Alors que 180 pays et régions du monde combattent la pandémie de COVID-19, les pays africains ont adopté différentes mesures, allant du couvre-feu partiel à l'instauration de l'état d'urgence en passant par la coordination de leurs politiques financières, pour essayer d'endiguer la propagation rapide du coronavirus au continent et de mieux faire face aux éventuelles répercussions économiques de cette crise sanitaire grave.
Selon le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (CDC Afrique), jusqu'à mercredi, un total de 2.412 cas de COVID-19 dont 64 mortels ont été signalés dans 43 pays du continent, a révélé le service sanitaire spécialisé de l'Union africaine (UA), un bloc fort de 55 membres.
Faisant le constat d'une propagation rapide du virus sur le continent, les données du CDC Afrique montrent que 624 nouveaux cas confirmés ont été signalés mercredi à travers le continent par rapport au précédent rapport du centre publié mardi matin, qui avait fait état de 1.788 cas.
A ce jour, les pays africains les plus touchés par le coronavirus sont l'Afrique du Sud avec 709 cas, l'Egypte avec 402 cas, l'Algérie avec 264 cas et le Maroc avec 170 cas, selon le centre.
DES MESURES DRASTIQUES
Face à la situation alarmante, les chefs d'Etat ou de gouvernement africains ont successivement adopté des mesures rigoureuses destinées à confiner le territoire et réduire la circulation humaine afin de ralentir la propagation du virus.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a décrété mardi soir l'état d'urgence sur toute l'étendue du pays pour lutter contre la pandémie de coronavirus qui frappe depuis le 10 mars la capitale Kinshasa. Parmi les mesures supplémentaires prises par le chef de l'Etat congolais, on note entre autres l'interdiction de tous les voyages de Kinshasa vers les provinces et vice-versa afin de permettre le confinement de la capitale, foyer de la pandémie au niveau national.
Pour tenter de contenir la propagation du nouveau coronavirus, le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly a annoncé mardi un couvre-feu partiel à l'échelle nationale. Ce couvre-feu, valable de 19h à 6h heure locale (17h à 4h GMT), sera imposé à partir de mercredi pour 15 jours, a-t-il indiqué dans un discours télévisé.
Lundi, le président ivoirien Alassane Ouattara a durci le ton dans la lutte contre la pandémie de coronavirus en décrétant l'état d'urgence sur le territoire national, qui inclut des mesures exceptionnelles comme l'instauration d'un couvre-feu, le confinement progressif des populations par aire géographique en fonction de l'évolution de la pandémie, la fermeture de tous les débits de boissons et restaurants, de même que la régulation des transports interurbains et intercommunaux avec l'interdiction des déplacements non autorisés entre Abidjan et l'intérieur du pays.
DES EFFORTS COORDONNES
La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) avait averti le 13 mars que la crise actuelle du coronavirus pouvait sérieusement compromettre la croissance déjà stagnante de l'Afrique, avec les pays exportateurs de pétrole perdant jusqu'à 65 milliards de dollars de revenus alors que les prix du pétrole brut continuent de chuter.
"L'Afrique peut perdre la moitié de son PIB avec sa croissance passant de 3,2% à environ 2% pour un certain nombre de raisons, notamment la perturbation des chaînes d'approvisionnement mondiales", a affirmé Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, ajoutant que l'interconnexion du continent avec les économies affectées de l'Union européenne, de la Chine et des Etats-Unis entraîne des répercussions.
Pour ce faire, en plus de mesures similaires d'auto-isolement, les pays africains cherchent à explorer des méthodes coordonnées.
Lors d'une conférence virtuelle au sujet du COVID-19, les ministres africains des Finances ont appelé lundi à la création d'un mécanisme coordonné de réponse continentale au COVID-19 afin d'atténuer les effets négatifs de la pandémie sur les économies et les sociétés africaines, selon un communiqué de la CEA.
Le continent africain a besoin d'un plan de relance économique d'urgence immédiate à hauteur de 100 milliards de dollars, a estimé la CEA, alors que les ministres ont mis l'accent sur la nécessité de soutenir le secteur privé et de protéger plus de 30 millions d'emplois menacés à travers le continent, en particulier dans les secteurs du tourisme et du transport aérien.
DES SOUTIENS FERMES
La Chine continuera d'intensifier son soutien aux pays africains dans leur lutte contre le COVID-19, a déclaré cette semaine Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'un point de presse quotidien.
La Chine et l'Afrique sont de bons amis, partenaires et frères, et les deux parties se sont toujours soutenues et entraidées mutuellement, a noté M. Geng. "Depuis l'apparition du COVID-19 en Chine, les pays et les organisations régionales africains ont apporté une forte solidarité et un soutien précieux de manière multiforme à la Chine dans ses actions contre l'épidémie".
Début février, l'Union africaine est devenue la première grande organisation régionale à soutenir la Chine, son Conseil exécutif déclarant que ses membres ont exprimé leur solidarité avec le gouvernement et le peuple chinois dans leurs efforts pour contrer la propagation du coronavirus.
Alors que la Chine a fait des progrès remarquables dans le contrôle de l'épidémie, l'Afrique est confrontée à des défis croissants liés au virus. En ce moment crucial, la Chine accorde autant de soutien que possible au continent, allant des fonds et fournitures médicales d'urgence à la formation médicale en passant par des réunions vidéo entre experts pour partager les informations et expériences.
"La Chine accorde une attention particulière à la situation épidémique en Afrique et fournit activement aux pays africains et à l'Union africaine divers types d'aide matérielle, tels que des réactifs de test et des produits médicaux de protection", a déclaré M. Geng, ajoutant que certains équipements y étaient déjà arrivés.
De nombreuses entreprises et organisations non gouvernementales chinoises et la communauté chinoise en Afrique ont également fourni leur assistance à la partie africaine, dont les Fondations Jack Ma et Alibaba qui s'étaient engagées à faire don de 100.000 masques médicaux, 20.000 kits de test et 1.000 combinaisons de protection et écrans faciaux à chacun des 54 pays du continent africain.
D'énormes quantités de fournitures médicales offertes aux pays africains par la Fondation Jack Ma, étaient arrivées dimanche matin à Addis-Abeba, la capitale de l'Ethiopie, par un vol cargo d'Ethiopian Airlines pour être distribuées vers tous les pays africains.