Le vice-Premier ministre hongrois opposera son veto à toute décision de sanction de l'UE concernant la Pologne
Le vice-Premier ministre hongrois, Zsolt Semjen, a qualifié mercredi d'incroyable et de sans précédent la décision de la Commission européenne de lancer la procédure de l'Article 7 contre la Pologne en raison d'une réforme judiciaire controversée.
"La décision viole gravement la souveraineté de la Pologne," a dit M. Semjen dans une interview accordée à l'agence de presse hongroise MTI.
"Il est inacceptable que Bruxelles mette la pression sur des États souverains et punisse arbitrairement des gouvernements démocratiquement élus," a-t-il poursuivi.
"L'amitié entre la Pologne et la Hongrie et l'engagement du gouvernement hongrois en faveur des traités nous obligent à nous opposer à la décision de la Commission européenne au sein de toutes les instances,'' a souligné M. Semjen.
"Aujourd'hui et demain, le gouvernement hongrois est et restera aux côtés de la Pologne contre tout processus politique inéquitable et conceptuel,'' a-t-il dit.
À la question que lui posait l'agence MTI pour savoir s'il était possible que la Hongrie oppose son veto à la décision contre la Pologne, M. Semjen a clairement répondu ''oui.''
Plus tôt dans la journée de mercredi, la Commission européenne a indiqué dans un communiqué avoir déclenché l'Article 7 et lancé un processus de censure sans précédent contre la Pologne au sujet d'une réforme judiciaire controversée.
"Aujourd'hui, la Commission a conclu qu'il existe un risque clair de violation grave de l'État de droit en Pologne," est-il précisé.
Qualifié d"'option nucléaire", l'Article 7 n'a jamais été déclenché contre un État membre de l'Union européenne. La procédure pourrait finir par mettre la Pologne dans une situation lui ôtant ses droits de vote au sein du bloc des 28.
En vertu de l'Article 7, le Conseil européen, ou les chefs des gouvernements nationaux, peuvent déclarer qu'il existe un risque de grave violation, par un État membre, des valeurs européennes.
Cette déclaration ne peut être effectuée qu'à la majorité des quatre cinquièmes et peut ultérieurement donner lieu à des sanctions à l'encontre de l'État membre concerné. Entre autres conséquences, le pays peut se voir privé de son droit de vote au Conseil européen.
M. Semjen a dit qu'il était injuste que la Commission européenne ne fasse rien lorsque certains États membres manquent à leur obligation de se conformer aux traités européens et, en même temps, "déclenche politiquement des procédures contre le gouvernement polonais."
C'est un cas typique du "deux poids deux mesures" et ce que fait aujourd'hui la Commission européenne est contraire aux valeurs européennes," a souligné M. Semjen.
Il a également dit que l'Europe centrale et la Pologne sont actuellement les moteurs du développement économique européen. "L'Europe a besoin de la Pologne," a-t-il conclu. F