Les jeunes chômeurs kényans passent le temps en mâchant des feuilles "muguuka"

Par : Vivienne |  Mots clés : kenya
French.china.org.cn | Mis à jour le 07-05-2015

Partout à Nairobi, capitale kényane, on trouve des groupes de jeunes hommes rassemblés à cinq ou dix autour d'un sac de nylon contenant des feuilles vertes.

Régulièrement, chacun d'eux plonge la main dans le sac pour en retirer une poignée de feuilles qu'il mâche ensuite pendant près d' une heure.

Ces feuilles coûtent en moyenne 0,27 dollar le paquet et on peut en mâcher jusqu'à cinq à la fois.

Cette pratique est devenue la principale activité des jeunes chômeurs kenyans, en particulier dans les quartiers à revenus intermédiaires ou faibles où sévit le chômage.

Ces feuilles, connues sous le nom de muguuka, un stimulant qui leur permet de s'occuper et d'oublier provisoirement leurs problèmes, sont si appréciées que cette pratiques s'est répandue des faubourgs extérieurs jusque dans le centre-ville et les quartiers d'affaires, où s'y adonnent en permanence un grand nombre de jeunes vendeurs et travailleurs manuels.

"Au lieu de boire de l'alcool où de me livrer à d'autres activités nocives, je préfère mâcher de la muguuka. Cela nous rassemble pour discuter de ce qui se passe dans notre pays et dans nos vies", a déclaré mardi Vincent Kamau, jeune sans emploi dans le faubourg d'Huruma dans l'est de Nairobi.

M. Kamau, qui a abandonné l'institut technique où il étudiait la mécanique, fait partie de deux groupes avec lesquels il passe pratiquement toutes ses journées.

"L'un se trouve près de l'endroit où je vis et l'autre se trouve au terminal de bus, où je vais parfois chercher du travail", raconte-t-il dit.

Il est toujours le bienvenu dans l'un de ces groupes, où il passe la journée entière, tant qu'il paye les feuilles qu'il mâche.

"Quand je ne trouve pas de travail, je vais me réfugier auprès de ces groupes car nous nous comprenons. Nous restons assis à mâcher et à discuter jusqu'au coucher du soleil".

Pour être efficaces cependant, les feuilles de muguuka ne suffisent pas mais elles doivent être accompagnées de café, de thé ou de chewing-gum par exemple.

"Le thé, le café ou l'arachide aident à réduire l'amertume des feuilles et à les décomposer pour qu'elles soient efficaces", explique Steve Oloo, habitant de Kariobangi. Cette pratique finit évidemment par être coûteuse, mais M. Oloo comme M. Kamau affirment qu'ils ne pourraient pas s'arrêter.

"Je mâche de la muguuka depuis plus de deux ans et je ne crois pas que je puisse arrêter. Certains considèrent cela comme une mauvaise pratique, mais nous savons que ça nous aide à tromper l' ennui. Et puis, parfois nous trouvons du travail en rendant visite à ces groupes", déclare M. Oloo.

La contrepartie est que certains de ces jeunes dépensent tout l'argent qu'ils tirent de leurs petits boulots dans ce stimulant addictif de la famille du khat.

On compte des centaines de groupes de mâcheurs de muguuka dans tout Nairobi, de quoi donner beaucoup de travail aux cultivateurs de ce stimulant à Meru, dans l'Est du Kenya.

Selon Economics Survey 2015, l'économie du Kenya a généré environ 800.000 emplois l'an dernier, principalement dans le secteur informel.    Le professeur d'économie kényan, Henry Wandera, a expliqué que la mastication de muguuka est une pratique coûteuse pour l'économie kenyane.

"Les jeunes perdent leur temps à mâcher les feuilles alors qu'ils pourraient se livrer à certaines activités pour générer des revenus. (...) Nous sommes en train de perdre les jeunes productifs", a-t-il déploré.

Selon les experts de la santé, l'utilisation excessive de muguuka provoquerait le dysfonctionnement du foie, décoloration des dents, les ulcères ainsi que la diminution de la libido. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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