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Le Musée d'ethnographie de Genève : un lieu vivant et engagé (INTERVIEW)

Par : 张平平 |  Mots clés : Suisse-musée
French.china.org.cn | Mis à jour le 02-06-2024
Agence de presse Xinhua | 02. 06. 2024

Depuis dix ans, le Musée d'ethnographie de Genève (MEG) s'étend sur plus de 2.000 m2 dans un nouveau bâtiment moderne conçu par le bureau zurichois "Graber Pulver Architekten". En une décennie, plus d'un million de visiteurs ont apprécié ses collections et ses événements variés. Pour marquer cette étape, toutes les expositions sont gratuites tout au long de l'année 2024.

A l'occasion d'un échange exclusif, la directrice du MEG, Carine Ayélé Durand, revient sur l'évolution des expositions muséales, les relations avec les peuples autochtones, les restitutions d'objets, et les perspectives du musée.

Dès que l'on franchit les portes du MEG, une impression saisissante s'impose : ce lieu est vibrant, empreint de vie. Cette atmosphère dynamique est au cœur des aspirations de l'équipe du musée, et c'est aussi l'un des souhaits les plus chers de sa directrice.

Fort de plus de 20 ans d'expérience dans ce domaine, elle a observé que les musées d'anthropologie et d'ethnographie étaient souvent critiqués pour leur tendance à présenter des cultures comme si elles étaient figées dans le passé. Depuis 2005, l'institution s'efforce de renverser cette perception en se positionnant comme un musée vivant, en constante interaction avec le présent et tourné vers l'avenir.

"Avec son tissu urbain et social unique, Genève est une ville fascinante !", déclare Carine Ayélé Durand de manière enthousiaste. Elle poursuit : "cette cité rassemble une incroyable variété de personnes d'origines variées, grâce notamment à l'influence de l'ONU et des nombreuses organisations internationales qui y sont basées". Elle considère que "cette diversité fait de Genève la plus petite des grandes villes du monde et crée un contexte idéal pour un musée d'anthropologie". Elle ajoute que "les visiteurs, qu'ils soient de passage pour des conférences ou des débats, apportent avec eux des questions sociales, politiques, environnementales et économiques. Ils enrichissent ainsi les échanges au musée et participent à la construction d'un futur commun".

Les liens du MEG avec les peuples autochtones ne sont pas nouveaux. Dès les années 80 et 90, les prédécesseurs du directeur actuel, tels que Louis Necker, René Fuerst et Daniel Schoepf, ont initié des collaborations avec ces communautés. Des archives photographiques datant des années 1970 témoignent de visites de représentants autochtones de l'ONU au musée. Cette tradition se poursuit et s'approfondit, avec des collaborations régulières et des échanges fructueux.

Carine Ayélé Durand explique que "le MEG travaille en étroite collaboration avec plusieurs organisations internationales. Un accord formel avec l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) concerne notamment la protection des savoirs traditionnels et des droits d'auteur. Un programme stimulant de l'OMPI, destiné aux femmes entrepreneuses autochtones, permet de les former et de les accompagner dans la défense de leurs droits.

Chaque année, des représentantes autochtones viennent au MEG pour discuter de leurs problématiques et de la place des collections. Elle ajoute : "entre 2019 et 2021, une importante collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a permis de mettre en avant des témoignages de peuples autochtones sur des questions environnementales et les effets du changement climatique".

Les collections du MEG proviennent principalement d'achats et de dons de Genevois et de missionnaires au fil des siècles. Eugène Picard, le premier conservateur du musée dans les années 30, a particulièrement encouragé les acquisitions. Parmi les trésors du musée, on trouve une impressionnante collection d'environ 2.350 objets d'origine chinoise, dont certains sont des pièces maîtresses des collections de Genève, comme un bol en bronze du VIe siècle av. J.-C. et une jarre funéraire datant de 3.000 av. J.-C. ainsi qu'un rouleau bouddhique tissé commandé par l'empereur Qianlong.

Le MEG s'engage également dans des processus de restitution, avec trois cas récents, dont deux en 2023. Les objets restitués, un masque sacré et un hochet cérémoniel, ont été rendus à la Confédération Haudenosaunee, une alliance de nations autochtones d'Amérique du Nord. "Ces démarches visent à établir un dialogue respectueux et à honorer la dignité humaine".

La directrice du MEG explique aussi : "à partir de 2020, le MEG a commencé à établir une liste d'objets sensibles et a contacté les musées à travers le monde, pour annoncer que ce type d'objet était en notre possession et que l'institution était prête à entamer un dialogue ouvert".

Convaincu des bienfaits thérapeutiques des musées, le MEG participe à des initiatives de muséothérapie, en partenariat avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Depuis 2019, des patients-participants, notamment des personnes ayant survécu au cancer, prennent part à des projets de médiation et visitent les expositions dans le cadre de cette thérapie innovante.

Pour célébrer cet anniversaire exceptionnel, le MEG a décidé de rendre ses expositions, permanentes et temporaires, gratuites toute l'année, afin de permettre à un public plus large de découvrir ses trésors.

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Source: Agence de presse Xinhua
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