L'ancien directeur de la NASA appelle à lever l’interdiction sur la Chine
Il y a à la fois de l’optimisme et un besoin pour les Etats-Unis de reprendre sa coopération avec la Chine dans l’exploration spatiale, a déclaré un astronaute vétéran et ancien administrateur de la NASA quelques jours après l’atterrissage historique le 2 janvier de la sonde chinoise Chang’e 4 sur la face cachée de la Lune.
« La Chine doit être fière d’avoir accompli cela. Chaque fois que vous faites quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant est une raison pour être enthousiastes et se réjouir », a déclaré Charles F. Bolden, qui a été le directeur de la NASA de juillet 2009 à janvier 2017.
Les interdictions du Congrès sur la coopération spatiale avec la Chine, comme stipulées par l’amendement Wolf (2011 Wolf Amendment to NASA appropriations), représentent une « contrainte légale significative » et une « entrave », qui doit être assouplie ou annulée, a-t-il déclaré.
« Je suis incroyablement optimiste. Je pense simplement que la raison l’emportera », a déclaré M. Bolden dans une interview exclusive. Charles F. Bolden est le deuxième astronaute dans l’histoire de la NASA à occuper un poste d’administrateur.
« Si cette administration se rendait au Congrès et disait "Ecoutez, nous souhaitons assouplir les conditions de l’amendement Wolf" ou "Nous voulons supprimer l’amendement Wolf", cela pourrait être accepté en un clin d’œil. Cela supprimerait les restrictions et nous pourrions collaborer [avec la Chine] dans le domaine des voyages spatiaux humains », a-t-il déclaré.
A la question de savoir d’où lui vient une telle confiance, M. Bolden répond : « Qui aurait pensé que Nixon se rendrait un jour en Chine ? », se référant à la visite historique du président Richard Nixon en Chine en 1972.
M. Bolden a également donné en exemple la coopération entre la Russie et les Etats-Unis, qui constituent pour certaines personnes « comme deux mondes différents ».
« Il n’existe pas de meilleur partenariat avec la Russie que celui de la NASA et de Roscosmos, car nous avons une mission commune », a-t-il expliqué. Roscosmos est l’entreprise d’Etat russe en charge des activités spatiales.
Au début du mois dernier, le membre de la Chambre des représentants des Etats-Unis John Culberson, qui avait présidé la sous-commission budgétaire de la Chambre des représentants chargée des opérations de la NASA et des autres agences scientifiques, a déclaré avoir « bon espoir » que le Congrès continuerait à interdire à la NASA de s’engager dans une coopération bilatérale avec la Chine, tant que certaines conditions ne seraient pas remplies, indiquait le 7 décembre le site Spacepolicyonline.com.
Cependant, M. Culberson, un républicain du Texas, a perdu son siège de représentant en 2018 et après la prise de contrôle de la Chambre par les démocrates le 3 janvier, la présidence de la sous-commission a changé de parti.
M. Bolden a déclaré que de nombreux partenaires internationaux travaillaient de manière collaborative avec l’agence spatiale chinoise. Samantha Cristoforetti de l’Agence spatiale européenne, qui a réalisé avec succès sa mission à bord de la Station spatiale internationale, et d’autres astronautes européens s’entraînent par exemple avec les astronautes chinois. « Ma peur est que les Etats-Unis soient laissés de côté », a expliqué M. Bolden.
Il y a eu des signes de coopération et de bonne volonté entre les autorités spatiales des deux pays au cours de ces derniers mois. Immédiatement après l’atterrissage réussi de Chang’e 4 sur la face cachée de la Lune, l’administrateur de la NASA Jim Bridenstine a envoyé à l’équipe chinoise un message de félicitations.
Au mois d’octobre dernier, M. Bridenstine a rencontré son homologue chinois Zhang Kejian, le directeur de l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA), en marge du Congrès international d’astronautique à Brême en Allemagne.
M. Bolden, qui a rencontré la plupart des astronautes chinois ayant été envoyés dans l’espace, a déclaré que lorsqu’il discutait avec ses collègues de la CNSA et partout ailleurs, ceux-ci souhaitaient toujours être capables de coopérer avec les Etats-Unis dans le vol spatial humain. « Nos deux nations ont les ressources financières et l’expertise technique pour faire progresser encore cette quête de l’humanité à aller toujours plus loin dans l’espace », a-t-il déclaré.
En plus de supprimer les contraintes légales, il est également nécessaire pour la coopération spatiale sino-américaine que l’administration du président Trump ravive le dialogue spatial sino-américain, a souligné M. Bolden.