Pas de raison valable pour que la Chine participe à des négociations trilatérales sur les armes

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Chine
French.china.org.cn | Mis à jour le 17-07-2019


La Chine n'a aucune raison valable de participer aux négociations trilatérales sur le contrôle des armements avec les Etats-Unis et la Russie, a déclaré mardi Geng Shuang, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Lors d'un point de presse de routine, M. Geng a appelé la Russie et les Etats-Unis à continuer de réduire considérablement leurs armes nucléaires de manière vérifiable, irréversible et juridiquement contraignante, ce qui créera les conditions nécessaires à la réalisation d’un désarmement nucléaire final et complet.

Des représentants russes et américains devaient se réunir mercredi à Genève pour explorer un nouvel accord visant à limiter les armes nucléaires pouvant éventuellement inclure la Chine, selon Reuters, citant de hauts responsables américains qui ont requis l'anonymat.

Le président américain Donald Trump a déclaré qu'il souhaitait un accord sur le contrôle des armements de la prochaine génération avec la Russie et la Chine, couvrant tous les types d'armes nucléaires, selon les médias américains.

Le secrétaire d'Etat adjoint américain, John J. Sullivan, dirigera la délégation américaine à Genève, qui comprendra Tim Morrison, l'un des principaux collaborateurs au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, ainsi que des représentants du Pentagone, de l’Etat-major des Armées et de l’Agence de la sécurité nationale.  

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, dirigera la délégation russe.

M. Geng a remarqué qu'il espérait que les négociations envoient un message positif au monde.

Le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (TFPI) entre la Russie et les Etats-Unis doit expirer le 2 août.

Pour les Etats-Unis, le TFPI est déjà caduc car, selon eux, la Russie le violait depuis des années, partiellement en développant et en mettant en service le missile de croisière terrestre SSC-8 à capacité nucléaire. En février, Washington avait suspendu sa participation au TFPI, affirmant sortir de l'accord le 2 août si la Russie ne s’y conformait plus. Moscou avait nié l'allégation de violation du TFPI et accusé Washington de rompre l'accord, ce que les Etats-Unis avaient également nié. Le 3 juillet, le président russe Vladimir Poutine a enfin signé un projet de loi suspendant la participation du pays au TFPI. Le décret a été adopté par la Douma le mois dernier.

Le TFPI, qui a été signé par le président américain Ronald Reagan et le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev en 1987, était considéré comme un accord historique en matière de contrôle des armements. Il interdisait à la Russie et aux Etats-Unis de posséder, de produire ou de mener des vols d'essai de missiles de croisière et de missiles balistiques terrestres d'une portée de 500 à 5 500 kilomètres. Le traité limitait le nombre d'ogives déployées à 1 550 pour chaque partie.

Dans un article du magazine mensuel « Arms Control Today » sur la non-prolifération et la sécurité mondiale, Daryl G. Kimball, directeur exécutif de l’Association pour le contrôle des armes, basée aux Etats-Unis, a suggéré que le nouveau Traité sur la réduction des armes stratégiques, également appelé « Nouveau START », soit étendu pendant cinq ans de plus afin de « jeter les bases d’un accord qui succède plus ambitieux ». « Sans le Nouveau START, il n’y aura pas de limite juridiquement contraignante et vérifiable relative aux arsenaux nucléaires américains ou russes pour la première fois depuis près d’un demi-siècle », a-t-il estimé. 

Le Nouveau START avait été signé par la Russie et les Etats-Unis en 2010 et était entré en vigueur en 2011. Il remplaçait le traité START I de 1991, qui avait expiré en 2009, et se substituait au Traité sur les réductions des armes offensives stratégiques de 2002, qui avait pris fin lorsque le Nouveau START était entré en vigueur.

Le Nouveau START stipule que les Etats-Unis et la Russie ne doivent pas posséder plus de 1 550 ogives déployées sur 700 véhicules porteurs d’ogives nucléaires stratégiques à longue portée. Les deux parties avaient réduit leurs forces, respectant les limites prescrites en février dernier. Si Moscou et Washington ne parviennent pas à un accord sur une prolongation, l'accord pourrait devenir caduc en 2021.

M. Kimball a écrit que « si M. Trump continue à écouter les conseils de John Bolton [le conseiller américain pour la sécurité nationale] et laisse expirer le Nouveau START, il deviendra probablement le premier président depuis John Kennedy à ne pas réussir à conclure au moins un accord avec la Russie pour réduire les dangers nucléaires, et il aura ouvert la porte à une nouvelle et dangereuse course aux armements nucléaires ». 

La Russie n'envisage pas de déployer de nouveaux systèmes d'armement sur la partie européenne de son territoire après le retrait des Etats-Unis du TFPI, à moins que de nouveaux missiles américains ne soient installés en Europe, a annoncé la Mission permanente de la Russie auprès de l'OTAN à l'issue d'une réunion du Conseil OTAN-Russie à Bruxelles le 5 juillet.

Chen Yu, chercheur à l'Institut d'études eurasiennes des Instituts chinois des relations internationales contemporaines, basé à Beijing, a déclaré que la compétition entre la Russie et les Etats-Unis s'était ralentie ces dernières années dans des points chauds géopolitiques comme la Syrie, l'Ukraine et le Venezuela. Si le TFPI expire, il y aura plus de chances que les deux puissances nucléaires entrent en conflit par accident », a affirmé M. Chen. Et d’ajouter que « si la Russie et les Etats-Unis sortaient du traité, il n'y aurait aucune limitation sur le développement et le déploiement de nouveaux missiles à courte et moyenne portée. »

Shen Jiru, chercheur à l'Institut d'économie et de politique mondiale de l'Académie des sciences sociales de Chine, est pessimiste. « Ce traité a longtemps servi de stabilisateur à l'Europe. Une fois résilié, les conséquences seront sérieuses. Il y aura une nouvelle course aux armements. »

Aucune avancée n’est attendue pour le TFPI lors de la réunion de mercredi à Genève, ont déclaré des responsables américains cités par Reuters. En outre, les Etats-Unis ne prévoient pas de discuter du renouvellement du nouveau START, ont-ils enfin remarqué.


Source:french.china.org.cn
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