Grande marche républicaine à Paris en l'honneur des victimes du terrorisme

Plusieurs dizaines de dirigeants du monde entier ont rejoint une foule de plus d'un million de citoyens français dans les rues de Paris dimanche pour ce qui a été qualifié par les observateurs de « symbole d'unité » contre la montée du militantisme islamiste en Europe.

Le président français François Hollande et les chefs d'État d'Allemagne, d'Italie, d'Israël, de Turquie, de Grande-Bretagne et des territoires palestiniens, entre autres, sont partis de la place de la République devant une mer de drapeaux français et d'autres pays. Des lettres géantes accrochées à une statue sur la place énonçaient le mot « Pourquoi ? » et de petits groupes ont chanté l'hymne national, La Marseillaise.

Quelque 2 200 policiers et soldats patrouillaient les rues de Paris pour protéger les marcheurs d'éventuelles attaques. Des tireurs d'élite de la police étaient placés sur les toits et des policiers en civil s'étaient mêlés à la foule. Les égouts de la ville ont été fouillés avant la manifestation et les stations de métro le long du parcours ont été fermées.

Cette marche, qui pourrait être la plus grande des temps modernes à Paris, a montré le choc provoqué par la pire attaque islamiste dans une ville européenne en neuf ans.

Pour la France, ce drame a soulevé des questions sur la liberté d'expression, la religion et la sécurité, et au-delà des frontières françaises, il a exposé la vulnérabilité des États à des attaques urbaines.

« Paris est aujourd'hui la capitale du monde. Le pays tout entier va se lever vers ce qu'il a de meilleur », a déclaré François Hollande.

Dix-sept personnes, dont des journalistes et des policiers, ont perdu la vie au cours des trois jours de violence qui ont commencé avec une fusillade dans les bureaux du magazine satirique Charlie Hebdo mercredi et se sont terminés avec une prise d'otages dans un supermarché casher vendredi. Les trois hommes armés ont également été tués.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a organisé une réunion dimanche matin avec ses homologues de toute l'Europe, notamment la Britannique Theresa May, pour discuter des mesures de contre-terrorisme à prendre après l'attaque visant Charlie Hebdo.

Le procureur général américain Eric Holder a annoncé après la réunion que le président des États-Unis Barack Obama invitera ses alliés à une réunion sur la sécurité le 18 février à Washington.

Zhang Shengjun, professeur de sciences politiques internationales à l'Université normale de Beijing, a estimé que cette marche, la plus grande manifestation publique contre le terrorisme depuis des années, constituait un symbole politique pour l'unité européenne contre le terrorisme et l'extrémisme.

« Suite à l'attaque visant Charlie Hebdo, la communauté européenne a pris conscience que la menace terroriste est plus proche que jamais. Ce rassemblement a servi de réconfort psychologique en exprimant la solidarité de tous contre les attaques terroristes », a déclaré M. Zhang.

L'espoir est aussi que ce rassemblement convainque l'opinion publique d'ouvrir la voie à de futurs amendements des lois relatives à la lutte contre le terrorisme et à l'immigration, a-t-il ajouté.

Wang Guoxiang, expert de la lutte antiterroriste à l'Académie des sciences sociales de Beijing, a déclaré que le niveau élevé de confiance entre les alliés de l'UE rendra plus efficaces les efforts et le partage de renseignements, mais il demeure sceptique quant aux éventuels bénéfices supplémentaires qu'un tel rassemblement ou sommet pourrait entraîner.

« Ces événements [la marche et la réunion] ne sont qu'accessoires. Ils ne résoudront pas les vrais problèmes auxquels l'Europe est actuellement confrontée, tels que l'immigration et la montée des groupes terroristes du Moyen-Orient », a déclaré M. Wang dimanche.

Pour empêcher l'infiltration croissante de l'extrémisme et du terrorisme en Europe, les gouvernements doivent aborder les problèmes sociaux et économiques plus profonds des immigrants, a-t-il jugé.

Une vidéo révélée dimanche montre un homme qui semble être le preneur d'otages tué dans le supermarché casher. Il y déclare son allégeance au groupe insurgent de l'État islamique et exhorte les musulmans français à suivre son exemple. Une source de la police antiterroriste française a confirmé qu'il s'agissait bien du tueur, Amedy Coulibaly, s'exprimant avant l'attaque.

La police française a lancé une recherche à grande échelle de Hayat Boumeddiene, la compagne âgée de 26 d'Amedy Coulibaly, en alertant le public qu'elle pourrait être « armée et dangereuse ».

Cependant, une source a déclaré qu'Hayat Boumeddiene a quitté la France la semaine dernière et s'est rendue en Syrie en passant par la Turquie. Un haut fonctionnaire turc a confirmé qu'elle était passée par Istanbul le 2 janvier.

M. Wang a également noté que la faiblesse des contrôles aux frontières entre les pays européens a rendu le continent vulnérable, car les terroristes peuvent se déplacer librement.

« Cette attaque pourrait déclencher une réaction en faveur de la droite en Europe », a observé M. Wang, en ajoutant que l'économie mondiale atone est aussi susceptible de déclencher une vague anti-immigration sur le continent européen, et les communautés d'immigrants pourraient être accusées des problèmes sociaux et économiques de l'Europe.

Dimanche, les bureaux du journal allemand Hamburger Morgenpost ont fait l'objet d'un incendie criminel. Deux suspects ont été arrêtés.

Le Hamburger Morgenpost avait republié des caricatures du magazine satirique français Charlie Hebdo après l'attaque meurtrière qui a eu lieu mercredi à Paris.

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