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RDC : les Wazalendo, combattants volontaires au cœur de présumés scandales dans l'est du pays (PAPIER GENERAL)

Par : Lisa |  Mots clés : Combattants volontaires,RDC,Wazalendo
French.china.org.cn | Mis à jour le 29-04-2024
Agence de presse Xinhua | 29. 04. 2024

Engagés sur plusieurs lignes de front contre les rebelles dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), les combattants volontaires Wazalendo, accusé d'avoir semé l'insécurité contre les civils, ont prétendu qu'ils "sont patriotes et travaillent avec l'armée".

Un correspondant de Xinhua a eu accès à la base de l'un des groupes d'autodéfense des Wazalendo engagés dans les opérations contre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans le territoire de Masisi de la province du Nord-Kivu, l'un des épicentres des hostilités.


UNE SITUATION INQUIETANTE


Communément appelé Wazalendo, qui signifie littéralement "patriotes" en Kiswahili, ces combattants, majoritairement originaires de différentes milices locales, se trouvent à côté des Forces armées de la RDC (FARDC) sur les lignes de front contre les rebelles du M23, qui ont pris le contrôle de plusieurs territoires dans la province.

En septembre 2023, le gouvernement a légalisé, via un décret, la présence des milices au sein des FARDC contre le M23, faisant écho à l'appel du président congolais Félix Tshisekedi qui avait demandé fin 2022 aux jeunes Congolais d'organiser des "groupes de vigilance" et de soutenir l'armée congolaise contre le M23.

C'est ainsi qu'un grand nombre de milices locales, dont certains responsables ont été sanctionnés par les Nations Unies pour avoir commis des crimes graves, s'allient sous la bannière des Wazalendo aux militaires congolais, pour arrêter la progression des rebelles vers la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

Mais alors que la ville de Goma reste presque encerclée par le M23 qui bloque les routes principales menant à Goma, un grand nombre de Wazalendo ont reculé et installé leur position de combat aux environs de Goma, créant une situation inquiétante, selon la société civile et même les autorités militaires de la province.

Depuis le début du mois de mars, une vingtaine de personnes ont été tuées à Goma et à ses alentours par des hommes armés identifiés aux Wazalendo, selon la population de la ville de Goma interrogée par Xinhua.

En avril, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu Peter Chirimwami a décidé d'interdire la circulation des civils armés Wazalendo dans la ville de Goma, en réaction aux nombreux incidents enregistrés, notamment des meurtres et des enlèvements.


"NOUS SOMMES LES PATRIOTES"


Dans une position de combat installée à quelques kilomètres de la ville de Goma vers Kanyaruchinya, le colonel Ngoa Luanda Boye est à la tête d'une grande unité du groupe de l'Alliance patriotique pour un Congo libre et indépendant (APCLS), composée de combattants de l'ethnie hunde du territoire de Masisi, dirigée par le lieutenant-général autoproclamé Janvier Karairi.

A plusieurs reprises, des membres des Wazalendo ont été accusés de tirer à l'arme à feu, aveuglement et sans motif, dans divers quartiers de Goma et même du meurtre de civils. Le colonel nie la participation de ses hommes aux exactions de la ville de Goma contre la population civile, affirmant intervenir dans le cadre de la coalition avec les FARDC, destinée à contrecarrer l'avancée du M23.

"Nous avons passé beaucoup de temps dans la brousse, et si nous continuons à nous battre, c'est parce que notre pays est attaqué (...) Nous sommes les patriotes", a-t-il noté.

"Et ce n'est pas dans ce cadre que nous pouvons aujourd'hui devenir un danger contre notre propre population pour laquelle nous nous battons depuis des années", a expliqué le colonel, avant d'ajouter que la situation en cours dans la ville était une stratégie de l'ennemi pour attirer la sympathie de la population.

Sur cette base installée sur la montagne avec une vue sur le quartier périphérique de Kanyaruchinya, plusieurs combattants rencontrés sur place, dont la majorité est composée de jeunes garçons et de quelques jeunes filles, disent être engagés dans le combat contre les rebelles du M23, qui veulent arracher le pays des mains des Congolais. Tous réfutent l'accusation de s'attaquer contre la population civile.

"Nous avons l'objectif et la détermination de nous battre pour arracher notre pays des mains des agresseurs. Le M23 et ses alliés cherchent la balkanisation de notre pays, et c'est pour ça que nous ne sommes pas contents", a déclaré Mwamini Janvier, un jeune combattant du groupe APCLS. "Nous travaillons à côté de l'armée", a-t-il insisté.

Depuis le début de l'année dernière, le M23 a conquis près de 80% du territoire de Rutshuru et de celui de Masisi, près des frontières avec l'Ouganda et le Rwanda.

En mars 2024, devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le représentant de la RDC, Zénon Mukongo, a justifié que les FARDC et les jeunes patriotes résistants Wazalendo restent mobilisés pour défendre l'intégrité territoriale du pays jusqu'à la restauration totale de l'autorité de l'Etat.

Le gouvernement de la RDC accuse le Rwanda d'agression sur son territoire à travers son soutien aux rebelles du M23, une accusation toujours rejetée par les autorités rwandaises qui accusent à son tour la RDC d'utiliser les éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).

Les Nations Unies et les pays de la région ont tous appelé Kinshasa et Kigali à trouver une issue pacifique à cette crise en cours qui a déjà poussé des millions de personnes à quitter leurs domiciles et vivent actuellement dans des sites de déplacés dans des conditions difficiles autour de Goma et d'autres villes de la province voisine du Sud-Kivu.

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Source: Agence de presse Xinhua
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