France : l'ancienne cité industrielle Amnéville en Lorraine a fait le pari audacieux du tourisme (PAPIER GÉNÉRAL)

Par :  |  Mots clés : France-sidérurgie-transformation
French.china.org.cn | Mis à jour le 08-12-2017

La commune d'Amnéville située à proximité de zones sidérurgiques sinistrées de Lorraine (nord-est de la France) a développé dès les années 1990 une stratégie de diversification d'activités liées aux loisirs et au tourisme. Si ce cas est très souvent présenté comme un exemple emblématique de reconversion économique réussi, la réalité est plus contrastée. L'ancienne cité industrielle, confronté au défi de la rentabilité, cherche aujourd'hui un second souffle.

"Le centre thermal et touristique d'Amnéville-les-Thermes regroupe un impressionnant choix d'activités tournées vers les loisirs, le sport et la détente. Il est le symbole de la réussite d'une reconversion audacieuse et récompensée depuis plus de 40 ans", plaident les responsables de la région.

Une clientèle chinoise serait la bienvenue, s'enthousiasme-t-on dans la région et à l'office du tourisme où des brochures sont déjà disponibles en mandarin. Avant d'énumérer les infrastructures les plus emblématiques de ce site unique en son genre dans la région du Grand Est, proche du Luxembourg et de l'Allemagne.

L'un des plus beaux zoos d'Europe, le deuxième casino de France, la plus grande piste de ski couverte du monde baptisée le snowhall, l'un des plus grands parcs d'aventures forestiers d'Europe, un golf 18 trous... Le complexe touristique propose pas moins de 70 activités différentes. Selon les chiffres donnés par les autorités, il accueille aujourd'hui entre 5 et 6 millions de visiteurs par an et pèse plus de 175 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Amnéville appartenait au "polygone lourd" de la sidérurgie lorraine. Les hommes qui ont été les acteurs de l'apogée industrielle ont assisté à son déclin et sont devenus les victimes de la crise internationale de l'industrie lourde et de sa transmission à la région", rappelle la géographe, professeure des Universités à Paris- Sorbonne, Edith Fagnoni, auteure d'une thèse sur Amnéville.

"Elle a fait le pari audacieux de transformer les friches d'une région industrielle sans attractivité touristique a priori. Plusieurs éléments ont infléchi cette orientation : les ressources naturelles représentées par une source chlorurée sodique hyperminérale, une volonté municipale convaincue de l'intérêt médical et social d'une station thermale, donc la possibilité de création, dans une région touchée par la crise de la mono-industrie sidérurgique, d'un pôle d'activité tertiaire", explique-t-elle.

"Cette volonté de reconversion économique se présentait comme un acte d'espérance en l'avenir. Du centre thermal au centre touristique, Amnéville a remporté en partie son pari ambitieux, en véhiculant, dans une région touchée par la crise, une image de plus en plus reconnue, axée sur la santé, le sport, les loisirs et la détente. A rester sur la carte, en quelque sorte. Avant la crise, la sidérurgie rapportait 80% des recettes communales, actuellement c'est le site thermal et touristique qui remplit cette fonction", relève-t-elle.

"Au-delà de la problématique centrale de la rentabilité se pose la question des échelles de l'attractivité : locale (concurrence - consommation), globale (coopération - cohérence). Des querelles politiques ont eu lieu, entre Amnéville et la commune voisine d'Hagondange notamment. Une stratégie globale, un véritable pôle de développement touristique, un pôle de communication et de publicité, sont plus que souhaitables", estime l'universitaire.

Le site d'Amnéville souffre aujourd'hui d'une certaine obsolescence des équipements existants et des espaces publics, d'une faiblesse sur l'hébergement et la notion de séjour, et de l'absence de marques ou d'enseignes internationales. Aucun investissement global significatif n'a été réalisé depuis une décennie hormis la transfiguration du casino et des travaux de remise en état de la station thermale et de la piscine-patinoire.

D'après les estimations, il faut entre 14 et 17 millions d'euros d'investissements pour le Snowhall, entre 30 et 32 millions d'euros pour le resort golfique, entre 6 et 10 millions d'euros pour le resort thermal et entre 5 et 7 millions d'euros pour le Galaxie.

Le site doit aujourd'hui se réinventer pour devenir "la station du divertissement familial et du bien-être" et passer d'une logique de grappe d'équipements de loisirs de proximité à une logique de destination touristique, soulignent plusieurs spécialistes de l'aménagement des territoires.

Une société publique locale (SPL) baptisée "Destination Amnéville", lancée en co-gestion avec les communes voisines d'Hagondange, Marange-Silvange, Rombas, les deux communautés de communes, le département et la Région, est aujourd'hui sur les rails. Maire d'Amnéville depuis 2014, Éric Munier, défend avec vigueur dans la presse régionale ce projet destiné à redynamiser le pôle thermal et touristique.

"On ne peut plus mobiliser les fonds publics comme par le passé. Aujourd'hui, avec les difficultés financières de la commune, la baisse des dotations de l'État et des subventions, le développement du site ne peut plus être lié à des fonds publics. Il faut rebondir. Il faut aller chercher des investisseurs privés en les rassurant et en leur donnant envie de venir. La création d'un organe de gouvernance dans lequel on retrouve toutes les collectivités va dans ce sens. Il supervisera notamment les travaux", explique l'édile.

"Tout le monde a pris conscience que nous avions entre les mains une économie touristique. Le site est le deuxième employeur de Moselle. Il représente 175 millions d'euros de retombées économiques sur place et 650 millions d'euros de retombées indirectes. Avec 1 600 emplois permanents et près de 2 500 en haute saison, c'est toute une région qui est concernée. Depuis dix ans, nous avons une meilleure fréquentation. Malgré la vétusté du lieu, le manque de nouveautés, on a de plus en plus de monde qui vient et de chiffre d'affaires sur le site. Le public, il est là et ça lui plaît. Il y a un vrai potentiel de développement", insiste-t-il.

L'objectif annoncé est de doubler les entrées grâce à des offres de loisirs et de divertissements renouvelées et de créer 1 000 emplois en dix ans. Un équipement autour de l'univers du jeu vidéo et un autre de type parc de loisirs dédié aux enfants sont à l'étude. Des contacts ont notamment été pris avec la société Legoland. Fin

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Source: Agence de presse Xinhua
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