Le Tchad mise sur la prévention et la mobilisation générale pour éliminer le sida d'ici 2030 (PAPIER GENERAL)

Par : Norbert |  Mots clés : Tchad, lutte contre le VIH/sida
French.china.org.cn | Mis à jour le 02-12-2016

A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée jeudi, le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) du Tchad et ses partenaires appellent tous les Tchadiens à lever la main pour la prévention du VIH et se mobiliser pour mettre fin à la pandémie d'ici 2030.

Malgré l'engagement des autorités tchadiennes dans les domaines de la prévention et de la prise en charge du VIH/sida, le Tchad est classé parmi les cinq pays de la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre où la prévalence du VIH/sida reste la plus élevée, surtout chez les enfants, en s'établissant à 1,6% en 2015 au niveau national.

En plus, le taux d'infection au VIH est particulièrement élevé parmi les populations vulnérables : 8.300 nouvelles personnes sont infectées par le virus chaque année au Tchad et on estime que 8.500 personnes sont décédées du sida en 2014 contre 23.000 en 2005, selon des données du CNLS.

Pour inverser la tendance, le gouvernement et les partenaires impliqués dans la lutte contre le sida, mettent l'accent sur une série d'actions : encourager les populations clés les plus à risque à se protéger pour réduire la transmission du VIH par la voie sexuelle, renouveler l'engagement communautaire pour l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, encourager les femmes enceintes et leurs maris à fréquenter les centres de santé pour les consultations prénatales, éliminer toutes nouvelles infections au VIH chez les adolescents et jeunes, se faire dépister et retirer le résultat, assurer le traitement de toutes les personnes infectées, combattre la stigmatisation et la discrimination pour un monde meilleur sans sida.

Au Tchad, les professionnelles du sexe constituent un groupe à risque. Une étude réalisée en 2009 par le CNLS, sur financement de l'ONUSIDA, a trouvé une séroprévalence de 20% chez les professionnelles du sexe. D'autres études réalisées ailleurs ont aussi prouvé des prévalences élevées chez ce groupe hautement vulnérable.

La "Society for Women and Aids in Africa" (SWAA) au Tchad forme régulièrement les professionnelles du sexe sur la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) et le sida.

"La lutte contre la pandémie du VIH Sida n'est pas seulement médicale, elle est également communautaire et multisectorielle", déclare Djaïbé Zara, présidente de la SWAA-Tchad, branche de la SWAA Internationale (Society for Women Against AIDS in Africa) qui est une organisation panafricaine non gouvernementale des femmes face au VIH/sida.

Dans ce vaste pays d'Afrique subsaharienne, la prévalence du sida chez les femmes s'élève à 4,2%, contre 2,6% chez les hommes, dans la tranche d'âge de 25 à 34 ans, d'après des données du ministère de la Santé publique de novembre 2012.

Le taux de prévalence global du VIH/sida est de 3,4% dans la population de 15-49 ans, d'après les mêmes sources précitées qui révèlent 360.000 personnes vivant avec le VIH sur une population totale de plus de 12 millions d'habitants.

Autre cible où la prévention est fortement axée : les les jeunes parmi les populations touchées par le VIH, les adolescents, seul groupe pour lequel les chiffres relatifs à la mortalité ne sont pas en diminution. Le Centre de solidarité des jeunes pour la formation et le développement, une ONG tchadienne, et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), ont lancé à la mi-novembre, une vaste campagne de dépistage volontaire et anonyme du VIH/sida en faveur des jeunes et adolescents de la capitale, âgés entre 12 et 24 ans.

Le gouvernement tchadien, sur ses fonds propres, a décidé d'assurer une charge gratuite des malades du sida : dépistage, traitement et suivi. Ainsi les services de la prévention, du dépistage volontaire et de la prise en charge, sont disponibles et gratuits dans toutes les formations sanitaires du pays. Les progrès réalisés au cours des trois dernières années sont encourageants, notamment grâce à la gratuité des soins et la mise à échelle des services de Prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME). A titre d'exemple, le nombre de femmes enceintes qui reçoit des antirétroviraux est passé de 12% en 2012 à 38% en 2015.

Au Tchad, 31% des personnes vivant avec accélération ont dépisté en 2015, et 37% de ces dépistés ont été mis sous antirétroviraux, mais seulement 1% de ces derniers ont une charge virale indétectable, selon des données du ministère de la Santé publique.

"Ces chiffres viennent nous interpeller et nous indiquent clairement les efforts à fournir en matière de dépistage, de traitement et surtout de la décentralisation de la détermination de la charge virale", a indiqué Assane Nguéadoum, ministre tchadien de la Santé publique.

"Aujourd'hui plus que jamais, les efforts doivent être orientés vers la prévention par la suppression de la charge virale, l'autonomisation des femmes et filles, l'élimination de la transmission de la mère à l'enfant du VIH, la réduction des risques et l'utilisation du préservatif", a-t-il ajouté.

M. Nguéadoum a lancé un vibrant à tous les partenaires techniques et financiers de poursuivre leurs appuis multiformes afin d'aider son pays à vaincre cette pandémie. "Pour faire du Tchad un pays sans sida d'ici 2030, nous devons faire preuve d'imagination et d'intelligence. Nous devons plus que par le passé, redoubler, voire tripler d'efforts pour que le Tchad soit au rendez-vous des pays qui auront éliminé le sida en 2030. Ça sera le plus beau cadeau que nous ferons aux générations futures".

Mais dans sa croisade contre le sida, le Tchad doit faire face à un problème de taille : la stigmatisation et la discrimination. Il a été le premier pays de l'espace francophone et l'un des premiers en Afrique à avoir adopté, en l'an 2007, la loi n°19 portant sur la protection des droits des personnes vivant avec le VIH.

"Certes, notre pays a consenti de gros efforts pour lutter contre ce phénomène à travers les textes juridiques, mais beaucoup reste à faire pour l'accès universel à la santé et aux droits des couches vulnérables, car la stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH prend de plus en plus des proportions très inquiétantes, tant dans les communautés que dans les milieux professionnels", a déploré Naradoum Nahodjingar, secrétaire exécutif du Réseau national tchadien des associations des personnes vivant avec le VIH (RNTAP).

Les résultats d'une étude réalisée en 2013 par le Réseau avec le CNLS révèlent que sur un échantillon de 1.194 personnes vivant avec le VIH, plus de 56% ont déclaré avoir été l'objet de discrimination ou stigmatisation de la part de leurs familles et de leurs entourages, au cours des douze derniers mois. Dans cette course à la discrimination, la capitale économique Moundou vient en tête avec un taux de 81%, suivie de N'Djaména, la capitale politique (56%), Abéché et Mongo (46%) et Sarh (41%).

"Ces chiffres sont provocateurs et méritent des actions plus énergiques sous toutes leurs formes, tant de nos jours, ce n'est pas le sida qui tue, mais c'est plutôt la stigmatisation et la discrimination qui tuent les personnes vivant avec le VIH", a conclu M. Nahodjingar. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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