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Par : LIANG Chen |  Mots clés :
French.china.org.cn | Mis à jour le 18-04-2024
Chinafrique | 18. 04. 2024

Le décor s’éclaire tandis que les projecteurs s’animent et que le bras mécanique de la caméra entame son ballet... Au cœur d’un studio de StarTimes, un groupe international de médias d’origine chinoise, la présentatrice gabonaise Bolabola Joëlle Zita enregistre depuis Beijing une émission de recommandation de séries télévisées chinoises Dessus-Dessous en français, qui rencontre un franc succès auprès des téléspectateurs africains. Ces derniers apprécient la diversité des programmes proposés et peuvent s’identifier aux conflits familiaux et à la conciliation entre travail et famille des séries chinoises, telles que Doudou et ses belles-mères, qui résonnent avec la réalité africaine. L’animatrice joue un rôle important en mettant en lumière les similitudes et les différences entre les deux cultures afin de promouvoir la compréhension mutuelle entre les peuples.

Arrivée en Chine il y a 16 ans, Bolabola n’imaginait pas alors qu’elle allait s’engager dans une telle aventure médiatique. Portée par un dynamisme et des aspirations nouvelles, cette jeune Gabonaise voit dans son parcours chinois une opportunité inestimable pour son épanouissement personnel.

Un choix de destin

Durant son enfance, Bolabola entretenait une vision assez traditionnelle de la Chine, influencée par son père, fervent admirateur des films de kung-fu avec Bruce Lee et Jackie Chan. Elle imaginait les Chinois perpétuant un mode de vie ancestral dans les montagnes, s’approvisionnant en eau à l’aide de bâtons. Toutefois, les Jeux olympiques de Beijing en 2008 ont radicalement transformé cette perception. Impressionné par le développement fulgurant de la Chine, son père l’a encouragée à y poursuivre ses études afin de saisir les opportunités portées par la coopération sino-africaine en pleine expansion. Ainsi, la même année, Bolabola choisit la Chine pour son parcours académique, délaissant la France, destination privilégiée de nombre de ses pairs.

Ne connaissant ni la langue ni la culture chinoises, Bolabola a dû affronter de nombreuses difficultés dans son parcours scolaire. Bien qu’elle ait consacré une année à l’apprentissage du chinois à l’Université des langues et cultures de Beijing, l’adaptation à l’accent de ses professeurs d’ingénierie logistique à l’Université des sciences et technologies de Beijing a été ardue. Heureusement, ses camarades de classe lui ont apporté un soutien précieux en lui rappelant ses cours et en l’aidant à réviser ses leçons. Leur travail assidu l’a également incitée à redoubler d’efforts pour surmonter ces difficultés. Reconnaissante pour les amitiés forgées et les enseignements reçus, elle reste en contact avec eux.

Un parcours hors du commun

En 2010, à travers une visite avec les autorités gabonaises dans l’arrondissement de Tongzhou à Beijing, Bolabola a découvert StarTimes. Ses services de télévision numérique terrestre et de télévision par satellite en Afrique l’ont vivement intéressée. En janvier 2017, après un stage dans le service logistique de l’entreprise, elle a finalement obtenu un poste dans le département des médias en tant que présentatrice et comédienne de doublage, grâce à sa maîtrise du français, de l’anglais et du chinois.

Pour cette jeune diplômée en logistique, tout était à construire dans cet univers médiatique. Sans modèle de présentateur trilingue africain à suivre, elle s’est lancée avec détermination dans cette nouvelle voie. Faisant preuve d’opiniâtreté, elle n’a reculé devant aucun problème épineux. Beaucoup pensent qu’elle sait tout et peut tout faire, mais ils ne voient pas les efforts qu’elle déploie en coulisses. Pour garantir la qualité du travail, elle choisit de faire l’enregistrement le matin, quand elle est plus dynamique, et peut animer jusqu’à dix émissions en une matinée. Le reste de la journée, elle prépare ses scripts en se documentant sur Internet, travaillant parfois très tard le soir. Chaque fois qu’elle est sur le point de céder à la paresse et à la fatigue, l’image de ses anciens camarades de classe qui travaillaient dur la pousse à persévérer.

Alors que certains de ses collègues africains ont renoncé, incapables de s’adapter au rythme exigeant et à la pression du milieu professionnel chinois, Bolabola n’a jamais montré de signe de mécontentement. Au contraire, elle se montre très reconnaissante de son expérience professionnelle chez StarTimes : « Mon parcours ici a grandement favorisé mon épanouissement personnel en ce qui concerne les valeurs humaines, telles que le respect envers autrui, la ponctualité et la discipline. Cela m’a également rendue plus humble pour apprendre des autres. »

Une passerelle culturelle

Avec l’initiative chinoise d’équiper 10 000 villages africains de télévision par satellite entreprise par StarTimes, un nombre croissant d’Africains ont l’opportunité d’explorer le monde depuis leur salon. Bolabola aspire à ce que ses émissions servent de fenêtre pour le public africain sur la société et la culture traditionnelle chinoises. Dans l’émission In Beijing, par exemple, les téléspectateurs peuvent la suivre à travers les lieux emblématiques de Beijing, des sites touristiques classiques comme le Temple du Ciel aux endroits branchés pour les jeunes comme Sanlitun. Bolabola partage sa vie quotidienne en Chine avec le public africain, exprimant ses émotions et mettant en avant le charme de la capitale chinoise. En participant au tournage de cette émission de 100 épisodes, elle-même a ainsi pu approfondir sa connaissance du patrimoine culturel chinois.

Les programmes présentés et doublés par Bolabola ont touché un vaste public dans de nombreux pays africains, y compris son Gabon natal, faisant d’elle une figure emblématique sur le continent. Elle se dit particulièrement honorée d’inspirer les femmes de sa génération. « Certaines filles de ma ville natale m’ont dit qu’elles voulaient aussi poursuivre leur propre carrière et développement comme moi. Je suis heureuse de pouvoir leur transmettre ce message », a-t-elle partagé avec CHINAFRIQUE. « La Chine m’a donné confiance et courage. De tels changements sont particulièrement importants pour les filles dans notre contexte culturel. Je désire leur démontrer que les femmes et les hommes sont tous des acteurs de la société. »

Pour l’avenir, Bolabola souhaite favoriser la coopération sino-africaine. Elle souligne les nombreuses similitudes entre les cultures chinoise et africaine, comme le respect mutuel, mais reconnaît que la barrière linguistique demeure un défi majeur. Elle voit dans des personnes comme elle, maîtrisant plusieurs langues et cultures, des ponts essentiels pour faciliter les échanges interculturels et minimiser les malentendus. De son point de vue, le développement des Instituts Confucius en Afrique est extrêmement bénéfique, car loin d’être un outil de colonisation, l’apprentissage du chinois permet aux jeunes Africains de trouver plus facilement un emploi et de changer leur destin à son image.


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Source: Chinafrique
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