Derrière le dilemme du Mistral, une crise ukrainienne à résoudre

Par : Vivienne |  Mots clés : France,Mistral,Russie
French.china.org.cn | Mis à jour le 26-11-2014

Derrière le dilemme du Mistral, une crise ukrainienne à résoudre

Ces derniers jours, malgré l'accord Minsk toujours en vigueur, les coups de feu résonnent encore dans l'est de l'Ukraine orientale et le président du pays s'est dit prêt à une « guerre totale ». Non seulement l'accord n'a pas été mis en œuvre, la situation en Ukraine semble prendre une direction de plus en plus dangereuse. Les principales forces derrière l'accord de Minsk, l'UE et la Russie, ne souhaitent pas voir la crise s'étendre. La Russie et l'Europe, fatiguées par cette crise, auraient pu parvenir à une entente sur l'Ukraine, mais les États-Unis ont poussé l'Europe à agir contre la Russie. La France s'est retrouvée dans une situation délicate, en devant décider si elle livrait ou non à la Russie un navire porte-hélicoptères d'assaut amphibie Mistral. Cette situation illustre en microcosme toute l'attitude de l'Union européenne envers la Russie.

Le problème français du Mistral

En janvier 2011, lorsque le gouvernement russe a signé un contrat d'une valeur de 1,5 milliard de dollars pour deux navires Mistral, la France ne s'attendait certainement pas à ce que cette affaire devienne un véritable casse-tête. Selon les termes du contrat, le premier Mistral devait être livré à la partie russe le 14 novembre 2014. Toutefois, en raison des relations rendues difficiles entre l'Occident et la Russie par la détérioration de la situation en Ukraine, la France a été soumise à la pression de ses alliés occidentaux au moment prévu pour le transfert de ce navire de guerre. Les Français n'avaient pas du tout tablé sur un refroidissement des relations entre l'Occident et la Russie : encore en juillet 2014, le président français François Hollande avait affirmé que la livraison aurait lieu comme prévu. Mais quelques mois plus tard, lors du sommet du G20 à Brisbane, lorsqu'il a été interrogé sur le Mistral, le président Hollande a corrigé ses propos en disant que la France n'avait pas encore déterminé quand aurait lieu la livraison, et que la décision serait prise « en dehors de toute pression ».

La Russie avait précédemment annoncé qu'elle réclamerait des indemnités pouvant aller jusqu'à 290 millions d'euros en cas de rupture de contrat par la France. Tiraillée entre ses alliés et la somme colossale du contrat, la France a vu ce dossier devenir une « patate chaude », pour reprendre le terme des médias français.

Signes de fatigue dans la confrontation russo-européenne

C'est ainsi qu'au sommet du G20, alors que les pays occidentaux s'unissaient pour « dénoncer » la Russie marginalisée, le président russe Vladimir Poutine a déclaré aux journalistes qu'il ne souhaitait pas que la situation se complique davantage. Les sanctions occidentales ont mis la Russie face à une énorme pression économique, ce qui a d'une part renforcé la volonté et l'esprit national du peuple russe, tout en poussant le pays à faire des efforts pour se réconcilier avec l'Europe en faisant quelques compromis.

L'UE trouve de son côté inacceptable que la crise ukrainienne mette en péril sa reprise économique. L'UE n'est pas seulement dépendante du gaz naturel de la Russie, l'économie de la région est aussi étroitement liée à son voisin russe. Avant même que les sanctions ne soient mises en œuvre, de nombreux agriculteurs européens avaient été affectés par la crise, ce qui a également contribué à la récente réunion infructueuse du Conseil de l'Europe. Le 18 novembre, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier s'est rendu à Moscou pour parvenir à un consensus avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et résoudre la crise ukrainienne dans le cadre de l'accord de Minsk.

En effet, l'Europe et la Russie sont conscientes qu'en tant que voisines de l'Ukraine, la poursuite ou l'aggravation de la crise aurait un impact direct sur elles, et qu'un compromis est nécessaire. C'est pourquoi cette opposition constante donne lieu à des signes de fatigue.

Les États-Unis veulent être sur le devant de la scène

En contraste frappant avec l'Europe et la Russie se trouvent les États-Unis. Qu'il s'agisse de faire pression pour des sanctions contre la Russie ou pour l'annulation de la livraison du Mistral, les États-Unis gèrent dans les coulisses la géopolitique de l'Ukraine. Lorsque l'UE a commencé à montrer des signes de fatigue, les États-Unis ont sauté sur le devant de la scène pour encourager la confrontation entre l'Occident et la Russie. Le 21 novembre, le vice-président américain Joe Biden s'est rendu en Ukraine. Juste avant sa visite, le gouvernement ukrainien avait annoncé sans ambages être prêt à une guerre contre « l'invasion russe ». Début avril, le gouvernement ukrainien avait commencé à déployer des milices dans l'est du pays, juste à temps pour accueillir Joe Biden à Kiev. Aux États-Unis, des voix se sont élevées pour fournir des armes létales à l'Ukraine. En aidant militairement l'Ukraine, les États-Unis ne vont-ils pas provoquer une guerre totale ? Seul l'avenir le dira.

 

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