Djibouti se dote d'une nouvelle stratégie pour accélérer l'abandon de l'excision (PAPIER GENERAL)

Par : Laura |  Mots clés : Djibouti, mutilation génitale féminine
French.china.org.cn | Mis à jour le 13-02-2017

Le ministère djiboutien de la Femme vient de présenter une nouvelle stratégie pour accélérer l'abandon de toute forme d'excision pour la période de 2018 à 2022 à Djibouti.

Réalisée en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), cette nouvelle stratégie qui sera soumise pour validation au Parlement va constituer le socle sur lequel repose l'option stratégique du gouvernement djiboutien pour renforcer davantage les actions permettant le respect de l'intégrité physique des petites filles.

La stratégie se veut être également la référence nationale pour la promotion et la protection des droits des enfants, en particulier la protection de l'intégrité physique de la fille.

Elle vise surtout à redynamiser le dispositif de la riposte nationale contre les mutilations génitales féminines (MGF).

Elle prend par ailleurs en considération les leçons apprises et les obstacles rencontrés lors de la mise en œuvre d'actions précédentes, et plus particulièrement de la stratégie nationale quinquennale 2007-2011.

Cette nouvelle stratégie a été élaborée avec une approche participative qui a permis l'implication de tous les acteurs institutionnels du pays, la société civile ainsi que les communautés des régions de l'intérieur pour acquérir le consensus de tous et de toutes afin d'éliminer totalement la pratique des MGF.

"Malgré la tendance de baisse des pratiques des MGF, son évaluation a par ailleurs mis en exergue que le risque de la médicalisation de la pratique reste encore élevée, que certaines zones ne sont pas couvertes par des activités de sensibilisation et d'autre part que certains acteurs clés restent inactif sur ce sujet", a déclaré la ministre djiboutienne de la Promotion de la Femme, Moumina Houmed Hassan.

Selon elle, aujourd'hui, plus que jamais, la volonté politique de son pays est au centre des actions pour l'abandon des MGF qui s'illustre par l'interdiction de celles-ci par des mesures législatives assorties de sanctions.

"Mais compte tenu de la nature particulière de l'infraction, en raison de l'identité des auteurs qui sont les parents ou grands-parents de la victime et de la solidarité familiale très forte dans notre tradition, malgré l'existence des mesures répressives, à ce jour, une plainte seulement à été enregistrée", a-t-elle reconnu.

La ministre a fait savoir par ailleurs que les lois à elles seules ne peuvent résoudre le problème. "Il nous faut une prise de conscience collective des dommages irréparable et irréversibles causés aux jeunes filles. C'est pourquoi, la mobilisation de l'opinion publique à travers l'éducation et l'information afin de parvenir à l'abandon total de toutes formes d'excision s'avère indispensable", a-t-elle expliqué, soulignant l'impérieuse nécessité de continuer à agir et redoubler d'efforts pour refuser la souffrance de jeunes filles et protéger leur intégrité physique.

Pour la ministre djiboutienne, aucun résultat ne sera possible sans la mobilisation et l'implication des communautés, des chefs traditionnels, des artistes, des médias, et de l'appui constant des partenaires techniques et financiers.

Elle a annoncé à cet effet que son département va multiplier et intensifier le plaidoyer et les compagnes de sensibilisation en vue d'obtenir une adhésion plus large sur cette problématique.

"Il n'existe pas de solutions miracles aux situations sociales et culturelles qui génèrent les violences faites aux femmes, dont les MGF, mais nous sommes convaincus que la sensibilisation et l'éducation apporteront beaucoup de réponses", a-t-elle conclu.

Selon les données du ministère djiboutien de la Promotion de la Femme, une tendance vers la baisse du taux de prévalence et une préférence vers la forme la moins sévères des MGF a été observée ces dernières années à Djibouti.

L'enquête des ménages à multiplies indicateurs (l'EDIM) réalisée en 2006 montre que l'excision a affecté 93,1% des femmes âgées de 15 à 49 ans. En 2012, des comparaisons sur ce même groupe d'âge révèlent que 79,6% ont subi les MGF. La prévalence globale des MGF de 0 à 60 ans est actuellement estimée à 78,4% à Djibouti.

Les mutilations génitales féminines (MGF) désignent l'ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes. Cette pratique est réalisée sans anesthésie par une exciseuse traditionnelle avec un couteau ou une lame de rasoir.

Selon un rapport de l'UNICEF publié en février 2016, cette pratique néfaste demeure toujours un problème d'envergure mondiale. "Au moins 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd'hui ont subi des mutilations génitales dans 30 pays", note le rapport.

Le document précise que les filles de 14 ans et moins représentent 44 millions du total des personnes excisées. Par ailleurs les pays où l'on trouve les plus fortes prévalences des MGF pour cette tranche d'âge sont la Gambie (56%), la Mauritanie (54%) et l'Indonésie où environ la moitié des filles âgées de 11 ans et plus ont subi cette pratique. Les pays où la prévalence des MGF chez les filles et les femmes de 15 à 49 ans est la plus élevée sont la Somalie (98%), la Guinée (97%) et Djibouti (93%).

Dans la plupart des pays, la majorité des filles ont été excisées avant leur cinquième anniversaire, selon ce rapport de l'UNICEF. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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