La plus grande manifestation de l'histoire de France suite aux attaques à Paris (REPORTAGE)

Environ 3,7 millions de personnes ont participé à la marche républicaine contre le terrorisme, dimanche dans toute la France, selon les derniers chiffres. Il s'agit d'un record absolu d'une ampleur historique.

Il y aurait eu entre 1,2 à 1,6 million de personnes à Paris depuis la place de la République jusqu'à la place de la Nation. C'est le plus grand rassemblement depuis la libération de la France après la Seconde Guerre mondiale.

L'atmosphère générale au cœur de la marche, très calme, était entre ferveur et recueillement, mêlant des personnes de tout âge et de toute religion, ainsi que des parents avec leurs enfants, des jeunes et des personnes âgées.

A de nombreuses reprises, les manifestants ont applaudi, scandé des messages tels que "Charlie !", "Liberté d'expression!" et ont entonné la Marseillaise, hymne national de la France. Crayons, drapeaux français, bougies, banderoles avec les slogans "Je suis Charlie" et "Not afraid", ainsi que des caricatures de Charlie Hebdo en étendards, tout autant de symboles pour exprimer la solidarité, l'indignation et l'attachement viscéral de tout un pays à la liberté d'expression.

Les forces de l'ordre, bien sûr très présentes, ont été applaudies par la foule de manifestants qui passaient devant eux, et lorsqu'un véhicule de police fendait la foule, c'est une haie d'honneur qui lui était faite.

Joséphine, lycéenne de 17 ans, a expliqué être venue "pour montrer que je n'avais pas peur, pour prouver que la solidarité est puissante et surtout pour rendre hommage aux victimes".

Pour elle, l'annonce de l'attaque contre Charlie Hebdo lui a donné "envie de vomir". Joséphine avoue avoir été si choquée en l'apprenant qu'elle n'a réalisé que plus tard : "En rentrant chez moi j'ai pris conscience des dégâts, du message et de la menace qui pesait sur nous".

Pour Stéphane, informaticien de 57 ans qui est de la génération Cabu (dessinateur de Charlie Hebdo assassiné) : "c'est une partie de ma jeunesse qui a été assassinée mercredi".

Pour Francine, professeur de 56 ans, participer à cette grande marche était une évidence : "Je suis venue au nom de la République, de la liberté et au nom de l'Europe et de la démocratie dans le monde", ajoutant que "je suis venue en famille, avec mon mari et mes enfants et avec mes amis car être ensemble aujourd'hui est important pour moi".

Sur de nombreux visages, on a vu couler quelques larmes et l'émotion transcendait cette foule immense, "sans précédent", selon le ministère de l'Intérieur.

La dimension diplomatique de cette grande manifestation est également historique avec la présence d'une cinquantaine de chefs d'Etat et figures politiques internationales qui ont pris part à la marche pendant une trentaine de minutes.

En effet, ont marché en tête de cortège aux côtés du président de la République François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, le président du Conseil italien Matteo Renzi, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président du Conseil européen Donald Tusk.

Etaient aussi présents les chefs de gouvernement danois Helle Thorning-Schmidt, belge Charles Michel, néerlandais Mark Rutt, grec Antonis Samaras, portugais Pedro Passos Coelho, tchèque Bohuslav Sobotka, hongrois Viktor Orban, letton Laimdota Straujuma, bulgare Boïko Borisov, croate Zoran Milanovic, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, ainsi que le président roumain, Klaus Iohannis.

Il y avait également le ministre des Affaires Etrangères du Liban Gebran Bassil, le roi de Jordanie Abdallah II, et, fait extraordinaire, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas, etc.

Les familles des victimes et les journalistes survivants de Charlie Hebdo étaient également présents. Patrick Pelloux, chroniqueur de Charlie Hebdo qui fut un des premiers à arriver sur les lieux de l'attaque au siège du journal satirique, s'est effondré en larmes dans les bras du président français François Hollande.

Cette mobilisation hors-normes a dépassé les frontières de la France puisqu'à Londres, Madrid, Berlin, Tokyo, Bruxelles, Vienne, Ottawa, Johannesburg, New York ou encore Washington, des milliers de personnes se sont rassemblées ce dimanche en hommage aux victimes des attaques terroristes en France.