates. Pour contrer ces défis, M. Eyinade propose des mesures incitatives telles que des réductions des droits d’importation ou des exonérations pour les VE, et souligne la nécessité d’une fabrication locale pour rendre ces véhicules plus abordables. « Si les véhicules sont importés en kit puis assemblés localement, cela pourrait réduire considérablement les coûts, rendant les véhicules plus accessibles pour le grand public », ajoute-t-il.

L’industrie locale donne déjà des signes encourageants. Par exemple, Roam, le principal fabricant de VE du Kenya, a initialement commencé par convertir des motos à moteur à combustion interne en versions électriques. Aujourd’hui, l’entreprise se consacre à la conception et la fabrication de motos et de bus électriques adaptés aux besoins spécifiques du marché local. En 2023, Roam a produit à lui seul 50 000 motos électriques.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: Chinafrique
Retournez en haut de la page