La Chine a assumé son rôle de grande puissance dans la lutte mondiale contre le COVID-19 en "choisissant la stratégie de la coopération internationale", a déclaré l'ancien Premier ministre français et président de la Fondation Prospective et Innovation, Jean-Pierre Raffarin, lors d'un entretien exclusif accordé à Xinhua.
Il a estimé que "la Chine avait réagi avec force et rapidité à l'arrivée brutale de la crise sur son terrain" et que "le retour d'expérience de la crise en Chine avait été très utile dans le monde entier".
"Les milieux médicaux et scientifiques français ont salué la rigueur des méthodes retenues et la discipline du peuple chinois", a-t-il dit, saluant "le courage et le sérieux de la population chinoise qui a fait face au virus avec discipline et dignité".
En avril 2003, en pleine crise du SRAS, M. Raffarin, alors chef du gouvernement français, était le premier dirigeant des grands pays occidentaux à visiter la Chine en apportant son soutien au gouvernement et au peuple chinois.
Il a rappelé que "comme pour le SRAS en 2003, la France a tout de suite apporté son soutien à la Chine et à la ville de Wuhan touchées par le COVID-19 cette année. En retour, quand la France a été, elle aussi, durement atteinte, la Chine a concrètement montré sa solidarité".
Un premier avion, qui s'est posé le 18 mars à Paris, a apporté des fournitures médicales accordées par la Chine à la France, telles que des masques, des combinaisons et des gants médicaux. M. Raffarin a jugé "très généreux" les gestes chinois de solidarité dans "ces temps tragiques".
"L'amitié sino-française sortira renforcée de cette tragique crise. C'est dans les difficultés que l'on mesure la véritable amitié", a-t-il souligné.
M. Raffarin a qualifié d'"excellente" la coopération entre les communautés scientifiques française et chinoise, qui ont des progrès à faire dans la coopération pharmaceutique et universitaire ainsi que dans le suivi des personnes âgées.
Au plan international, M. Raffarin a proposé un retour d'expérience relevant les meilleures méthodologies et processus pour construire une réponse globale et concertée pour les éventuelles prochaines pandémies.
Par ailleurs, M. Raffarin a apprécié le rôle de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a fait "un travail remarquable d'observation et de recommandation".
"Cette mutualisation des experiences a été particulièrement utile pour de nombreux gouvernements. A l'avenir, on peut imaginer un rôle encore plus opérationnel de l'OMS", a-t-il indiqué.
Quant au sommet extraordinaire virtuel des dirigeants du G20 sur le COVID-19, qui s'est clôturé jeudi, M. Raffarin a estimé que ce sommet marquait une nouvelle étape non seulement en relançant la coopération internationale en matière de santé, mais aussi en rapprochant le multilatéralisme des peuples.
La France et la Chine, qui sont déjà d'accord pour renforcer le multilatéralisme face au retour de l'unilatéralisme, franchissent une nouvelle étape en faisant de la santé une opportunité de relance du multilatéralisme, a-t-il observé.
"Les opinions publiques considèrent la santé comme la première priorité de l'action publique. Ce nouveau "multilatéralisme de la santé" sera populaire, a expliqué M. Raffarin, ajoutant que "la santé était probablement le meilleur sujet pour un nouveau multilatéralisme plus proche des citoyens. On rejoint ici la logique du destin commun de l'Humanité".
"La réunion du G20 s'est révélée très utile. Elle a permis de montrer que la solidarité internationale pouvait s'imposer aux égoïsmes nationaux", a souligné l'ancien Premier ministre français.
En commentant la décision des dirigeants des pays membres du G20 de stimuler énergiquement l'économie mondiale, M. Raffarin a déclaré que "cette mobilisation financière, particulièrement massive, était un signal fort, de la détermination des membres du G20".
"Dans les plans que la communauté internationale a à construire, la Chine aura un rôle majeur. Par sa puissance financière, la taille de son marché, son intelligence de l'innovation et la force de ses entreprises, la Chine sera très attendue dans les discussions internationales", a affirmé M. Raffarin.
"Pour l'avenir nous pouvons souhaiter une accélération du multilatéralisme notamment pour les thérapies et la recherche de vaccin", a-t-il prévu, concluant qu'"encore plus demain qu'hier, notre destin est commun".