Côte d'Ivoire : les boissons frelatées envahissent le marché (REPORTAGE)

Par : Vivienne |  Mots clés : CI, boissons, frelatation
French.china.org.cn | Mis à jour le 31-08-2016

Dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, des alcools frelatés, des canettes de bière et de limonade et d'autres boissons sucrées à bas prix à la composition plus que douteuse inondent le marché, pour le plus grand bonheur des commerçants, mais aussi des consommateurs, malgré les risques pour la santé.

Un petit tour à Adjamé, la plaque tournante du commerce à Abidjan, permet de se rendre compte de l'ampleur du phénomène.

"Servez-moi deux cartons de canettes de bière et de sucreries !", crie une dame au vendeur, à peine visible dans cette boutique bondée de clients à l'atmosphère surchauffée.

Visiblement agacée par l'attente, la cliente vocifère, comme d'autres clients qui demandent également à être servis.

Après de longues minutes, la voilà enfin servie : des canettes aux marques peu lisibles, fantaisistes ou carrément inconnues achèvent de convaincre la clientèle de leur origine douteuse.

Ces produits contrefaits qui ont envahi le marché ivoirien concernent tous les types de boissons, des liqueurs aux vins en passant par les limonades et canettes de bière. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les prix.

"Ces boissons sont très sollicitées et coûtent moins cher", explique le propriétaire de la boutique, qui reste toutefois muet lorsqu'on l'interroge sur l'origine de sa marchandise.

"C'est vous qui dites que ces boissons sont frelatées, mes clients en raffolent", objecte Amy, détentrice d'un bistrot dans le quartier populaire d'Abobo.

Selon elle, "les bonnes boissons coûtent cher et ne procurent pas de bons bénéfices".

DES PRIX DEFIANT TOUTE CONCURRENCE

A Abobo comme dans d'autres communes d'Abidjan, les bistrots ou points de vente d'alcool frelaté poussent comme des champignons.

"La boisson 'normale' est au-delà de nos bourses, avec la boisson que vous appelez 'frelatée', nous dépensons moins", explique un habitué du bistrot d'Amy.

A 100 francs CFA (environ 15 centimes d'euros), Amy propose, entre autres, un sachet de liqueur (gin, rhum, whisky) de 25 ml de fabrication industrielle.

La tournée de koutoukou est également vendue à 100 francs CFA et à 1.000 le litre.

Le koutoukou, aussi appelé gbêlê, est une eau-de-vie de fabrication locale obtenue après distillation de vin de palmier.

En Côte d'Ivoire, le litre de Valpierre, un vin en bouteille populaire, coûte entre 1.500 et 2.000 francs CFA (2,3 à 3 euros).

Quant à la bière, son prix va de 600 à 700 francs CFA (90 centimes à 1,10 euros) pour les bouteilles de 65 centilitres à près de 1.000 francs CFA (environ 1,50 euros) pour la bouteille d'un litre.

"Trop cher, à ce prix-là, combien de bouteilles je vais boire pour être saoûlé ?", s'exclame Parfait Yao.

"Avec la situation économique, il est difficile de s'offrir de la boisson de qualité", soutient-il, affirmant boire de temps en temps "du vin en carton qui, lui, revient moins cher".

DES RISQUES MORTELS

Selon le président de la Fédération des associations des consommateurs actifs de Côte d'Ivoire (Faca-CI), Marius Comoé, la crise post-électorale de 2010 a entraîné "une forte pénétration de produits contrefaits issus de la contrebande" sur le marché de la consommation, qui représente un "véritable danger pour la consommation humaine".

"Les consommateurs sont en danger, des boissons frelatées ou d'imitation, y compris des limonades, ont envahi le marché local", regrette-t-il, soulignant que ces boissons frelatées sont souvent "la cause de nombreuses maladies".

En dehors de ces boissons qui proviennent notamment des pays de la sous-région, "il existe au plan national des structures clandestines qui fabriquent aussi ces boissons, souvent avec du méthanol, qui cause fréquemment des morts parmi les consommateurs", a-t-il indiqué.

En mai, au moins trois personnes sont décédées après avoir consommé du koutoukou dans la région d'Aboisso, à 116 km à l'est d'Abidjan.

"Nous avons attiré l'attention des autorités publiques et administratives sur la présence des boissons frelatées sur le marché de consommation, malheureusement aucune disposition n'a été prise", a-t-il déploré.

Il a en outre appelé le gouvernement à baisser les taxes sur la production de boissons afin de réduire les prix de vente.

"Cela éviterait aux consommateurs de se tourner vers les boissons frelatées qui inondent le marché", a-t-il estimé.

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Source: Agence de presse Xinhua
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