La Chine ne peut pas mener seule la bataille du changement climatique (experts)

Par : Sofia |  Mots clés : Chine,changement climatique ,experts
French.china.org.cn | Mis à jour le 05-06-2017

Malgré les appels lancés à la Chine pour qu’elle devienne un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique, remplir le vide laissé par les Etats-Unis, qui sont un émetteur important de gaz à effet de serre, ne sera pas possible sans une participation américaine, ont affirmé des experts.

Lin Boqiang, directeur du Centre de recherches économiques sur l’énergie de l'Université de Xiamen, a déclaré que la Chine va devenir une force de premier plan dans la lutte contre le changement climatique suite à l'annonce par le président américain Donald Trump que les Etats-Unis se retireraient de l'Accord de Paris.

« La Chine poursuivra ses réformes dans le secteur de l'énergie, ce qui contribuera à réduire les émissions de carbone », a-t-il indiqué dimanche au Global Times.

La décision de Trump a été largement condamnée par les dirigeants mondiaux, mais aussi par des politiciens, des entreprises et des écologistes aux Etats-Unis.

Cela compromettra les efforts des Etats, des villes et des entreprises américaines pour faire croître l'économie et créer des emplois, a déclaré Eric Heitz, PDG et co-fondateur de l’entreprise Energy Foundation, dans un communiqué envoyé au Global Times dimanche.

M. Heitz a indiqué que les Etats-Unis se retirent ainsi de leur position de leader mondial dans le commerce, la sécurité nationale et le changement climatique, mais « la Chine a affirmé son engagement continu envers l'action climatique, assurant ainsi sa position de leader mondial incontesté ». Il a ajouté que l'Europe et l'Inde intensifient également leurs efforts pour combler le vide laissé par les Etats-Unis.

« Prendre la tête du leadership mondial (dans la lutte contre le changement climatique) représente beaucoup trop, et est bien trop tôt pour la Chine. Les Etats-Unis sont un émetteur important, donc réduire les émissions ne peut être entièrement réalisé sans la participation des Etats-Unis », a affirmé Jiang Shixue, professeur à l'Université de Shanghai.

Le Premier ministre Li Keqiang a indiqué aux journalistes jeudi à Berlin que la Chine continuera à mettre en œuvre ses engagements pris à Paris, mettant en avant la baisse de la consommation de charbon du pays, a rapporté l'agence de presse Xinhua.

La Chine est l’investisseur le plus important dans les énergies renouvelables domestiques, avec 103 milliards de dollars en 2015, soit une hausse de 17% en glissement annuel, selon un rapport publié en janvier par l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière (Institute for Energy Economics and Financial Analysis). De 2015 à 2020, le pays installera 36% de la capacité mondiale de production d'électricité hydroélectrique, 40% de l'énergie éolienne mondiale et 36% de l'énergie solaire.

Sur la même période, les investissements dans les énergies renouvelables atteindront 2500 milliards de yuans (367 milliards de dollars), remplaçant 150 millions de tonnes de combustibles fossiles et réduisant les émissions annuelles de carbone de 1,4 milliard de tonnes, avait annoncé en décembre 2016 la Commission nationale pour la réforme et le développement. Le charbon devrait constituer 60% du bouquet énergétique de la Chine en 2017, a précisé l'Administration nationale de l'énergie.

Davantage d'efforts conjoints

Alors que certaines grandes villes chinoises se sont efforcées ces dernières années de réduire la pollution atmosphérique, les entreprises et les industries dépenseront davantage d’argent pour réduire les émissions de polluants, a fait savoir Li Li, directrice de recherche à ICIS China, cabinet d’expertise-conseil basé à Shanghai.

« Cependant, les marges bénéficiaires des combustibles non fossiles sont encore plus faibles que celles des combustibles fossiles, et c’est pourquoi les énergies éolienne et solaire doivent être soutenues par des politiques et des subventions », a-t-elle déclaré.

La décision de Trump sur le changement climatique est en revanche susceptible d'améliorer le partenariat Chine-UE, a-t-elle avancé.

Bien que le président américain ne soit pas favorable à l'Accord de Paris, certains Etats, villes et grandes entreprises des Etats-Unis ont confirmé leur engagement envers l'accord, ajoutant que la Chine peut maintenir un dialogue avec eux pour la coopération en matière d'énergie propre, car cela n’a pas besoin d’être tenu à un niveau bilatéral, a souligné Mme Lin.

Les gouverneurs des Etats de New York, de la Californie et de Washington ont annoncé lors d'une déclaration conjointe jeudi la constitution d’une coalition qui rassemblera les Etats américains engagés à respecter l'Accord de Paris sur le climat et à prendre des « mesures agressives contre le changement climatique », selon un reportage diffusé vendredi par la chaîne ABC News.

Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a déclaré jeudi qu'il discuterait de la fusion des marchés du carbone dans son Etat et en Chine lors de son voyage en Asie plus tard cette semaine, signe de l'ambition du gouverneur d'influencer la politique mondiale du changement climatique, a rapporté Reuters.

En 2014, le constructeur automobile chinois BYD a commandé une nouvelle usine eBus à Lancaster, en Californie, où elle s'attend à fournir 300 eBus pour le marché américain rien qu’en 2017, a rapporté l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière.

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