L'histoire a voulu que mon père Jean-Augustin Bussière ait participé à cette page héroïque de la lutte du peuple chinois contre l'agression japonaise (INTERVIEW)

Par : LIANG Chen |  Mots clés : France,Chine,médecin
French.china.org.cn | Mis à jour le 21-09-2020

"L'histoire a voulu que mon père ait participé à cette page héroïque de la lutte du peuple chinois contre l'agression japonaise," a estimé le cardiologue français, Jean-Louis Bussière, au sujet de son père Jean-Augustin Bussière (1872-1958), qui a risqué sa vie pour réaliser un véritable "Hump à vélo" en traversant les lignes des armées japonaises pour soutenir le peuple chinois pendant la guerre.

A l'occasion du 75e anniversaire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise et de la Guerre mondiale anti-fasciste, le fils de Jean-Augustin Bussière a raconté l'histoire de son père dans un entretien exclusif accordé à Xinhua.

Ce cardiologue s'est rappelé de sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping à la Fondation Charles-De-Gaulle lors de la visite de ce dernier à Paris, en France, fin mars 2014. Le président chinois a apprécié dans son allocution que le médecin français Jean-Augustin Bussière, arrivé en Chine en 1913, ait "au péril de sa vie, transporté à vélo de précieux médicaments vers les bases de lutte contre les envahisseurs japonais".

"Le président chinois a rappelé que mon père avait accompli des actes héroïques pendant la guerre, dont je connaissais quelques éléments, mais pas tous les détails", a affirmé Jean-Louis, selon qui cette histoire a été sortie des archives de guerre.

Pendant la guerre de résistance anti-japonaise, le docteur Bussière transportait des médicaments et des pansements depuis l'hôpital français Saint-Michel de Beijing jusque dans son dispensaire dans les collines à 40 km de Beijing, avant de les acheminer vers les bases de lutte contre les envahisseurs japonais.

"Puisque les Japonais avaient durci la présence en Chine et interdit toute circulation, il n'y avait plus d'essence. Mon père n'a pu se déplacer en voiture. Donc il a dû effectivement transporter, souvent avec son chauffeur, en vélo les médicaments et les pansements dans les collines, et ce jusqu'à la fin de la guerre", a précisé le cardiologue français.

Il a indiqué que son père avait toujours été un humaniste ayant de la compassion envers les pauvres, et cela pas uniquement dans le contexte de la guerre.

En tant que médecin réputé dans la communauté locale, après avoir reçu de l'argent et des cadeaux faits par les patients riches qu'il soignait à Beijing, il en a profité pour construire un dispensaire où les habitants locaux pouvaient recevoir des traitements gratuitement, selon Jean-Louis Bussière.

"Il avait une affection pour le peuple chinois et en particulier pour les paysans qui vivaient autour des collines, car il retrouvait cette âme paysanne qu'il avait connue depuis son enfance dans la Creuse, au centre de la France. Ma mère m'a toujours dit qu'il appréciait le bon sens pratique et le caractère gai et jovial des gens de la campagne qui vivaient sans se poser de grandes questions mais qui souffraient car ils étaient pauvres et malades."

Invité par le gouvernement chinois, Jean-Louis Bussière a assisté à Beijing en 2015 au défilé militaire commémorant le 70e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise et de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

"La guerre entre la Chine et le Japon est très peu connue en France. Moi-même, je l'ai découvert à travers un livre intéressant de Michael Lindsay, professeur d'anglais britannique", a-t-il souligné, ajoutant que le fils de M. Lindsay, Jim, qu'il rencontrait à cette occasion-là, lui avait raconté une autre histoire avec beaucoup d'émotion.

L'histoire a retenu que Michael Lindsay et son épouse chinoise avaient pu échapper aux Japonais, se réfugier dans le dispensaire de docteur Bussière, avant de rejoindre Yan An, foyer de la résistance communiste, où Jim est né et a grandi.

"Si votre père n'avait pas été là, je n'existerais pas", a assuré Jim Lindsay à Jean-Louis Bussière.

Selon ce dernier, la lutte du peuple chinois contre l'agression japonaise est une partie importante de la Guerre mondiale anti-fasciste.

"Le peuple chinois a lutté farouchement pendant des années donc ils ont participé, avec l'aide d'un certain nombre d'autres pays dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS et la France, à arrêter cette guerre qui était effroyable", a-t-il souligné.

Alors que le monde célèbre cette année le 75e anniversaire de la victoire de la Guerre mondiale anti-fasciste, la pandémie de COVID-19 se propage. Ce cardiologue estime que face à une menace qui pèse sur le monde entier, il faut à nouveau unir nos forces dans la recherche d'un vaccin et l'amélioration de la qualité des soins pour vaincre l'épidémie.

"Nous avons un ennemi invisible face à nous", a-t-il réitéré, rappelant que "nous avons besoin que les gens unissent leurs forces".

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Source: Agence de presse Xinhua
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