Les dix prochaines années seront une "décennie charnière" au cours de laquelle l'humanité doit prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité, a déclaré récemment le président de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Zhang Xinsheng, lors d'une interview exclusive accordée à Xinhua.
La Chine a réalisé beaucoup de progrès en matière de protection de la biodiversité et de l'écologie, offrant ainsi des expériences inspirantes à cet égard, a souligné M. Zhang, à la veille du septième Congrès mondial de la nature de l'UICN, qui réunira des dizaines de milliers de participants en ligne et en présentiel à Marseille, en France, du 3 au 11 septembre pour fixer les priorités et piloter les actions en vue du développement durable.
DÉCENNIE CHARNIERE
Ayant le changement climatique comme thème principal, ce congrès de l'UICN à Marseille se qualifie également de "tremplin majeur vers un accord mondial pour la protection de la biodiversité".
"Les dix prochaines années seront une décennie charnière", a déclaré le chef de l'UICN, l'une des principales organisations non gouvernementales mondiales consacrées à la conservation de la nature. "L'une des missions principales de ce Congrès de Marseille et de la prochaine Conférence des Nations Unies sur la biodiversité à Kunming (COP 15) en Chine est de définir le programme-cadre d'après 2020 pour la biodiversité".
La décennie 2010-2020 a été appelée "décennie de la biodiversité", car les participants à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en 2010 ont fixé une vingtaine d'objectifs lors de leur sommet à Aichi, au Japon. "Mais, jusqu'à présent, de nombreux objectifs fixés à Aichi pour la biodiversité restent encore difficiles à atteindre", a regretté M. Zhang.
"La perte de biodiversité et la dégradation de l'écosystème se rapprochent des limites planétaires et des points de basculement. Si cette perte et cette dégradation ne peuvent pas être inversées d'ici 2030, nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de développement durable", a-t-il averti.
"Ce congrès de l'UICN peut être considéré comme un prélude à la Conférence de Kunming. Les deux sont des jalons pour voir si l'humanité peut trouver un programme sur dix ans pour transformer la crise en opportunités", a déclaré le président de l'UICN.
Différent de la Conférence de Kunming, qui, en tant que réunion d'une Convention des Nations Unies, a la force contraignante de promouvoir l'agenda politique mondial, le Congrès de l'UICN, qui regroupe des organisations gouvernementales et non gouvernementales et un grand nombre de scientifiques, permet de formuler des résolutions mondiales qui ont une forte autorité scientifique et une influence mondiale sur des conventions et traités internationaux.
RÉALISATIONS CHINOISES INSPIRANTES
D'après M. Zhang, la Chine a obtenu beaucoup de progrès et a joué un rôle de plus en plus important dans la protection de la biodiversité et la gouvernance écologique.
Il a cité comme exemple l'incroyable migration d'un troupeau d'éléphants cet été dans la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine.
Les éléphants d'Asie sauvages sont une espèce sous la protection au niveau le plus élevé en Chine. "Grâce à des efforts continuels, le nombre de cette espèce de pachydermes en Chine a doublé ces trente dernières années pour atteindre environ 300", a-t-il fait savoir.
Pendant plusieurs mois, un troupeau de 15 éléphants d'Asie ont quitté leur réserve naturelle près de la frontière du Myanmar et du Laos, cap au nord. Ils ont parcouru quelque 500 kilomètres, traversant la province du Yunnan avant de retourner dans leur jungle paradisiaque en août.
Leur marche a été surveillée en permanence par des drones, alors que quelque 150.000 habitants ont été évacués et plus de 180 tonnes de nourriture ont été fournies à ce "groupe de touristes éléphants", pour que ces derniers puissent marcher librement et heureusement dans des zones denséments peuplées.
"Partout où le troupeau d'éléphants allait, les gens cédaient, ce qui a illustré l'harmonie entre l'homme et la nature", a estimé M. Zhang.
Le président de l'UICN a également cité les cas de pandas géants, dont le statut de menace a été déclassé de "en danger" à "vulnérables" sur la liste de l'UICN, et celui d'antilopes tibétaines, de "en danger" à "presque en danger".
"Le déclassement sur la liste des espèces menacées illustre les résultats positifs de la protection", a-t-il déclaré, saluant les efforts des autorités chinoises et de nombreuses réussites obtenues en Chine.
Aux yeux de M. Zhang, la Chine s'efforce de construire une "civilisation écologique" en adoptant des mesures efficaces conformes aux conditions nationales, ce qui reflète la sagesse chinoise, et la Chine est devenue un leader dans certains domaines de la conservation de la nature.
Par exemple, sur le climat, "en s'engageant à atteindre son pic d'émissions de CO2 avant 2030 et à parvenir à la neutralité carbone avant 2060, la Chine a joué un rôle important pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le climat", a-t-il conclu.