La centrale nucléaire de Fessenheim, symbole des limites de la transition énergétique en France (PAPIER GENERAL)

Par : Laura |  Mots clés : France, nuléaire
French.china.org.cn | Mis à jour le 20-10-2016

Si les deux réacteurs de Fessenheim (est de la France) seront bientôt en arrêt total, conformément aux exigences de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) annoncées mardi, la question de la fermeture de la plus vieille centrale nucléaire française, promesse emblématique de la campagne du président François Hollande, reste entourée d'incertitudes dans un pays où le nucléaire fournit plus de trois quarts de l'énergie.

Ce mercredi, le communiqué publié la veille par le ministère de l'Environnement, prenant acte et confirmant la mise à l'arrêt de cinq des 58 réacteurs que compte le parc nucléaire français, était sur toutes les lèvres dans la région Grand Est et aux frontières franco-suisse et franco-allemande.

La centrale de Fessenheim, plus vieille centrale nucléaire du pays, se situe à moins de 30 kilomètres de Mulhouse, chef-lieu du département du Haut-Rhin, une cinquantaine de la ville suisse de Bâle, une centaine de la capitale alsacienne Strasbourg, et un peu plus de 120 km de la ville allemande de Stuttgart.

Trois mois après avoir suspendu le fonctionnement du réacteur n°2 de la centrale alsacienne, le gendarme français de l'atome, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), impose désormais à l'opérateur énergétique EDF, "sous trois mois", des contrôles complémentaires sur les générateurs de vapeur du réacteur n°1, qui nécessiteront un arrêt de plusieurs semaines.

Les prescriptions de l'ASN concernent également les réacteurs Tricastin 2 et 4, Gravelines 4 et Civaux. Elles font suite à la "détection", fin 2014, d'une "anomalie" dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve de l'EPR, en cours de construction à Flamanville, dans la Manche, dont la finalisation est une des conditions préalables à la fermeture définitive de Fessenheim promise par François Hollande lors de la dernière campagne présidentielle.

Les générateurs en question sont de gros équipements permettant de transformer en vapeur, puis en électricité, la chaleur produite par les réacteurs à eau pressurisée équipant ces centrales.

Certains fonds primaires de ces générateurs, fabriqués par Areva au Creusot (Saône-et-Loire) ou par JCFC au Japon, pourraient présenter une zone de concentration importante en carbone affaiblissant leurs propriétés mécaniques.

A Fessenheim, c'est déjà ce type d'anomalie, sur un générateur de vapeur, qui a entraîné l'interruption du fonctionnement du réacteur numéro 2 en juin dernier. Suite aux nouvelles demandes de l'ASN, les deux unités de production vont donc se retrouver à l'arrêt. Une situation exceptionnelle pour cette centrale, construite en 1977, qui n'a pas été conçue pour dépasser les quarante ans de fonctionnement.

La question du nucléaire dans cette région du Grand Est à forte densité de population est particulièrement sensible. La fermeture de la centrale de Fessenheim est réclamée avec d'autant plus d'insistance par les écologistes français - mais aussi par leurs voisins et responsables politiques allemands et helvètes - qu'elle est située sur une zone sismique. Plusieurs actions spectaculaires y ont d'ailleurs été organisées ces dernières années par l'ONG Greenpeace.

Aux yeux de l'association Stop Fessenheim, l'arrêt bientôt total de la centrale de Fessenheim est une "opportunité" pour le gouvernement français de procéder à une fermeture définitive.

"Faire payer aux consommateurs et aux contribuables des investigations à outrance est une aberration, alors que la centrale doit fermer", juge son porte-parole André Hatz.

"Plutôt que de s'acharner davantage, mieux vaudrait utiliser cet argent pour l'accompagnement social des salariés", ajoute-t-il.

A la mi-septembre, les salariés se sont d'ailleurs mobilisés massivement contre la fermeture programmée de la centrale. L'Etat et EDF ont trouvé en août un accord sur les modalités d'indemnisation de l'opérateur énergétique, portant au minimum sur 400 millions d'euros qui ouvre la voie à la fermeture anticipée de la centrale alsacienne.

Mais les salariés contestent le montant de l'indemnisation proposée et s'alarment des conséquences pour le réseau électrique et des répercussions en termes d'emploi.

Il s'agit d'une "aberration industrielle, économique, sociale et climatique", n'a pas hésité à déclarer le syndicat CFE Energies. "Où est donc la cohérence d'un gouvernement qui se gargarise dans le même temps de refonder la filière nucléaire ?", fustige-t-il.

Promise dès 2011 par François Hollande, et à l'heure où la transition énergétique est érigée en priorité, la fermeture de Fessenheim revêt toutes les caractéristiques d'un symbole. Nul doute que le président français sera jugé sur son bilan en la matière et que les objectifs de réduction de 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité à l'horizon 2025, au lieu de 74% aujourd'hui, seront examinés à la loupe.

En attendant, sur le marché européen, les prix de l'électricité ont flambé de 18% en un mois en raison des inquiétudes sur le parc français qui est le premier exportateur de courant du continent. La production mensuelle nucléaire a d'ailleurs atteint un point bas depuis 18 ans en septembre.

Fin septembre, EDF a déjà révisé à la baisse, pour la deuxième fois, sa prévision de production nucléaire pour 2016.

Actuellement, 21 réacteurs (sur un total de 58) sont arrêtés pour une maintenance ordinaire (10), des incidents (4) ou une vérification des générateurs de vapeurs (7).

Le gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE doit publier début novembre son étude sur l'équilibre offre/demande pendant l'hiver 2016/2017.

Selon son dernier bilan, le nucléaire représente 77% de la production d'énergie totale en France en 2014, contre 12.6% pour l'hydraulique, 5% pour les centrales thermiques à combustibles fossiles, 3.1% pour l'éolien et 1.1% pour le photovoltaïque.

La France compte aujourd'hui 58 réacteurs de différentes puissances répartis sur 19 centrales nucléaires. Le pays dispose ainsi du parc nucléaire le plus important du monde au regard de sa population. La France est le deuxième producteur mondial d'électricité nucléaire derrière les Etats-Unis et loin devant la Russie, la Chine, le Canada ou le Royaume-Uni. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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