Burkina Faso : la situation politique prend un autre tournant aprèsl'annonce d'un référendum (ANALYSE)
Au pouvoir depuis 27 ans, le président du Faso, Blaise Compaoré, empêché pour l'instant par la Constitution de se représenter en 2015, a annoncé mardi la tenue d'un référendum pour modifier la constitution.
Cette décision relance les débats déjà houleux entre pouvoir et opposition sur une nouvelle candidature de M. Compaoré.
La décision du gouvernement d'aller au referendum intervient après l'échec du dialogue politique qu'avait initié le président Compaoré pour désamorcer cette crise, dans laquelle l'opposition et la majorité n'avaient pas réussi à s'entendre sur le contenu du dialogue, et notamment sur le sort à réserver aux points de désaccord comme la modification éventuelle de l'article 37 ou la mise en place du Senat.
En vertu de la loi burkinabé, outre le référendum, la révision de la Constitution est possible par voie parlementaire, avec le vote de trois-quarts des 127 députés.
Ablassé Ouédraogo, député à l'Assemblée nationale et président du parti "Le Faso Autrement" (opposition), a juré que l'opposition fera tout pour empêcher les partisans de M. Compaoré d'obtenir la majorité simple, qui lui permetterait de faire passer le texte.
C'est-à-dire les 64 députés sur les 127 que compte le parlement Burkinabè.
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de M. Compaoré dispose de 70 députés et 11 autres députés issus de la mouvance présidentielle dont ceux de l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) qui d'être pour le référendum mais contre la modification de l'article 37 de la constitution.
Malgré sa majorité à l'Assemblée nationale, le parti au pouvoir, qui avait enregistré début janvier une série de démissions de ses ténors, avant la création du Mouvement pour le peuple et le progrès (MPP, opposition), doit jouer la carte de la prudence.
"Aujourd'hui personne n'est moins sûr de ce que l'Assemblée peut donner au niveau des votes", a estimé M. Ouédraogo, qui confie que des députés du CDP seraient favorables au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
M. Ouédraogo a, par ailleurs, rappelé qu'il faudrait d'abord au gouvernement de franchir la limite du temps, car le règlement intérieur de l'Assemblée indique qu'il faut déposer les projets de loi dans les 30 jours qui suivent l'ouverture de la session.
Quelques heures après l'annonce du projet de loi par le gouvernement, une vingtaine d'associations de la société civile a indiqué lors d'un point de presse que "tout sera mis en oeuvre pour contrer la tenue d'un référendum pour modifier l'article 37 de la Constitution".
Pour le politologue, Siaka Coulibaly que nous avons contacté par téléphone, "l'annonce de la réforme vient compliquer la situation politique du pays", ajoutant que cette nouvelle donne va plonger sans doute le pays dans une situation de trouble. F
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