Migrants en Hongrie : le Commissaire aux droits de l'homme du CoE tire la sonnette d'alarme
"En raison des changements radicaux apportés ces derniers mois en Hongrie à la législation et à la pratique relatives à l'asile, les demandeurs d'asile qui sont renvoyés dans ce pays courent un risque considérable de subir des violations des droits de l'homme", a fait savoir mercredi le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe (CoE), Nils Muiznieks.
M. Muiznieks a rendu public mercredi les observations écrites qu'il avait présentées à la Cour européenne des droits de l'homme le 17 décembre 2015 dans deux affaires contre l'Autriche qui concernent le transfert des requérants de l'Autriche vers la Hongrie en vertu du règlement appelé Dublin III. Ce texte prévoit que les candidats à l'asile doivent en faire la demande dans le pays de l'Union européenne (UE) où ils sont arrivés.
Budapest a pris "hâtivement une série de mesures ces derniers mois qui ont rendu l'accès à une protection internationale extrêmement difficile et ont criminalisé de manière injustifiable les migrants et les demandeurs d'asile", juge le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe. Selon l'ONU, entre janvier et octobre 2015, 400 000 personnes (en majeure partie syriennes et irakiennes) sont parvenues en Hongrie.
Le franchissement de la clôture de barbelés érigée par la Hongrie le long de ses frontières avec la Serbie et la Croatie est désormais considérée comme une infraction pénale et fait l'objet d'une procédure accélérée "problématique du point de vue des normes relatives à un procès équitable", s'inquiète M. Muiznieks.
Le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés a de son côté dénoncé "des procès expéditifs quotidiens".
Les demandes d'asile ne sont généralement pas examinées quant au fond, affirme par ailleurs le Commissaire qui rappelle que la législation hongroise considère la Serbie - pays par lequel ont transité la grande majorité des demandeurs d'asile avant leur première arrivée en Hongrie - comme un pays tiers sûr.
Les différentes instances de l'organisation pan-européenne basée à Strasbourg ont déjà alerté à plusieurs reprises quant à la dégradation de la situation des migrants en terre magyare. A l'issue d'un voyage de travail en Hongrie fin novembre dernier, le Commissaire aux droits de l'homme du CoE avait notamment déclaré sans ambiguité : "Je constate avec préoccupation que la Hongrie ne s'est pas montrée à la hauteur de ce défi".
Depuis plusieurs mois, l'attitude de Budapest face à la crise migratoire qui divise les leaders de l'UE fait l'objet de vives critiques. La politique du Premier ministre hongrois Viktor Orban a néanmoins fait des émules puisque d'autres murs ont été érigés en Slovénie, en Autriche, en Bulgarie et que de nombreux contrôles aux frontières intérieures de l'UE ont été rétablis.
La chancelière allemande Angela Merkel, qui avait défendu une politique d'accueil des migrants généreuse, semble par ailleurs de plus en plus isolée, à commencer dans son propre pays depuis les événements de Cologne du 31 décembre 2015 dans lesquels des migrants sont accusés de violence sexuelle. Fin
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