"Pont vers le chinois 2015" à Strasbourg : le mandarin séduit la France (PAPIER GENERAL)
Quatre étudiants ont été sélectionnés, samedi, à Strasbourg, pour représenter la France au 14ème concours international ''Pont vers le chinois'' lors des épreuves préliminaires co-organisées par l'Institut Confucius d'Alsace et le Service de l'éducation de l'ambassade de Chine en France. Le succès de cette édition 2015 reflète le grand boom que connaît l'enseignement de la langue chinoise qu'étudient désormais près de 100 000 personnes en France.
''S'il y avait eu à mon époque un concours Pont vers le français, mon niveau de français serait bien meilleur!'', a plaisanté, lors de la remise des prix, le Consul général de Chine à Strasbourg HE Yanjun qui a chaleureusement félicité les 24 participants pour leur ''extraordinaire maîtrise de la langue''.
Trois des lauréats participeront aux demi-finale et finale qui auront lieu en juillet à Beijing. Un quatrième sera du voyage pour les accompagner.
Depuis son lancement il y a 14 ans, le concours international ''Pont vers le chinois'' connaît un essor croissant, particulièrement en France. ''La participation de la France est au premier rang. Plus de 100 étudiants se sont inscrits cette année. Ils n'étaient encore qu'une poignée voilà quelques années'', s'est réjoui le ministre conseiller du Service de l'éducation de l'ambassade de Chine en France, MA Yansheng.
Si cet événement attire chaque année davantage de candidats, c'est incontestablement en lien avec l'enracinement de l'enseignement de la langue chinoise dans l'Hexagone. ''Nous pouvons désormais avancer un chiffre global de 100 000 apprenants sur le territoire français. Ce n'est pas un simple effet de mode!'', relève l'Inspecteur général de chinois du ministère français de l'Education nationale, Joël Bellassen, président du jury.
Selon le ''Monsieur chinois'' de l'Education nationale, près de la moitié de ces 100 000 apprenants se trouvent dans le secteur scolaire réglementaire du primaire et du secondaire. ''C'est une proportion énorme tout-à-fait hors norme dans le monde occidental''. On compte 20 000 étudiants au niveau universitaire et pas moins de 30 000 qui prennent des cours dispensés par des associations. Dans les collèges et lycées, la progression est même évaluée à 400% en dix ans.
Malgré la difficulté de la langue chinoise, l'engouement des Français se confirme d'année en année. Avec l'ajout de la Corse, le mandarin est désormais enseigné dans toutes les Académies qui découpent géographiquement le paysage éducatif français. Le phénomène dépasse largement la diaspora chinoise, puisque 90 % des élèves de chinois dans le secondaire ont le français pour langue maternelle. On commence aussi le chinois de plus en plus jeune alors que dans les années 1980 le mandarin était essentiellement enseigné en troisième langue ou en option facultative.
''La France est pionnière en matière d'enseignement du chinois. Cela tient à sa place dans notre pays. On peut parler de micro climat culturel. Dès le 19ème siècle, une chaire de chinois s'est implantée dans le paysage universitaire français. Dans le secondaire, elle a fait son apparition beaucoup plus tôt que dans les autres pays européens qui s'inspirent de notre expérience'', explique M. Bellassen.
Nommé en 2006 ''en urgence'' Inspecteur général - le premier dans l'histoire du ministère français de l'Education nationale - il déplore néanmoins qu'il n'y ait pas eu davantage d'anticipation des besoins. Mais ''la prise de conscience est désormais là au plus haut niveau'', ajoute-t-il.
En quelques années, le chinois est passé de la neuvième à la cinquième place des langues enseignées dans l'enseignement secondaire, après l'anglais, l'espagnol, l'allemand et l'italien. "Malheureusement tous nos professeurs ne sont pas des titulaires. Beaucoup sont des contractuels qui n'ont pas eu la même formation, qui n'ont pas passé les concours. Il faut que cela évolue, mais cela prendra forcément du temps. Nous avons été surpris par l'évolution des inscriptions. C'est la rançon du succès", reconnaît M. Bellassen.
La toute jeune Association européenne de l'enseignement du chinois, basée en France et regroupant 15 pays, entend bien relever le défi et poursuivre le travail à une autre échelle. '' Lors de notre réunion de travail voilà 15 jours en Hongrie, nous avons convenu d'un élargissement à une quinzaine d'Etats d'Europe de l'Est'', précise M. Bellassen. A l'ordre du jour, la publication d'ici à 2016 d'un ''Livre blanc qui soit un véritable état des lieux de l'enseignement du chinois en Europe''.
L'expression populaire ''c'est du chinois !'' pourrait bien être en passe de tomber aux oubliettes. Pour les quatre étudiants primés ce samedi à Strasbourg, c'est d'ores et déjà chose faite. Thibault Jourdain, premier prix grâce à son histoire narrée ''Trois héros affrontent Lu Bu'', Sandra Lamarre qui a brillé avec sa présentation consacrée à la harpe et la chanson chinoise, Michaël Decrock avec ''Les différences culturelles entre la France et la Chine'', accompagnés de Mathilde De Bortoli qui a séduit avec sa prestation baptisée ''Mon rêve chinois arts martiaux'' auront à cœur de le démontrer en Chine dans quelques semaines. Fin
Les dernières réactions Nombre total de réactions: 0 |
Sans commentaire.
|
Voir les commentaires |