Une association automobile allemande critique l'enquête anti-subventions visant les véhicules électriques chinois dans l'UE (SYNTHESE)

L'enquête anti-subventions ouverte par l'Union européenne (UE) sur les constructeurs chinois de véhicules électriques ne protégera pas l'industrie automobile du bloc européen, mais risque au contraire de lui nuire, ont prévenu des experts allemands de l'industrie automobile.

Les mesures anti-subventions initiées par l'UE, qui menacent d'imposer des droits de douane punitifs sur les véhicules électriques importés depuis la Chine, ne résoudront pas les défis de l'industrie automobile allemande et européenne, a déclaré Hildegard Mueller, présidente de l'Association de l'industrie automobile (VDA), dans une récente interview accordée au journal allemand Welt Am Sonntag.

La Chine est un important marché pour les constructeurs automobiles allemands, qui participent au financement de la transition écologique dans leur pays grâce aux revenus engrangés en Chine, selon la présidente de la VDA.

Le conflit commercial que risque de déclencher l'enquête pourrait également mettre en danger des emplois en Allemagne, notamment ceux qui sont liés aux affaires avec la Chine, a-t-elle indiqué.

Les interdépendances et les risques doivent être évalués avant toute enquête, a déclaré Mme Mueller, affirmant que l'industrie automobile devait recourir au dialogue plutôt qu'à la confrontation pour régler les litiges.

L'UE a lancé en octobre 2023 une enquête anti-subventions sur les importations de véhicules électriques à batterie en provenance de Chine après qu'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a affirmé en septembre que les véhicules électriques importés de Chine risquaient d'inonder l'Europe et de fausser le marché de l'automobile.

La croissance des ventes de véhicules électriques à batterie en Allemagne, le plus grand marché automobile d'Europe, a ralenti en 2023. Les données de l'Autorité fédérale des transports automobiles montrent qu'un total d'environ 520.000 véhicules de ce type ont été immatriculés en Allemagne l'année dernière, soit une hausse de 11,4 % par rapport à 2022. Ce rythme de croissance représente un ralentissement considérable par rapport à 2022, lorsque les nouvelles immatriculations de véhicules électriques avaient augmenté de plus de 30 % en glissement annuel.

Le prix élevé des véhicules électriques dans l'UE est considéré comme l'un des principaux facteurs qui découragent les acheteurs potentiels. Malgré les efforts déployés par les constructeurs locaux pour réduire les coûts, la parité des prix des véhicules électriques avec ceux des voitures conventionnelles reste encore un objectif lointain pour l'UE.

Dans un tel contexte, une enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois ne rendra pas les voitures électriques moins chères, même si la concurrence devient moins intense, a déclaré le ministre allemand des Transports Volker Wissing.

Se prononçant contre le protectionnisme, M. Wissing a déclaré au journal allemand Neue Osnabruecker que l'Allemagne ne désirait pas fermer son marché, mais au contraire s'engager plus avant dans la concurrence mondiale.

M. Wissing a exhorté les entreprises à produire dans l'UE des véhicules électriques abordables que le salarié moyen pourra se permettre d'acheter, et a proposé de recourir à des accords commerciaux plutôt qu'à des tarifs douaniers punitifs pour créer une concurrence équitable.

Lors d'une table ronde à Paris le 7 avril, le ministre chinois du Commerce Wang Wentao a déclaré que la progression rapide des fabricants chinois de véhicules électriques était le résultat d'innovations technologiques constantes, d'une chaîne d'approvisionnement bien établie et d'une pleine concurrence sur le marché, plutôt que de subventions.