Soudan : les groupes armés rivaux menacent El-Facher, privant d'aide des milliers de personnes affamées, selon l'ONU

Les manœuvres des groupes armés rivaux dans l'ouest du Soudan augmentent les tensions, bloquent l'aide à des milliers de personnes et créent une situation horrible pour les civils, s'est alarmé vendredi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

"Les dernières tensions ont entraîné la fuite de 40.000 hommes, femmes et enfants ces deux dernières semaines", a indiqué l'OCHA. Cette situation a pour effet de couper l'accès humanitaire à El-Facher, un carrefour essentiel.

L'agence onusienne a souligné que les livraisons d'aide devaient transiter par cette ville pour atteindre d'autres parties du Darfour, y compris les livraisons d'aide en provenance du Tchad voisin et via une route nord depuis Port-Soudan, sur la mer Rouge.

L'OCHA a indiqué que plus d'une douzaine de camions transportant des fournitures vitales pour 122.000 personnes bloqués à Ad Dabbah, dans l'Etat du Nord voisin, ne pouvaient se rendre à El-Facher en raison de l'insécurité et du manque de garanties pour un passage en toute sécurité.

Les déplacés "sont particulièrement menacés, notamment ceux du camp de Zamzam, dans l'Etat du Darfour du Nord, où l'on a reçu des informations alarmantes sur une faim et une malnutrition aiguës ces derniers mois", ont déclaré les responsables humanitaires.

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que l'organisation mondiale recevait "des informations de plus en plus alarmantes sur l'escalade spectaculaire des tensions entre les groupes armés à El-Facher".

Les Forces de soutien rapide (RSF) "auraient encerclé la ville, faisant craindre un mouvement coordonné pour une attaque imminente", a-t-il dit lors d'un point de presse. "Dans le même temps, les Forces armées soudanaises semblent prendre position".

Selon M. Dujarric, une attaque contre El-Facher "aurait des conséquences dévastatrices pour la population civile, dans une zone déjà au bord de la famine".

L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Ramtane Lamamra, "discute avec les parties pour tenter d'atténuer les tensions" dans la région, a-t-il poursuivi, ajoutant que M. Guterres avait réitéré la semaine dernière son appel à toutes les parties pour qu'elles s'abstiennent de se battre dans la région d'El-Facher.

Le porte-parole a également indiqué que le Haut Commissaire aux droits de l'Homme, Volker Türk, avait fait part de ses vives inquiétudes plus tôt vendredi : "Il a indiqué que depuis le 14 avril, 43 personnes au moins, dont des femmes et des enfants, ont été tuées dans les combats entre les deux forces rivales soutenues par des milices".