Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a critiqué la nouvelle approche de la Commission européenne en matière de politique migratoire et a appelé à une réforme des règlementations de l'Union européenne (UE) en matière d'asile, lors d'une conférence de presse de trois heures qui s'est tenue à Budapest mardi.
"Le problème est qu'aujourd'hui, à Bruxelles, tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut empêcher les migrants d'entrer, même si c'est avec une barrière. Personne ne fait l'objet d'attaques pour avoir construit une clôture, comme celles que nous avons subies en 2015", a dit M. Orban, faisant référence à la clôture que son gouvernement a érigée le long des frontières sud de la Hongrie après la vague migratoire massive de 2015.
"C'est une partie de la réalité. L'autre partie est que nous avons un système juridique sur les demandeurs d'asile qui est en place mais qui a été écrit avant 2015, en temps de paix, pas pour la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement", a expliqué M. Orban.
Selon lui, les lois appliquées par les autorités européennes sont dépassées. Même le Conseil européen a demandé à la Commission de modifier les règles en matière d'asile et de les adapter à la "nouvelle réalité" de la migration massive, a-t-il avancé.
"La Hongrie est victime de cette situation, nous sommes condamnés sur la base d'un ordre juridique obsolète, la Commission peut même infliger une amende à la Hongrie, mais la réalité est que nous devons arrêter les migrants aux frontières, tout comme ce que la Pologne a fait", a affirmé M. Orban.
Fin 2020, la Hongrie a été critiquée à plusieurs reprises par l'UE pour avoir exigé que les demandes d'asile soient présentées uniquement dans des "zones de transit" à la frontière avec la Serbie et pour avoir drastiquement limité le nombre de personnes autorisées à entrer dans ces zones, rendant ainsi les demandes d'asile légales pratiquement impossibles.
"Il n'y a qu'une seule solution : les règles européennes en matière d'asile doivent être modifiées, mais ce processus n'a même pas encore commencé", a-t-il martelé.
M. Orban a dit espérer que son pays ne sera pas mis à l'amende avant la mise en œuvre de ces réformes. Il a également indiqué que le coût de la construction de la clôture frontalière doit être supporté en partie ou en totalité par l'UE, car la majorité des migrants veulent se déplacer vers l'ouest à partir de la Hongrie, et donc la Hongrie protège également l'Europe occidentale.
Selon Orban, la position de son gouvernement est claire : "Nous pensons que la procédure d'asile pour les migrants doit être menée conformément à l'ordre juridique des 'pays cibles', mais définitivement en dehors de la frontière de Schengen."