Développement économique : des chercheurs discutent du modèle chinois à Dakar

Une table ronde, organisée lundi par le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA, organisme indépendant), a permis de débattre des expériences de la Chine et de l'Afrique en matière de développement. L'objectif de la rencontre est, selon ses initiateurs, de voir comment l'Afrique peut accélérer son développement en se basant sur le modèle chinois.

L'économiste tiers-mondiste Samir Amin a fortement soutenu que l'Afrique doit coopérer avec la Chine.

Pour ce professeur égyptien, l'Afrique doit adopter cette orientation parce que sa coopération avec que les Occidentaux "n'est pas une coopération", car elle "impose des conditionnalités à toute forme d'aide", alors qu'avec la Chine, "il n'y aura pas de conditionnalité" et les choix politiques des Africains n'est pas son problème.

Demba Moussa Dembélé, membre du Forum des alternatives, a déclaré qu'il faut une "souveraineté sur nos ressources naturelles", "parce qu'il n'est pas possible de développer si on continue de les brader et une politique souveraine".

Pour sa part, le professeur Yang Guang de l'Académie chinoises des sciences sociales (CASS) a expliqué que la Chine s'est développée grâce à quatre types de programmes phares.

"La première approche consistait à lever les barrières institutionnelles, la deuxième à élaborer un système de responsabilité familiale, c'est-à-dire une politique agricole qui permet aux paysans d'être propriétaires de leurs terres", a-t-il précisé.

Selon lui, la troisième est dans le sens d'éliminer les barrières institutionnelles, qui a conduit à la décentralisation du système de collecte des taxes, alors que quatrième est consacré à la promotion de la production agricole avec la construction des infrastructures routières.

"Dans tous les villages, il y a l'électricité et ce sont des choses extrêmement importantes. Le gouvernement a aussi fait des efforts dans le domaine de la promotion des télécommunications dans les zones rurales pour améliorer la productivité du secteur agricole", a-t-il indiqué.

"L'économie de la Chine s'est développée ces trois dernières décennies grâce à la stabilité durable du système politique", a souligné de son côté le professeur Wang Hongyi de la CASS.

"La Chine, c'est une population très diversifiée et il y avait souvent des problèmes entre les provinces, les peuples, etc. C'est la même situation que nous avons aujourd'hui en Afrique", a-t-il relevé.

La Chine a également élaboré une stratégie de développement à long terme, a-t-il affirmé, faisant remarquer que le gouvernement chinois a pris beaucoup de mesures, réalisé des projets et programmes très concrets pour arriver à ces progrès, tout en améliorant le niveau de vie des populations.

M. Yang a par ailleurs souligné qu'il y a beaucoup d'expériences de développement que la Chine peut partager avec l'Afrique.

"Il est temps pour les pays africains de choisir l'expérience la plus adéquate pour assurer leur développement. L'Afrique ne doit pas copier le modèle de développement chinois", a-t-il conseillé. F