L’attentat de Londres expose les failles de la lutte anti-terrorisme

Samedi soir, Londres fut à nouveau frappée par une attaque terroriste. Un groupe d’hommes armés de couteaux ont lancé leur camionnette à pleine vitesse dans la foule rassemblée sur le London Bridge, avant de s’en prendre au couteau aux passants dans les rues et les bars du quartier adjacent du Borough Market. Sept personnes ont été tuées et au moins vingt autres ont été blessées.

Une enquête est en cours. Plusieurs explosions ont également été entendues près du London Bridge samedi soir et une attaque au couteau a eu lieu dans le quartier de Vauxhall. Cependant, ces événements n’étaient apparemment pas liés aux attaques terroristes, selon les informations policières. Les explosions auraient été des « explosions contrôlées » effectuées par la police.

Cette dernière attaque terroriste, qui s’est déroulée moins de deux semaines après l’attentat à la bombe de Manchester, a envoyé une onde de choc à travers le Royaume-Uni et l’Europe toute entière. Même si le nombre de victimes samedi dernier a été moins grand que l’explosion de Manchester, l’utilisation d’un véhicule et de couteaux - qui sont des objets du quotidien - marque une nouvelle forme de terrorisme intérieur. Par ailleurs, davantage de terroristes étaient impliqués dans cette dernière attaque. Celle-ci a créé une chaîne d’incidents dans les sites emblématiques de Londres, donnant l’impression que les attaques terroristes peuvent survenir à tout moment et créant un environnement anxiogène.

Dire que le terrorisme est un cancer de la société n’est pas une exagération. Le Royaume-Uni a beaucoup investi dans la lutte contre le terrorisme et réalisé des efforts significatifs en aidant les immigrants à s’intégrer dans la société. C’est également le pays européen, dont le contrôle de l’immigration est considéré comme le plus strict. Malgré cela, il a été frappé de plein fouet par des actes terroristes, devenant non seulement une cible de ces attaques, mais aussi un terreau pour les terroristes.

En dehors de la condamnation rigoureuse du terrorisme et du renforcement de la lutte anti-terrorisme, il semble y avoir peu de solutions simples pour parvenir à l’éradiquer. Aujourd’hui, de nombreux pays ont augmenté leurs investissements contre le terrorisme dans les contrôles de sécurité et les patrouilles mobiles, ainsi qu’en mettant en place des systèmes de renseignement adaptés.

De manière générale, ces mesures ont essayé au maximum de donner au « gardien » plus de fonctions, au lieu de donner davantage de ressources au « milieu de terrain ». Mais même un « gardien » fort est inutile si le « milieu de terrain » est faible...

Il s’agit là d’obstacles fondamentaux aux efforts de lutte contre le terrorisme. Du fait de clivages pérennes et d’un développement inégal entre les différentes religions et les différents groupes ethniques, la haine et l’hostilité restent une réalité du développement international. Pour assurer la sécurité, certaines mesures dans la lutte antiterroriste sont une offense à certains groupes, ce qui donne lieu à un renforcement de l’aliénation et du mécontentement. Ainsi se profile un cercle vicieux, qui facilite la tâche aux extrémistes prônant le terrorisme.

Internet a également renforcé l’impact de l’opinion publique de manière sans précédent, stimulant la confiance des terroristes et dopant leur volonté à lancer des attaques terroristes. Certains émeutiers endoctrinés par les extrémistes religieux pensent qu’il vaut la peine de mourir dans une attaque suicide pour leurs croyances.

L’humanité est habituée à la liberté et à mener une vie privée. La gestion et le contrôle social ont des fonds - et donc des moyens – limités. Il y a aussi les limites des droits de l’homme. De fait, il n’est pas possible de mettre entièrement chaque membre de la société à l’abri. Il existe une multitude d’angles morts et de nombreuses personnes ne sont pas protégées effectivement de l’intérieur.

En d’autres termes, si quelques terroristes se décident à agir et qu’ils ne trouvent pas d’outils plus « traditionnels » du terrorisme, ils peuvent toujours trouver une voiture et des couteaux et faire beaucoup de dégâts.

Il n’existe pas de solution miracle pour lutter contre la vague actuelle d’attaques terroristes. Au mieux, les efforts actuels reviennent à soulager la fièvre, sans traiter la maladie sous-jacente. Il est important que le monde travaille ensemble pour combattre le terrorisme et qu’il transfère une partie de l’énergie dans la gestion des affaires géopolitiques à cette fin. L’Occident, en tant que cible principale des extrémistes, doit impulser vigoureusement cet effort. La lutte contre le terrorisme doit devenir l’une des principales priorités de l’humanité toute entière et les efforts effrénés de dernière minute sont à éviter.