L'importation des motos chinoises a permis une "circulation technologique" en Afrique (chercheur)
L'importation des motos chinoises a permis une "circulation technologique" et le Togo en est le principal importateur en Afrique de l'ouest, selon Giorgio Blundo, directeur d'Etude à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) en France.
En fait, l'importation considérable de motos chinoises vers le Togo présente un paradoxe. Seulement "15% des motos importées restent" dans le pays, a expliqué M. Blundo, dans une communication sur "Les effets de la globalisation économique +par le bas+ en milieu rural ouest-africain: le cas des motos chinoises", dans le cadre d'un colloque qui s'est tenu du 3 au 5 octobre à l'Institut Confucius de l'Université de Lomé au Togo.
La rencontre a été organisée sous le thème : "La Chine en Afrique : quelle coopération agricole pour quelle sécurité alimentaire ? ", par l'Université de Lomé et l'ambassade de Chine au Togo.
Elle a regroupé des universitaires et chercheurs africains venus notamment du Togo, du Bénin, du Niger, du Gabon, de la Côte d'Ivoire, du Cameroun, du Tchad, de la République Centrafricaine et du Sénégal.
M. Blundo évolue sur un projet de recherche sur le thème : "Les motos chinoises en Afrique, globalisation, mobilité et politique (Togo, Bénin et Ghana)", au Laboratoire de recherche "Espace, Cultures et Sociétés" au sein de la Faculté des Sciences de l'Homme et de la Société (FSHS) de l'Université de Lomé.
Lors du colloque, il a révélé quelques résultats de ses recherches et a rapporté que le Togo a importé de la Chine des motos pour une valeur de 205 millions d'euros en 2016.
Le secteur de l'importation des motos a renforcé le pouvoir financier des acteurs locaux et M. Blundo parle d'un développement fulgurant de ce secteur des motos chinoises dans lequel opèrent 320 acteurs au Togo avec près de 125 marques dénombrées.
Des fortunés ont émergé parmi les acteurs locaux et sont pour la plupart les premiers collaborateurs des opérateurs chinois et qui sont devenus par la suite des importateurs de motos chinoises.
Certains ont même créé leurs propres marques et le commerce des motos chinois a permis, ce que Giorgio Blundo désigne, "une circulation technologique" entre la Chine et les pays africains.
La "circulation technologique" résulte, explique-t-il, du fait que des opérateurs locaux demandent, parfois aux partenaires chinois, des transformations techniques ou esthétiques des motos afin de les adapter aux marchés en Afrique.
Giorgio Blundo indique que le secteur de motos chinoises alimenterait une vaste "économie rurale" et relève que les taxis à deux roues, que sont les motos-taxi, remplacent les taxis-brousses dans les villes secondaires.
En exemple, il cite Afagna, une ville située à près de 80 km à l'est de la capitale togolaise, qui compterait près de 600 taxis motos.
En outre, la ville de Cinkassé, dans le nord du Togo, apparait comme un "port sec" de l'importation des motos chinoises et le plus grand marché en Afrique de l'ouest.
Située à la frontière avec le Burkina Faso, Cinkassé est devenu un centre de vente en gros et en détail, dans un circuit de commerce informel, vers lequel se dirigent des acheteurs venant même du Cameroun, du Mali et autres.
Au Togo, les motos chinoises arrivent en pièces détachées et sont montées par des acteurs locaux qui ont bénéficié de l'assistance des techniciens chinois.
Giorgio Blundo fait état de ce que la Chine, principale source d'approvisionnement, a une production annuelle de 23 millions de motos dont 9 millions sont exportées. Fin