Le président de Djibouti Ismail Omar Guelleh en visite officielle en Chine
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-11-2017
Avec des liens économiques en plein essor, le président djiboutien, Ismail Omar Guelleh, est en visite officielle en Chine de mercredi à vendredi, au moment où l'intérêt de la Chine pour l'Afrique passe du « commerce seulement » au maintien de la paix et aux missions stratégiques.
M. Guelleh sera accueilli jeudi au Grand Hall du Peuple par les dirigeants chinois. A cette occasion, les deux parties assisteront à la signature de multiples accords, qui ne manqueront pas de renforcer la coopération économique entre les deux pays.
La visite de M. Guelleh est « un témoignage des relations solides entre les deux pays et les deux peuples », a déclaré mercredi Abdallah Abdillahi Miguil, ambassadeur de Djibouti en Chine, dans un entretien écrit.
Bien que ce soit un petit pays, Djibouti occupe une position stratégiquement importante face au golfe d'Aden. La Chine y a d'ailleurs ouvert sa première base logistique à l'étranger pour la marine chinoise au début de cette année.
Selon l'ambassadeur, Djibouti a pour ambition de devenir le « Singapour de l'Afrique » et le libre-échange et la coopération financière devraient être à l'ordre du jour lors des discussions entre les dirigeants chinois et djiboutiens.
Les investissements de la Chine à Djibouti ont augmenté ces dernières années. Les projets chinois à Djibouti comprennent une zone de libre-échange de Djibouti, financée par la Chine, un pipeline d'eau venant d'Éthiopie, un chemin de fer vers Addis-Abeba et un nouvel aéroport international à 25 kilomètres au sud de sa capitale.
Avec un investissement initial total de 340 millions de dollars, les travaux de construction de la zone franche de Djibouti ont débuté en janvier. Elle est appelée à devenir la plus grande de son genre en Afrique, avec des installations de fabrication, de transport et d'entreposage. D'après Reuters, le projet a le potentiel de générer environ 15 000 emplois dans le pays.
Par ailleurs, le groupe chinois CGCOC a achevé un projet de pipeline visant à fournir chaque jour 3 000 tonnes d'eau douce d’Éthiopie à la région d'Ali Sabieh, à Djibouti.
Selon le site de l'ambassade de Chine à Djibouti, le pipeline fournira en moyenne 100 000 tonnes d'eau douce à 65% de la population djiboutienne.
Les investissements chinois à Djibouti profiteront probablement aussi à d'autres pays africains voisins.
Le chemin de fer Addis-Abeba-Djibouti, construit par la China Civil Engineering Construction Corporation et la China Railway Engineering Corporation, offrira ainsi à l’Éthiopie enclavée un accès vital à la mer et au marché mondial. En effet, plus de 95% du commerce de l'Éthiopie passe par Djibouti.
Une politique de non-intervention
Djibouti abrite la première installation logistique navale chinoise à l'étranger, dont les travaux ont commencé en 2016 et qui a officiellement ouvert ses portes le 1er août de cette année avec une cérémonie de lever du drapeau à Djibouti, dans la Corne de l'Afrique.
La base a suscité des inquiétudes sur la montée en puissance militaire de la Chine à l'étranger et sur la question de savoir si le pays va changer sa politique de longue date de « non-intervention » sur le continent africain.
« Djibouti est un petit pays avec une population limitée, dont la plus grande partie des revenus provient de la location de bases militaires ; il espère également que le personnel des installations étrangères stimule son économie », a déclaré He Wenping, chercheur à l'Institut des études africaines et ouest-asiatiques de l'Académie chinoise des sciences sociales.
Djibouti contrôle le détroit vital de Bab el Mandeb, qui relie la Méditerranée à l'océan Indien. Son emplacement géographique unique lui permet d'accueillir une base navale américaine, une installation japonaise et un contingent français. L'Arabie Saoudite prévoit également d'établir une base à Djibouti.
De son côté, la Chine a rejeté les allégations selon lesquelles elle renforce sa présence armée à l'étranger avec l'ouverture de sa base logistique.
« La Chine ne changera pas sa politique de non-intervention, elle contribuera à accroître sa présence en Afrique dans des missions humanitaires et de maintien de la paix, en participant à des évacuations massives comme celle du Yémen déchiré par la guerre en 2015 et à des patrouilles de lutte contre la piraterie en Somalie », a-t-il dit.