Côte d'Ivoire : vaste opération de déguerpissement à Abidjan en prélude à la saison des pluies (SYNTHESE)

En prélude à la grande saison des pluies, les autorités ivoiriennes ont lancé, il y a plusieurs semaines, une vaste opération de déguerpissement des quartiers précaires à Abidjan, la capitale économique du pays.

Les opérations de déguerpissement se déploient notamment dans des zones où les bâtiments sont souvent construits en matériaux précaires ou sur les emprises du domaine public et sont exposées à des risques d'inondation et d'éboulement de terrain pendant la saison des pluies, qui s'étend de mai à septembre chaque année en Côte d'Ivoire.

Le ministre-gouverneur du district autonome d'Abidjan, Ibrahima Cissé Bacongo, avait expliqué dans un communiqué que ces opérations visaient principalement à sauver des vies humaines, à renforcer la sécurité des personnes et des biens, à améliorer les conditions de vie et de travail des populations, à préserver les infrastructures publiques et à libérer les emprises du domaine public urbain.

Le district autonome d'Abidjan dénombre une trentaine de quartiers d'habitats précaires dans des zones à risques, a indiqué mercredi le porte-parole du gouvernement ivoirien Amadou Coulibaly, à l'issue d'un Conseil des ministres. Il a rappelé que plus de 340 personnes avaient perdu la vie dans les inondations et les glissements de terrain depuis 2005.

"La vision du chef de l'Etat est clair. Il s'agit de préserver les vies humaines, d'éviter des morts à chaque saison des pluies", a souligné M. Coulibaly.

Cependant, la démolition des bâtiments, qui s'acompagne d'évacuations forcées des habitants, a suscité la colère de ces derniers et les critiques de l'opposition.

Dans les quartiers Gesco et Banco de la commune de Yopougon, la plus grande commune du district d'Abidjan, des habitations, commerces, et même des écoles ont été détruits par les bulldozers, ce qui laisse près de 2.500 personnes à la rue.

A Boribana, un bidonville dans la commune d'Attécoubé, les maisons, qui sont bâties sur les emprises du quatrième pont d'Abidjan et qui abritent près de 30.000 personnes, ont été réduites en miettes.

Assurant que tous les sites à risques n'étaient pas à démolir, M. Bacongo avait fait savoir que certains quartiers précaires allaient bénéficier d'un projet de restructuration et que les autres seraient simplement évacués et détruits.

Après que le président ivoirien Alassane Ouattara a invité le district autonome d'Abidjan à faire preuve "de solidarité et d'humanisme" dans l'opération de déguerpissement afin de "préserver la cohésion sociale et la paix" dans le pays, le gouvernement ivoirien a annoncé mercredi une série de mesures en vue de soutenir les populations affectées.

L'Etat a adopté un dispositif de relogement dont un soutien à hauteur de 250.000 francs CFA (environ 415,2 dollars américains) par ménage.

Le montant global du soutien de l'Etat aux populations déguerpies de Yopougon et d'Attécoubé est évalué, sur la base de cette allocation forfaitaire, à 697 millions de FCFA (environ 1,2 million de dollars).

Le gouvernement a également annoncé l'accompagnement des propriétaires ayant des titres fonciers en vue d'acquisition de parcelles en pleine propriété.

Il est aussi prévu la mise à disposition d'un terrain de 75 mètres carrés ou de 100 mètres carrés, selon la taille de la famille, avec la signature d'un bail emphytéotique sur une durée de 20 à 25 ans pour un loyer de 10.000 FCFA (environ 16,6 dollars) par mois au terme duquel les nationaux impactés deviendront propriétaires des terrains attribués.

"Un site potentiel pour le recasement a déjà été identifié, les travaux d'urgence d'aménagement de voies, d'adduction en eau et en électricité seront lancés incessamment", a précisé le porte-parole du gouvernement.

Le gouvernement prévoit également l'allocation d'une aide à la construction d'un montant forfaitaire d'un million de FCFA (1660,6 dollars) par famille en vue d'accompagner chaque famille dans la construction de son logement.

Pour assurer le suivi des déguerpissements, le gouvernement ivoirien a mis en place un organe spécial dénommé Cellule aménagement des quartiers précaires du district autonome d'Abidjan. Cette cellule est "spécialement chargée de la programmation des quartiers précaires à déguerpir, de la prise en charge et du relogement des familles affectées par les déguerpissements, ainsi que de l'examen des plans d'urbanisme des quartiers précaires déguerpis".