Force africaine en attente : l'aide chinoise "importante", juge Carlos Lopes, haut responsable de l'Onu (INTERVIEW)

Par : Lisa |  Mots clés : news
French.china.org.cn | Mis à jour le 01-02-2016

Le financement chinois de 60 millions de dollars à l'Union africaine annoncé lors du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) tenu en décembre en Afrique du Sud est une "aide importante" pour la mise en place de la Force africaine en attente (FAA), a jugé dans une interview à Xinhua Dr. Carlos Lopes, haut responsable de l'Onu.

"Mettre une force en place il y a toujours des difficultés dans le démarrage. Et donc si on a réussi à convaincre les Chinois comme c'est le cas à faire l'effort initial, ce sera beaucoup plus facile à faire", a déclaré le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, lors du 26e sommet de l'Union africaine qui a pris fin après deux jours de travaux dimanche à Addis-Abeba (Ethiopie).

Question : Monsieur le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, le 26e sommet de l'Union africaine est revenu sur la problématique du financement des infrastructures en Afrique. A votre avis, comment le continent africain peut-il relever cet important défi ?

Réponse : Vous savez que c'est un débat qu'on mène depuis trois ans. On a fait une étude sur les besoins de financements d'abord. Nous avons que l'Afrique, pour pouvoir mettre en place toutes les infrastructures qui permettent sa transformation structurelle, a besoin d'à peu près de 90 milliards de dollars par an. Elle réussit déjà à mobiliser à peu près la moitié. Donc, le déficit qui nous reste est un déficit que nous savons qu'il peut être comblé par trois voies. D'abord les financements externes, donc il faut mobiliser davantage les investissements externes. La bonne nouvelle, c'est que ça augmente chaque année. Un deuxième volet concerne justement la possibilité de mobiliser à travers la fiscalité nationale plus de ressources. Et le troisième volet, c'est de faire des partenariats spéciaux avec un certain nombre de pays, par exemple la Chine. Donc, si nous arrivons à combler ce déficit, je pense que nous serons vraiment en train de nous équiper pour une vraie transformation structurelle des économies.

Q : En juin 2014 à Malabo en Guinée équatoriale vous préconisiez dans votre discours de s'inspirer de l'exemple de la Chine pour son développement. Concrètement, qu'est-ce que vous entendez par cela ?

R : Moi je pense que plutôt d'être seulement en train d'engager la Chine pour nous soutenir dans nos différents efforts de développement, et je n'ai rien contre, il faut aussi engager la Chine à apprendre la façon dont ils se sont industrialisés. Parce qu'il y a trente ans la Chine avait des niveaux des pays per capita plus bas que l'Afrique. Il y a trente ans la Chine était un pays complètement agricole, avec des niveaux de productivité agricole très bas. Et donc la raison principale que je demande à s'inspirer de la Chine, c'est que nous devons faire comme la Chine, mais nous devons faire plus vite.

Q : Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, quel type d'apport voyez-vous que l'Afrique peut recevoir de la Chine ?

R : Ils ont déjà annoncé qu'ils donneraient un appui spécial pour la Force africaine en attente et donc je pense que c'est une aide importante. Vous savez, mettre une force en place il y a toujours des difficultés dans le démarrage. Et donc si on a réussi à convaincre les Chinois comme c'est le cas à faire l'effort initial, ce sera beaucoup plus facile à faire.

Q : Pensez-vous que le secteur privé joue suffisamment son rôle dans l'objectif de transformation économique de l'Afrique ?

R : Le secteur privé est en train de jouer son rôle, puisqu'il n'y a jamais eu autant d'investissements intra-africains, il n'y a jamais eu autant de consommation interne, il n'y a jamais eu autant d'activités dans des domaines privés comme par exemple la construction, des domaines traditionnellement publics comme l'électricité, les ports et la logistique qui sont en train d'être privatisés dans pas mal de pays, grâce justement à une capacité du secteur privé qui n'y était pas. Donc, il y a déjà beaucoup de choses qui sont en train de se passer et les entrepreneurs africains sont en train de faire leur part. Mais c'est encore très peu par rapport aux besoins et par rapport à leurs capacités. Mais il va falloir mobiliser davantage ce potentiel du secteur privé. Moi je fais toujours dans mes discours des allusions au fait que les 400 milliardaires du continent possèdent à peu près 300 milliards de dollars de réserves personnelles, donc c'est presque autant que les Etats.

Q : Le transfert de technologies est une autre priorité que les pays africains sollicitent vis-à-vis de la Chine. Qu'en pensez-vous ?

R : Nous ne sommes plus à l'époque où on transfert des technologies. Avant, il y avait des pays qui avaient la technologie et des pays qui n'en avaient pas et donc on négociait comment on pouvait acquérir. Aujourd'hui ça ne se passe pas comme ça. Aujourd'hui on acquiert beaucoup plus la technologie par ses propres moyens, parce qu'elle est devenue complètement éparpillée. Elle n'appartient plus aux Etats, elle appartient à des chaînes de valeur, elle appartient à des entreprises, elle appartient quelquefois même à des entreprises qui ont une marque digitale plutôt qu'une marque physique. Donc, nous sommes vraiment dans un monde où il faut acquérir la technologie avec beaucoup de savoir-faire et pas en comptant qu'un pays va transférer à l'autre. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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