Le président américain Joe Biden a déclaré que "l'Amérique est de retour à la table (des discussions)" après le récent sommet du G7 au Royaume-Uni, une allégation qui se pose en contradiction avec quatre vérités gênantes et ne sera peut-être pas suffisante pour redynamiser l'Occident, a écrit un expert du Conseil des relations étrangères (CFR), un groupe de réflexion américain, dans sa dernière chronique.
"Premièrement, l'ordre mondial dirigé par l'Occident était en difficulté bien avant (l'ex-président américain Donald) Trump, déstabilisé par la concurrence géopolitique croissante de la Chine et de la Russie", a analysé Stewart Patrick, titulaire de la chaire James H. Binger de gouvernance mondiale au CFR, dans son article intitulé "Le 'retour' de l'Amérique ne sera peut-être pas suffisant pour redynamiser l'Occident".
La part collective du produit intérieur brut mondial parmi les Etats membres à hauts revenus de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est en recul et s'accompagne d'une désillusion du public vis-à-vis de la mondialisation, surtout depuis la crise financière, a indiqué dans l'article M. Patrick, qui est également directeur du Programme des institutions internationales et de la gouvernance mondiale. "Ces faiblesses persistent", a-t-il ajouté.
Deuxièmement, l'ère Trump a jeté le doute sur la pérennité de la puissance mondiale des Etats-Unis, encourageant les proches alliés en Europe et en Asie à se préparer à toutes les éventualités face à une Amérique devenue capricieuse, a noté l'expert en soulignant que ces doutes demeuraient malgré les propos rassurants de M. Biden.
"Troisièmement, la présidence Trump a démoli le peu de consensus internationaliste bipartisan qui restait. Les Démocrates et les Républicains vivent aujourd'hui sur des planètes différentes en matière de politique étrangère", a-t-il déploré.
Enfin, quatrièmement, il reste à déterminer si les institutions occidentales héritées du passé peuvent s'adapter aux défis mondiaux du présent, que ce soit la lutte contre le changement climatique, la cyberguerre, la pandémie ou les bouleversements économiques, a poursuivi M. Patrick.
M. Biden a peut-être prévu d'aborder de nombreux sujets au cours de son actuelle tournée européenne, qui comprend les réunions du G7 et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), mais "les défis concrets immédiats et les tensions politiques internes pourraient compliquer ces aspirations", a-t-il conclu.
