Burundi : les insectes ravageurs causent des "dégâts immenses" sur les cultures (INTERVIEW)
Les attaques des insectes ravageurs contre les cultures saisonnières ou pérennes sont en train de causer des "dégâts immenses" sur l'agriculture burundaise, selon Alexis Mpawenimana, chercheur en entomologie et responsable de l'apiculture à l'Institut des sciences agronomiques du Burundi (ISABU).
M. Mpawenimana a précisé que ce problème touchait les 18 provinces burundaises et affectait surtout les champs de maïs et des arbres, comme les eucalyptus.
Actuellement, les chenilles s'en prennent aux champs de maïs dans les provinces les plus productrices de cette denrée alimentaire de première nécessité, comme celles de Cibitoke et de Bubanza, et d'autres cultures vivrières comme les oignons, les poireaux, les poivrons et les haricots ont également été touchées, a-t-il indiqué.
Pour l'expert, la principale cause de ces attaques est le changement climatique, qui favorise une multiplication excessive des insectes ravageurs de cultures.
"Actuellement, on assiste à l'amplification des phénomènes de changement climatique, avec comme impact immédiat des changements de comportement au niveau des insectes ravageurs des cultures au Burundi. En effet, les caprices du climat font que souvent, les conditions climatiques ne permettent pas de maîtriser le comportement de ces insectes ravageurs", a-t-il expliqué.
L'expert a en outre dénoncé l'utilisation "irraisonnée" des pesticides dans la lutte contre les insectes ravageurs.
"Il existe dans la nature des insectes qui mangent d'autres insectes. Certains insectes sont nuisibles, et d'autres sont leurs ennemis naturels. Le problème qui se pose au Burundi est donc l'utilisation des produits phytosanitaires (pesticides), qui tuent à la fois les mauvais et les bons insectes, ce qui entraîne un déséquilibre écologique", a-t-il souligné.
Les mouches à fruits ont aussi causé des dégâts immenses dans les cultures de mangues des provinces de Rumonge et de Cibitoke ainsi que dans les vergers de Bujumbura-Mairie, a-t-il ajouté.
Parmi les pistes de solutions suggérées aux décideurs, M. Mpawenimana a recommandé la mise en place d'une législation favorisant la maîtrise des changements climatiques et de l'utilisation des pesticides dans les cultures vivrières.
"Sur cette question de gestion des pesticides, il faudrait mettre fin au chaos actuel dans lequel les pesticides se vendent par-ci par-là comme s'il s'agissait de simples produits de consommation. La solution serait d'instaurer des normes rigoureuses pour l'achat et la vente de ces produits", a-t-il estimé.
Pour l'expert, l'utilisation des pesticides pour lutter contre les insectes ravageurs devrait être le dernier recours, car la lutte biologique devrait être privilégiée.
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