France : la défiance envers la classe politique atteint un sommet historique, selon une étude (PAPIER GENERAL)

Par : Laura |  Mots clés : France-défiance-politique
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-01-2019

Alors que le mouvement des "gilets jaunes" secoue la France depuis près de deux mois, le baromètre annuel du Centre d'étude de la vie politique (Cevipof) de Sciences Po, publié vendredi, vient confirmer le sentiment de profond malaise de la société française et traduit un niveau de défiance inédit à la fois envers les instances et les acteurs de la vie démocratique.

"Un tsunami de défiance contre les élites et les institutions politiques" n'hésite pas à titrer vendredi le quotidien Le Figaro qui publie ce baromètre réalisé par l'institut OpinionWay. Selon le journal de droite, "la cote d'alerte est atteinte", "tous les indicateurs sont au rouge" ou encore "le président de la République - sa fonction et sa personne - est l'épicentre de ce séisme", estime-t-il.

D'après ce baromètre, seuls 9% des sondés déclarent avoir confiance en la classe politique. La méfiance (37%) et le dégoût (32%) sont les deux premiers sentiments que leur inspireraient leurs élus. Seuls 2% d'entre eux expriment du respect à l'égard des politiques.

D'autre part, quelque 70% des sondés considèrent que la démocratie ne fonctionne pas très bien ou pas bien du tout, alors qu'ils étaient moins de la moitié (48%) à le penser en décembre 2009 lors du lancement de cette étude du Cevipof.

Aucune des personnalités politiques de premier plan n'a une cote de confiance supérieure à 25%.

Le président de la République Emmanuel Macron comme le Premier ministre Edouard Philippe suscitent une faible adhésion, respectivement de 23% (-10 points) et de 22% (-8 points) par rapport à l'an dernier.

Et surtout, à la question "A votre avis, est-ce que les responsables politiques se préoccupent de ce que pensent les gens comme vous?", 95% des sondés répondent "non".

Les élus locaux sont les seuls à être quelque peu épargnés. Quand on leur demande en qui ils ont le plus confiance, les sondés citent leur maire (58%, +3%).

"Nous n'avions jamais vu un tel sentiment de dégoût, de morosité mais aussi de colère", a commenté, sur Franceinfo, le coordinateur de l'étude, Bruno Cautrès. "C'est un véritable gouffre auquel nous assistons. Lorsqu'on regarde certains de nos indicateurs, le sentiment que les hommes politiques ne sont pas empathiques, qu'ils ne sont pas aux côtés des Français, qu'ils vivent dans un autre monde, est extrêmement présent", a-t-il déclaré.

Cette vague de défiance ne se cantonne pas à la classe politique. Seulement 27% des sondés déclarent avoir confiance dans les syndicats et 23% dans les médias. Ce n'est guère mieux pour les banques (27%).

Les Français continuent cependant à se fier aux hôpitaux (78%), aux PME (78%), à l'armée (74%) et la police (74%).

Concernant le mouvement des "gilets jaunes" qui secoue la France depuis près de deux mois, les personnes sondées affirment le soutenir "tout à fait" (31%) ou "plutôt (29%)" (soit 60%). Elles estiment à 72% qu'il porte les revendications de nombreux Français et représente plutôt un renouvellement de la démocratie.

En matière de justice sociale, les personnes interrogées sont "plutôt d'accord" (69%, +14 pts) avec la phrase "Pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres". Ils souhaitent par ailleurs que le système capitaliste soit réformé en profondeur (49%) ou au moins sur quelques points (41%).

Elles ne sont que 23% à penser qu'il faut supprimer la loi sur le mariage homosexuel, mais sont toujours 60% à estimer que l'islam représente une menace pour la République.

Résultat paradoxal de l'étude du Cevipof, près des deux tiers des sondés (59%) disent ne pas avoir confiance en l'avenir et, dans le même temps, 74% considèrent pouvoir changer la société par leurs choix et leurs actions (contre 81% en décembre 2009).

D'autre part, si près de la moitié des personnes interrogées (49%) estiment avoir des conditions de vie meilleures que leurs parents au même âge, elles sont 60% à estimer que la situation économique s'est dégradée.

Les Français interrogés restent cependant attachés à la démocratie : ils sont 86% à dire qu'un système démocratique est une bonne façon de gouverner, plutôt qu'un schéma où les citoyens gouvernent directement (56%).

Ils sont 70% à déclarer que les questions "importantes" devraient faire l'objet d'un référendum, 72% pensant que des référendums à leur initiative seraient une bonne chose.

L'étude du Cevipof a été réalisée du 13 au 24 décembre auprès de 2.116 personnes inscrites sur les listes électorales issues d'un échantillon de 2.251 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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Source: Agence de presse Xinhua
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