L'ONU appelle à une amélioration de la sécurité en Haïti afin de favoriser les progrès politiques

Maria Isabel Salvador, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour Haïti, a souligné lundi la nécessité d'améliorer la sécurité dans le pays afin de permettre de nouvelles avancées politiques.

Dans son exposé au Conseil de sécurité, Mme Salvador s'est félicitée des récents progrès politiques réalisés dans le pays, en particulier de la création du Conseil présidentiel de transition (CPT).

"J'exhorte toutes les parties prenantes haïtiennes à mettre en place le plus rapidement possible les dispositions de gouvernance transitoire envisagées, en particulier la nomination d'un Premier ministre et d'un gouvernement intérimaires, ainsi que la désignation rapide du Conseil électoral provisoire", a-t-elle déclaré.

Toutefois, elle a ajouté que l'amélioration de sécurité était une condition nécessaire à la poursuite des progrès politiques.

Malgré les récentes évolutions positives sur le front politique, une nette amélioration de la situation en matière de sécurité reste une condition sine qua non à la poursuite des progrès. Les chefs de bandes et autres fauteurs de troubles ont manifesté leur intention de perturber violemment le processus politique actuel. "Je ne saurais trop insister sur la nécessité d'aider Haïti dans ses efforts pour rétablir la sécurité", a-t-elle souligné.

Mme Salvador a appelé au déploiement urgent de la mission multinationale de soutien à la sécurité, qui a été autorisée par le Conseil de sécurité en octobre 2023.

Le régime de sanctions contre les factions des bandes haïtiennes est un outil efficace pour décourager les tentatives de déstabilisation par des fauteurs de troubles et des criminels, en vue d'une avancée politique et démocratique transparente, a-t-elle ajouté.

Au cours des trois premiers mois de 2024, environ 2.500 personnes ont été tuées ou blessées en raison de la violence des bandes armées, ce qui fait de ce trimestre le plus violent depuis que la section des droits de l'homme du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a commencé à enregistrer des statistiques en janvier 2022, a rappelé Mme Salvador.

Le plan de réponse humanitaire pour Haïti pour 2024, qui nécessite 674 millions de dollars, n'est financé qu'à 8,1%. Pourtant, la situation humanitaire continue de s'aggraver dans une tendance à la baisse sans précédent, a-t-elle ajouté.

Depuis le début de la dernière vague de violence, le nombre de personnes dans le besoin a continué à augmenter de façon exponentielle. Depuis le 8 mars, près de 100.000 Haïtiens ont quitté Port-au-Prince, fuyant la violence des gangs en quête de sécurité. L'insécurité alimentaire reste également endémique dans tout le pays, la moitié de la population souffrant d'une grave insécurité alimentaire, a-t-elle noté.

Les multiples crises prolongées - politiques, sécuritaires, humanitaires - auxquelles Haïti continue d'être confronté doivent être résolues ensemble. Le développement durable ne deviendra une réalité pour le peuple haïtien que grâce à un processus inclusif, participatif, crédible et transparent qui aboutira à une nouvelle gouvernance démocratiquement élue, a ajouté la représentante onusienne.

Le processus facilité par la Communauté des Caraïbes a créé des possibilités pour un nouvel accord de gouvernance transitoire qui devrait permettre un processus politique dirigé par les Haïtiens et leur appartenant, qui conduise à l'organisation d'élections inclusives, participatives et crédibles, a affirmé Mme Salvador. "J'exhorte les parties prenantes haïtiennes à mettre leurs différends de côté et à agir pour le peuple haïtien en mettant en œuvre une feuille de route durable, assortie d'un calendrier et acceptée par tous. J'encourage la communauté internationale à rester solidaire du peuple haïtien".