La marche en avant de l'Afrique n'obéit pas à la linéarité historique occidentale (rapport)
La marche en avant de l'Afrique n'obéit pas à la linéarité historique occidentale, souligne l'Institut Royal marocain des Etudes Stratégiques (IRES) dans son rapport stratégique 2018, intitulé "Pour un développement autonome de l'Afrique".
Cette marche "se caractérise, au contraire, par le leapfrog, ce bond qui lui permet de sauter certaines étapes, comme le téléphone filaire, les réseaux d'électricité centralisés, voire même, l'industrie de main-d'œuvre", indique l'IRES dans ce rapport.
Le retard de l'Afrique dans de nombreux domaines lui sert de tremplin pour adopter de nouvelles solutions, comme l'eau et l'énergie décentralisées, l'enseignement à distance, les micro-fintech, etc, estime le rapport, faisant remarquer qu'au regard de la fracture imposée par l'Histoire à sa propre évolution et qui réside dans la colonisation, l'émergence politique, économique et humaine de l'Afrique se fait à un rythme inégalé dans l'histoire des autres continents.
Rappelant que les raisons de l'afro-pessimisme sont nombreuses (infections sexuellement transmissibles, corruption, urbanisation chaotique, déficit d'infrastructures), l'IRES fait observer que "cet aspect des choses n'est que la partie émergée de l'"iceberg" africain, celui que les médias privilégient et qui cache un autre fait, plus structurel : l'Afrique est en marche !".
"Quels que soient les domaines d'activité humaine, de la philosophie à l'entrepreneuriat, de la gouvernance multi-niveaux à la décentralisation, des expériences ont lieu, de nouvelles manières de faire et de penser se mettent en place, des innovations fleurissent", relève-t-il.
Ainsi, ledit rapport fait savoir que des critères plus structurels, comme l'éducation et l'innovation, révèlent qu'un nouveau monde, plus soucieux de la planète et de ses plus humbles habitants, plus optimiste et solidaire, est en train de voir le jour.
Dans ce sens, l'IRES estime que pour conforter cette émergence, l'Afrique a besoin de retrouver la confiance en elle-même pour faire face aux grands enjeux du présent et du futur, mettant l'accent sur la nécessité "d'inventer un nouveau modèle africain d'aménagement urbain, adapté aux défis du continent, notamment, dans les pays subsahariens, de développement agricole, capable de produire rapidement et en quantité suffisante, tout en régénérant les biomes et en valorisant l'agriculture traditionnelle, ainsi que de sécurité, prenant en considération la spécificité africaine et qui ne se contente pas juste de la doctrine universelle en la matière".
L'institut recommande également de considérer la continentalisation de l'Afrique comme une solution et non comme une négation de la transcendance historique des pays africains, pris individuellement.
Le rapport stratégique 2018 de l'IRES a pour objectif de montrer l'exceptionnelle richesse de la diversité africaine et de démontrer tout ce que les pays africains ont à gagner, en considérant l'Afrique comme un "en-soi", une réalité spécifique cohérente à l'échelle du continent.