L'épidémie d'Ebola est plus cruelle que dans la série télévisée "Ebola Fighters", assurent des témoins

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Ebola,Afrique,Chine,coopération médicale
French.china.org.cn | Mis à jour le 27-01-2022

La série télévisée "Ebola Fighters", qui s'inspire de l'épidémie d'Ebola survenue en 2014 en Afrique de l'Ouest pour raconter la lutte menée par une équipe médicale chinoise et des médecins locaux contre ce fléau, connaît un grand succès en Chine. Mais des témoins assurent aujourd'hui que la situation réelle était encore plus choquante que celle proposée sur le petit écran.


UNE GUERRE INATTENDUE


"Plusieurs fois, le courant a été coupé quand on opérait à l'hôpital. La lumière s'éteignait et le moniteur n'affichait plus rien. Alors, on a dû utiliser une lampe de poche pour terminer l'opération", raconte à Xinhua Che Hao, chef du service d'anesthésiologie de l'Hôpital Anzhen de Beijing en se souvenant de son expérience à l'Hôpital de l'Amitié sino-guinéenne à Conakry.

En 2014, des épidémies de cette fièvre hémorragique se sont déclarées en Guinée et dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de mortalité moyen était de 50%, voire supérieur dans certains des pays touchés. Les personnes infectées souffraient de vomissements, de diarrhée, d'éruptions cutanées et d'autres symptômes comme le dysfonctionnement de plusieurs organes et des saignements internes ou externes.

Lorsque l'épidémie d'Ebola a éclaté en Guinée, le 23e groupe médical chinois était sur le point de partir et n'avait en rien été préparé au préalable.

Kong Qingyu, alors chef de cette mission et vice-directeur de l'Hôpital Anzhen, se souvient avoir noté que la maladie se développait très rapidement et qu'une personne pouvait mourir en sept à dix jours après avoir été infectée.

"Le pays n'était pas préparé à une épidémie d'une telle envergure et Ebola nous a permis de comprendre qu'il y avait un dispositif sécuritaire de santé qui n'était pas fiable ", avoue aujourd'hui Lansana Laho Diallo, chef du service de neurologie de l'Hôpital de l'Amitié sino-guinéenne.


UNE PERSEVERANCE RESPONSABLE


Wen Hao, correspondant de l'agence de presse Xinhua, a été l'un des premiers journalistes chinois à entrer dans la zone touchée par Ebola en Guinée. Les conditions de santé publique dans le pays étaient médiocres et la sensibilisation de la population locale à la prévention des épidémies s'avérait faible. La propagation du virus et les dommages causés par l'épidémie ont largement dépassé son entendement.

Généralement, Ebola se propage par contact physique et fluides corporels. Aussi, l'un des meilleurs moyens d'éviter d'être infecté est de ne pas être en contact avec le monde extérieur, mais en tant que journaliste de première ligne, l'interview en face à face est inévitable dans de nombreux cas. "C'est ce que je dois faire et c'est le devoir de tous les journalistes", résume M. Wen.

Fin mai 2014, l'épidémie d'Ebola s'est diffusée en Sierra Leone, voisin de la Guinée, et elle était presque hors de contrôle fin juillet et début août. L'OMS et de nombreux pays dont la Chine sont alors intervenus pour apporter leur aide.

Le journaliste de Xinhua, Lin Xiaowei, s'est précipité à Freetown, capitale de la Sierra Leone, avec des confrères pour y faire un reportage sur la ligne de front.

"En travaillant à Freetown, on pouvait ressentir la peur et la dépression à tout moment. Face à l'épidémie, la population locale était paniquée et les visages du personnel médical montraient un épuisement et une faiblesse non dissimulés", confie M. Lin qui se souvient qu'une infirmière leur avait dit sans ambages qu'elle avait assisté à la mort d'une vingtaine de collègues au cours des derniers mois.


UNE AMITIE SOLIDE COMME UN ROC


"Le chirurgien général, Gassim Bangoura, a travaillé avec nous pendant un an. Une fois, je lui ai demandé quel était son rêve. Il m'a dit qu'il voulait économiser pour s'acheter une meilleure voiture d'occasion, parce que les fenêtres et les portières de la voiture d'occasion -qui lui avait coûté 200 dollars- étaient cassées et il avait envie d'acheter une autre qui coûtait 800 dollars", raconte Che Hao.

Selon lui, le Dr Gassim Bangoura était un médecin très responsable et les patients venaient souvent de loin pour le voir. Il travaillait tard tous les jours et pouvait souvent être vu la nuit dans les chambres des malades. Malheureusement, il a malgré tout contracté Ebola et est mort en moins d'une semaine, avec sa vieille voiture à 200 dollars toujours garée devant l'hôpital.

"A l'article de la mort, il nous a dit qu'il y avait encore deux noms de patients inscrits sur le calendrier de son cabinet et que c'étaient tous deux des patients qui avaient pris rendez-vous pour une opération la semaine d'après", confie M. Che, les larmes aux yeux.

Au cours de cette période très dure, neuf membres du personnel médical de l'Hôpital de l'Amitié sino-guinéenne ont été infectés et six d'entre eux en sont morts. En luttant conjointement contre cette épidémie, l'équipe médicale chinoise a noué une solide amitié avec les médecins locaux.


RETOUR A LA VIE NORMALE


Des années plus tard, quand Lin Xiaowei est revenu en Sierra Leone, l'épidémie avait disparu et l'énergie dans les rues était revenue avec des boutiques animées et des transports fréquents.

Tout le monde semblait avoir à nouveau un but et une motivation, témoigne-t-il, en disant avoir vu des gens courir, pratiquer la boxe et chanter au bord de la mer. "Tout est redevenu normal", se félicite M. Lin.

"C'est parce que nous sommes devenus nous-même des formateurs en matière de prévention contre Ebola. Et c'est là qu'on a eu notre expérience personnelle, au-delà de l'hôpital, des classes de faculté où nous enseignons, des lieux de regroupement, voire de mosquée ou de l'église : nous faisons le maximum pour vulgariser l'information", dit le Dr Lansana Laho Diallo en saluant le "grand appui de la coopération chinoise".

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: Agence de presse Xinhua
Retournez en haut de la page