La pandémie de COVID-19 a déjà entraîné une réponse politique et budgétaire "sans précédent" représentant près de 11.000 milliards de dollars dans le monde, propulsant la dette publique mondiale à un niveau record, a indiqué vendredi le Fonds monétaire international (FMI).
"Face au rapide déclin du produit intérieur brut mondial, une réponse budgétaire massive a été nécessaire pour augmenter la capacité des services de santé, remplacer les pertes de revenu des ménages et éviter des faillites massives", ont commenté sur un blog Vitor Gaspar, directeur du département des affaires budgétaires du FMI, et Gita Gopinath, économiste en chef du FMI.
"Toutefois, cette réponse politique a également contribué à amener la dette publique mondiale à son plus haut niveau de l'histoire enregistrée, à un total de 100% du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit plus que ses pics enregistrés depuis la Seconde Guerre mondiale", ont-ils observé.
La nécessité de poursuivre le soutien budgétaire est "claire", selon MM. Gaspar et Gopinath, car les pays rouvrent progressivement leur économie après le confinement, "mais cela soulève la question de savoir comment les pays pourront financer (ce soutien) sans que le fardeau économique devienne insoutenable".
Les déficits budgétaires des économies avancées devraient selon les prévisions ressortir à un niveau cinq fois plus élevé que ceux anticipés dans les Perspectives économiques mondiales du FMI du mois de janvier, et ceux des économies émergentes, à un niveau deux fois plus élevés, entraînant un bond sans précédent de la dette publique de 26% et 7% du PIB respectivement.
Dans l'ensemble, la dette publique devrait "se stabiliser" en 2021, grâce à des taux d'intérêts faibles et à un rebond énergique de l'activité économique, ont indiqué les auteurs, citant des projections médianes mais avertissant que "la prudence est de mise".
"Assurer le retour à des soldes budgétaires soutenables" sera essentiel également pour les pays qui sont entrés dans la crise avec un endettement déjà fort et un taux de croissance faible, ont-ils souligné.
"Les gouvernements devront poursuivre un plan budgétaire à moyen terme crédible s'appuyant sur une mobilisation accrue des revenus, y compris en réduisant l'évasion fiscale, en renforçant la progressivité de l'impôt dans certains cas, ainsi que la tarification du carbone et l'efficience des dépenses budgétaires", ont-ils suggéré.
De plus, les institutions internationales devront s'assurer que l'accès aux liquidités internationales ne soit pas perturbé par des paniques des marchés provoquant elles-mêmes les crises qu'elles annoncent, ont-ils souligné, estimant que la communauté internationale devrait aussi veiller à ce que les pays en développement vulnérables à faible revenu, qui ne disposent pas des ressources pour soutenir les systèmes de santé et de subsistance, puissent accéder à des prêts à taux bonifié et, dans certains cas, à des dons.
Au total, 72 pays ont déjà reçu une aide d'urgence du FMI "mais il faudra encore beaucoup plus de soutien bilatéral et multilatéral", ont-ils ajouté.
