Le sommet du G20 "a entériné une vision commune du monde pour les prochaines décennies", selon un expert français (INTERVIEW)
Le sommet du G20 qui s'est tenu les 4 et 5 septembre à Hangzhou (est de la Chine) "a entériné une vision commune du monde pour les prochaines décennies", a estimé le géopolitologue français Jean Pégouret dans un entretien à Xinhua.
Pour le président de Saphir Eurasia Promotion, ce rendez-vous ayant pour objectif de "diffuser le progrès technique de la nouvelle révolution industrielle et d'en partager les bénéfices sur l'ensemble de la planète" a validé une vision qui fixe "le terrain et les règles" sur lesquels les pays vont collaborer mais aussi concourir.
M. Pégouret note que "la Chine dispose d'une gouvernance basée sur le long terme - existence d'un plan quinquennal - et l'implication de l'Etat dans la politique industrielle. Ce fonctionnement lui donne un avantage sur les pays à économie de marché pour mettre en œuvre les objectifs pour une nouvelle économie adoptés lors du G20".
"La situation privilégiée de la Chine lui donne les mains libres pour avoir un effet d'entraînement pour la mise en œuvre des décisions du G20 qui, à l'évidence, vont dans l'intérêt général du monde sur le plan qualitatif", poursuit-il, saluant par ailleurs "la façon remarquable" dont la Chine a organisé ce sommet, "avec des propositions concrètes et originales comme tous les experts ont pu le relever".
Autre enjeu de taille abordé lors de ce G20 : l'environnement et le développement social et durable. Selon l'expert, les pays du G20 se sont engagés à finaliser les procédures de ratification de la COP21 à l'instar de la Chine et les Etats-Unis qui ont ratifié l'accord de Paris sur le changement climatique à la veille du sommet de Hangzhou.
"C'est la première fois que l'environnement prend une telle importance au sommet du G20 sous l'impulsion de la Chine", relève-t-il, ajoutant que la Chine avait "montré l'exemple depuis le 11e Plan quinquennal et à nouveau avec le 13e Plan".
Interrogé sur le renforcement possible de la coopération sino-française dans le secteur de la finance verte, Jean Pégouret estime que "la France peut apporter sa compétence à la Chine si une filière de gazéification du charbon est mise en place pour produire de l'hydrogène par le procédé du gaz à l'eau. La société française Air Liquide et ses filiales disposent du savoir-faire en matière de production et de distribution d'hydrogène pour l'automobile".
Partant du constat selon lequel "la Chine et la France sont deux pays leaders en matière d'émission d'obligations vertes", l'expert français préconise le développement des véhicules à hydrogène et électriques, ce qui constituerait "un progrès énorme" pour l'environnement urbain permettant de mettre "complètement fin à la pollution automobile".
Selon lui, le fait d'utiliser le charbon sans le brûler en le convertissant permettrait "de préserver les emplois de l'industrie charbonnière tout en offrant une solution pour l'environnement".
"Il est également possible de réaliser l'exploitation du charbon pour en tirer de l'hydrogène sans risquer la vie des mineurs, autre préoccupation majeure en Chine, en utilisant le procédé du 'feu à la mine' dans lequel de la vapeur d'eau est injectée dans un puits d'entrée après que le charbon ait été mis à feu puis en récupérant à la sortie l'hydrogène dans le gaz produit", explique-t-il à Xinhua.
Enfin, Jean Pégouret entrevoit d'autres modes de coopération déjà établis entre la France et la Chine "pour limiter les émissions de carbone pouvant bénéficier de la finance verte comme le nucléaire, l'éolien, le biogaz, le pétrole synthétique produit à partir d'algues, l'amélioration des batteries de véhicules électriques, le traitement des eaux, des ordures ménagères et des sous-produits de l'industrie agro-alimentaire, tous domaines dans lesquels la France et la Chine disposent et développent des compétences reconnues sans oublier la coopération entre organismes universitaires et centres de recherche".
"Les pays en développement, quant à eux, devraient être les bénéficiaires des retombées du G20, surtout à travers de nouveaux accords bilatéraux avec la Chine en complément des soutiens des institutions financières multilatérales", conclut-il.
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