Sommet sur la sécurité nucléaire : la dernière ligne droite
French.china.org.cn | Mis à jour le 29-03-2016
Le président chinois Xi Jinping sera à Washington à l'invitation du président américain Barack Obama les 31 mars et 1er avril pour participer au 4e – et dernier – Sommet sur la sécurité nucléaire aux côtés des dirigeants et représentants de plus de 40 pays et gouvernements, ainsi que des Nations unies, de l'Union européenne, de l'Agence internationale de l'énergie atomique et d'Interpol.
Des avancées ont été obtenues grâce à ces sommets : 13 pays ont ainsi renoncé aux matériaux nucléaires utilisables à des fins militaires et plus d'une vingtaine de réacteurs fonctionnant à l'uranium hautement enrichi ont été fermés ou convertis pour fonctionner à l'uranium faiblement enrichi.
Des incertitudes demeurent néanmoins. D'abord, il faudra s'assurer que l'amendement à la Convention sur la protection physique des matériaux nucléaires soit ratifié par une majorité de pays, que les procédures édictées par l'Agence internationale de l'énergie atomique soient universellement respectées, que des mécanismes de suivi soient adoptés afin que les efforts jusqu'ici déployés ne restent pas lettre morte et qu'un cadre plus large de gouvernance globale et multilatérale soit mis en place. Ensuite, il reste à inclure et renforcer la sécurité de tous les matériaux nucléaires, pas seulement civils, mais aussi militaires, qui constituent plus de 85 % du total et qui sont susceptibles de faire l'objet de trafic.
La présence des dirigeants chinois aux quatre sommets montre que la Chine a toujours accordé la plus haute importance à la sécurité nucléaire et à la coopération dans ce domaine. Après le premier Sommet sur la sécurité du nucléaire de Washington en 2010, les présidents Hu Jintao et Barack Obama avaient prévu de renforcer la coopération dans la non–prolifération nucléaire et de lutter contre la menace terroriste nucléaire. En septembre 2012, la Chine et les États–Unis ont ouvert un centre pour la détection des radiations à Qinhuangdao, dans la province du Hebei. Par ailleurs, un Centre d'excellence sur la sécurité du nucléaire a été inauguré à Beijing le 18 mars 2016 en présence du secrétaire américain à l'Énergie Ernest Moniz. Le 27 janvier 2016 a été publié en Chine le Livre blanc sur la préparation et les interventionsaux urgences nucléaires, qui entre dans le cadre de la sécurisation des installations et des matériaux nucléaires et prévoit l'éventualité d'une attaque terroriste. Une préoccupation légitime puisqu'en 2020, la capacité totale du pays devrait augmenter de plus de 150 % pour atteindre 58 millions de kilowatts (à titre de comparaison, la capacité totale française atteignait plus de 63 millions de kilowatts en 2015).
Lors du troisième Sommet sur la sécurité nucléaire de La Haye en 2014, le président chinois Xi Jinping avait appelé à la création d'un système de sécurité nucléaire global juste, coopératif et mutuellement bénéfique. Il va insister à Washington sur la responsabilisation des pays : il n'existe en effet pas de normes définissant les moyens de rendre les États responsables de laxisme et de failles sécuritaires, qu'ils disposent ou non de matériaux fissiles sur leur sol. Ainsi, un rapport de Chatham House – un groupe de réflexion indépendant basé à Londres – publié en septembre 2015 souligne la multiplication des risques liés aux cyber–attaques, la vulnérabilité des installations nucléaires et du transport de matériaux nucléaires ainsi que le manque de transparence des données relatives aux risques et incidents. Ce rapport propose un renforcement des directives et appelle à plus de transparence et d'échanges. Cependant, comme le rappelle Wu Chunsi, directrice à l'Institut des études stratégiques internationales de Shanghai, dans le numéro de mars 2016 de The Contemporary World, la sécurité nucléaire doit avoir une portée plus inclusive, plus équilibrée et plus démocratique pour qu'un consensus prenne forme. « Les mécanismes de gouvernance de la sécurité du nucléaire dans le monde doivent aller au-delà du modèle des grandes puissances dominantes », explique–t–elle.
Par Jacques Fourrier (L'auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)
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