L'envoyé de l'ONU au Moyen-Orient appelle à des efforts collectifs pour trouver des solutions politiques

Le coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient Tor Wennesland a appelé jeudi à des efforts collectifs pour rétablir un horizon politique pour les Palestiniens et les Israéliens.

"L'ampleur de la crise à laquelle nous sommes confrontés est stupéfiante, et celle-ci pourrait rapidement échapper à tout contrôle dans la région. J'appelle à une réponse collective, coordonnée et globale non seulement pour résoudre la crise immédiate en cours à Gaza, mais aussi pour aider à rétablir un horizon politique pour les Palestiniens comme pour les Israéliens, tout en promouvant une plus grande stabilité et une plus grande paix dans la région", a-t-il déclaré durant un briefing au Conseil de sécurité.

"Pour ce faire, nous avons besoin de conclure de toute urgence un accord en vue d'un cessez-le-feu humanitaire et de la libération des otages. Nous devons créer un espace permettant d'avancer par le dialogue plutôt que par la violence", a-t-il affirmé.

En dernière analyse, une solution durable pour la bande Gaza ne pourra être que politique. Tout en tenant compte des préoccupations légitimes d'Israël en matière de sécurité, il doit y avoir une voie claire vers le rétablissement d'une gouvernance palestinienne unique et efficace dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés, y compris à Gaza. Un soutien international au renforcement et à la réforme de l'Autorité palestinienne sera crucial pour améliorer la légitimité nationale et internationale de celle-ci, a indiqué M. Wennesland par liaison vidéo depuis Jérusalem.

Pour créer les conditions nécessaires à cela, un cadre politique assorti de délais clairs doit également être défini pour mettre fin à l'occupation israélienne et instaurer une solution à deux Etats conforme aux résolutions pertinentes de l'ONU, au droit international et aux accords bilatéraux, a-t-il déclaré. "Ces efforts doivent converger et s'accélérer si nous voulons sortir de ce cauchemar et emprunter une trajectoire offrant aux Palestiniens et aux Israéliens la possibilité d'une paix durable", a-t-il ajouté.

Près de 140 jours après le début de la guerre à Gaza, aucune fin n'est encore en vue, a déploré M. Wennesland.

Il a exprimé sa profonde inquiétude quant à une éventuelle offensive militaire israélienne de grande envergure dans la région densément peuplée de Rafah, où sont réfugiés quelque 1,4 million de Palestiniens, et où se trouvent les seuls points d'entrée des denrées humanitaires dans le pays.

La situation humanitaire à Gaza reste désespérée. Les personnes déplacées à l'intérieur du pays sont confrontées à de graves pénuries de nourriture, d'eau, d'abris et de médicaments. Les maladies transmissibles augmentent en raison de l'insalubrité ambiante. Plus de deux millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême, les femmes et les enfants étant les plus exposés. Ce désespoir et cette pénurie ont conduit à un effondrement quasi total de l'ordre public, a souligné M. Wennesland.

Les services essentiels ont été lourdement touchés par les combats : 84 % des établissements de santé et d'éducation sont endommagés ou détruits, et plus de 62 % de toutes les routes et lignes électriques sont inutilisables, a-t-il noté.

Il a réitéré son appel à ouvrir des points d'accès supplémentaires au nord de Gaza afin de renforcer les flux d'aide humanitaire, de réduire la congestion constatée dans le sud et de soulager une partie de la pression qui pèse sur la population et le personnel humanitaire.

Il s'est également déclaré préoccupé par la précarité de la situation en Cisjordanie.

"Je crains que si les violences à Gaza ne cessent pas, si les tensions et les restrictions restent élevées en Cisjordanie - y compris sur les lieux saints de Jérusalem-Est - le mois sacré du Ramadan ne devienne une autre occasion d'instabilité plutôt qu'un moment de contemplation et de guérison", a-t-il prévenu.