L'OIAC met en garde contre des "attaques chimiques" par les combattants étrangers de l'EI de retour de la Syrie

Les combattants étrangers de l'Etat islamique (EI) de retour de la Syrie dans leurs pays d'origine pourraient mener des attaques chimiques après avoir appris la façon d'utiliser la substance toxique dans les zones de combat, a averti vendredi le Directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) Ahmet Üzümcü.

"La menace du terrorisme chimique est une préoccupation majeure notamment après ce qui est arrivé en Syrie et en Irak où l'EI a été identifié comme l'un des auteurs d'attaques au gaz moutarde, alors qu'il y a eu aussi des allégations plus récentes attribuées à l'EI", a déclaré M. Üzümcü lors d'une table ronde avec la presse étrangère au siège de l'OIAC.

"Nous craignons que les combattants étrangers pourraient retourner dans leurs pays d'origine avec le savoir-faire de la production et de l'utilisation de ces armes", a-t-il dit.

"Nous recevons des informations de nos États Parties, ce qui confirme plutôt la gravité. Jusqu'à présent, dans les activités terroristes dans plusieurs pays européens d'autres armes ont été utilisées, mais ils n'excluent pas la possibilité que des armes chimiques ou d'autres armes non-conventionnels pourraient également être utilisées", a indiqué le chef de l'OIAC.

L'OIAC a demandé à ses Etats membres d'émettre des recommandations sur les mesures nécessaires, tandis que la Mission d'intervention rapide et d'assistance de l'OIAC est prête à être déployée rapidement dans l'un de ses 192 Etats membres sur demande.

"La plupart des pays européens ont une certaine préparation, mais aussi à travers des institutions telles que l'OTAN et l'UE pour répondre à la situation, mais d'autres pays n'ont pas prêts", a-t-il expliqué.

Le Directeur général de l'OIAC a relevé que depuis 2013 le nombre de cas d'utilisation présumée d'armes chimiques a augmenté considérablement, avec 45 incidents présumés signalés depuis fin 2016, tous en Syrie.

M. Üzümcü a appelé les Etats membres de l'organisation à renforcer la norme mondiale établie par l'OIAC par "l'application des dispositions de l'organisation".

Selon l'OIAC, 95% des stocks d'armes chimiques déclarés par les États détenteurs ont déjà été éliminés.

"La Russie est susceptible de compléter la destruction par l'année prochaine, les États-Unis dans cinq à six ans", a déclaré M. Üzümcü.

Samedi marque le 20e anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques, et de la création de l'OIAC.

L'OIAC, lauréate du prix Nobel de la paix en 2013, a maintenant 192 Etats membres représentant 98% de la population mondiale. F