Burundi : l'économie burundaise s'améliore par rapport à la situation de 2015 (INTERVIEW)

Par : LIANG Chen |  Mots clés : news
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-08-2017

La santé de l'économie burundaises'améliore par rapport à la situation qui prévalait lors de lacrise politico-électorale de 2015, a affirmé Salomon Nsabimana,expert burundais en macroéconomie.

L'expert Nsabimana, qui estégalement chercheur professionnel à l'Institut de DéveloppementEconomique (IDEC) de Bujumbura et professeur à la Faculté desSciences Economiques de l'Université du Burundi (UB), s'exprimaitau cours d'une interview accordée à Xinhua sur l'état des lieux del'économie burundaise à quatre mois de fin 2017 et début 2018.

"De façon globale, on voit que lasituation économique burundaise s'améliore dans certains domainespar rapport à la situation de crise de 2015. Toutefois, force estde constater que beaucoup d'indicateurs restent inférieurs à lasituation de 2014, jugée relativement bonne, année au cours delaquelle certains indicateurs étaient un peu élevés", a-t-ilprécisé.

L'actuelle situation économiqueburundaise s'analyse sous divers paramètres, en l'occurrencel'évolution du taux de croissance économique.

"En regardant de près la courbe dutaux de croissance économique, on découvre que le taux decroissance de 2014 était autour de 4,5% ; lequel a chuté au coursdes 12 mois de 2015 jusqu'à atteindre un seuil négatif. En 2016, leBurundi a connu certes une légère amélioration de son taux decroissance économique par rapport à celui de 2015 ; mais qui restede loin inférieur à celui enregistré en 2014", a-t-il faitremarquer.

L'expert Nsabimana a souligné quela "photographie" de la santé économique burundaise transparaîtégalement à travers l'examen de la production des richessesnationales, en se focalisant l'attention sur la contributionsectorielle.

"Avant la crise de 2015, lacontribution sectorielle au niveau des services avait une fortevisibilité dans le pays. On assiste, au lendemain de la fin du 1ersemestre 2017, à une légère amélioration de la contributionsectorielle des services ; mais qui dépasse un tout petit peu lasituation d'en 2015 durement frappée par le choc de la crise",a-t-il expliqué.

A ce jour, a-t-il souligné,l'économie burundaise est bâtie essentiellement sur deux secteurs,à savoir celui des services marqué aujourd'hui par une contributionsectorielle de 43% et celui de l'agriculture avec une contributionde 39%.

Car, a-t-il laissé entendre, lesecteur industriel burundais reste aujourd'hui "très faible" avecune contribution dans la valeur ajoutée, inférieure à 20%.

M. Nsabimana a relevé également ducôté de l'offre burundaise, que le processus d'investissementéconomique au Burundi est encore freiné par la "faiblesse" auniveau de l'épargne intérieure et un niveau du volume desimportations jugée inférieure par rapport à celui d'il y a troisans en 2014.

En effet, a-t-il insisté, parrapport à l'époque de crise de 2015, le niveau des importations enréférence au PIB (produit intérieur brut), est certes aujourd'huiamélioré pour avoir passé de 29% à 31%.

"Concrètement, cela signifie qu'endépit de la légère amélioration enregistrée en termes de volumed'importations ; les capacités d'importation ne sont pas encoredéveloppées au Burundi notamment à cause de l'insuffisance del'offre en devises", a estimé l'expert burundais.

L'analyse de la situationéconomique burundaise montre en outre qu'aujourd'hui, par rapport àla situation de crise de 2015, les recettes fiscales, encoredominées par les apports du commerce intérieur, "ont légèrementaugmenté".

En revanche, en ce qui concerne lescapacités de consommation des Burundais, l'expert Nsabimana asignalé que les dépenses de consommation des ménages sont trèsélevées au Burundi.

Cela signifie que les richessesnationales burundaises sont "destinées essentiellement à laconsommation". Et cela peut s'expliquer par la "faiblesse du revenupar habitant, aujourd'hui inférieure à 300 dollars par an et parhabitant" ; ce qui reste de loin inférieur par rapport au revenupar habitant d'autres pays de la région est-africaine (Kenya,Tanzanie, Ouganda, Rwanda et Soudan du Sud), a-t-il affirmé.

Analysant le volume desinvestissements burundais capté du point de vue économique par lacapacité de formation du capital, M. Nsabimana a indiqué que leniveau d'investissements internes au Burundi en 2017, a augmentépar rapport à l'année de crise de 2015.

Cependant, a-t-il émis une nuance,l'augmentation des investissements enregistrée en 2016 est "àrelativiser" dans la mesure où la performance obtenue resteinférieure à celle enregistrée en 2014.

L'expert Nsabimana a affirméégalement que l'analyse de l'état des lieux sur l'économieburundaise, doit mettre en exergue le niveau des investissementsdirects en provenance de l'étranger.

"En effet, quand on se penche deprès sur les investissements directs étrangers au Burundi, ondécouvre que les flux restent faibles. Sous cet angle, on ne peutmanquer de regarder de près le niveau des transferts des migrants,qui revêtent un aspect très important au niveau de la promotion desinvestissements innovants dans beaucoup de pays, africains enl'occurrence via des transferts de la diaspora. Au Burundi, cestransferts des migrants, si on les compare par rapport au PIB,restent encore avec des taux faibles", a-t-il souligné.

L'économie burundaise souffreencore également de la faiblesse du volume des exportations, apoursuivi l'expert en précisant que celles-ci représentent moins de7% du PIB.

Sur ce, il a déploré que lesexportations burundaises soient encore dominées par des produits del'agriculture ; car les produits manufacturés en la matière restetrès faible dans la mesure où ils représentent moins de 5% duvolume global des exportations.

"Bref, dans l'ensemble on voitaujourd'hui qu'il y a une certaine amélioration de l'économieburundaise, qui reste cependant très faible par rapport à lasituation de 2014", a-t-il tranché.

Pour l'expert Nsabimana,l'amélioration actuelle de l'économie burundaise sur base desstatistiques et des indicateurs par rapport à la situation quiprévalait à l'année de crise de 2015, s'explique fondamentalementpar une "reprise relative de l'activité économique" au Burundi à lafaveur de la situation sécuritaire burundaise "en train des'améliorer relativement".

"Car, par rapport à 2015, onenregistre une valeur ajoutée sur le plan sécuritaire ; mais, cen'est pas encore un bon environnement pour attirer lesinvestisseurs", a-t-il nuancé.

Pour l'expert Nsabimana, à ce jour,les défis majeurs de l'économie burundaise sont principalement latransformation structurelle de l'économie nationale (dans la mesureoù les Burundais ne peuvent continuer à vivre uniquement del'agriculture), la résolution du déficit énergétique et lerenforcement de l'environnement des affaires.

Mais il n'y a pas que des défispour l'économie burundaise, il existe aussi des opportunités pourson épanouissement dans le temps et l'espace, a-t-il souligné, encitant notamment le "riche" potentiel minier, le niveau accéléréd'intégration régionale et l'existence des structures de promotiondes investissements telle que l'Agence de Promotion desInvestissements (API). Fi

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Source: Agence de presse Xinhua

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