Mali : conseillère conjugale, une métier traditionnel bousculée par la modernité (MAGAZINE)

Par : Yann |  Mots clés : Mali, société
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-08-2015

Au Mali, la nouvelle génération a tendance à se passer de l' assistance de la conseillère conjugale qui naguère jouait un rôle très important dans l'institution matrimoniale qu'est le mariage.

Celle qui exerce ce métier est appelée en bambara (une des langues du Mali) "magnabaga ou magnon magan", indique Mamadou Ben Chérif Diabaté, premier président du Réseau des communicateurs traditionnels pour le développement.

La fonction est exercée par une vielle femme, généralement de la caste des cordonniers ou des griots, qui joue le rôle de conseillère conjugale surtout pour la jeune fille qui fait son entrée dans la chambre nuptiale, précise-t-il dans une interview à Xinhua.

"Dans le temps, on estimait que nos jeunes filles étaient vierges. Il fallait donc les éduquer, les préparer pour leurs premières relations sexuelles. D'où leur passage dans la chambre nuptiale avec l' assistance d' une conseillère conjugale", rappelle le traditionnaliste.

Aujourd' hui, cette pratique dérange ou est mal acceptée par les jeunes surtout dans les villes, qui la jugent désuète.

Ainsi, Ibrahim Diarra, un jeune marié, estime que la pratique "n'a plus sa raison d'être". Selon lui, la conseillère conjugale de sa femme "ne restait pas du tout sur place" pour s' occuper du couple comme le veut la tradition. Au contraire, elle n' était intéressée que par "la nourriture et l'argent qu' elle pouvait emporter en rentrant chez elle".

De son côté, Fatoumata Traoré, une jeune fiancée, est catégorique. Elle ne voudrait pas de conseillère nuptiale pour mariage "parce que de nos jours, elles sont de plus en plus jeunes et prêtes à mettre la corde au cou du mari".

Face à ces réactions hostiles, Mamadou Ben Chérif Diabaté, considère que ces "jeunes n'ont pas compris la valeur éducative et traditionnelle enseignée à travers cette pratique. Ils n' en font qu' à leurs têtes, parce qu' ils n'ont de compte à rendre à personne qu' à Dieu, qu' à leurs poches".

"Chez nous, nous avons notre culture, avec des mécanismes de fonctionnement", explique-t-il.

"Il y a des choses qu' on fait en Chine qu' on ne fait pas au Mali. De même, il y a des choses qu' on fait aux USA qu' on ne fait pas à Paris. Donc, chaque ethnie, chaque nation a sa culture", argumente-t-il en fustigeant le manque

d'intérêt des jeunes pour leur culture.

Or, précise le traditionaliste, il appartient à la jeune génération malienne de comprendre l' aspect éducationnel et culturel contenu dans la pratique du "magnabaga".

Issa Doumbia, un jeune célibataire, se dit "favorable au maintien de cette pratique léguée par les ancêtres, du moment où elle ne fait du mal à personne". Fin

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Source: Agence de presse Xinhua
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